La venue du rappeur milliardaire à Paris pour la semaine de la mode n’est pas passée inaperçue. Alors qu’il inaugurait la nouvelle collection de sa marque de vêtements YZE, Kanye West s’est affiché avec un tee-shirt sur lequel était inscrit « White Lives Matter » (littéralement : la vie des Blancs compte). De quoi entériner le virage conservateur de l’artiste américain et réaffirmer, sur le devant de la scène culturelle, une thématique de plus en plus chère au parti républicain : les discriminations anti-Blancs.

Kanye West aux côtés de Candace Owens : soutien culturel pour la droite américaine

Le rappeur évangélique n’en est pas à sa première polémique. En 2018, après avoir apporté un soutien clair et prononcé à Donald Trump, ses propos sur l’esclavage avaient suscité l’ire d’une partie de la communauté afro-américaine. « On entend parler de l’esclavage qui a duré 400 ans. Pendant 400 ans ? Ça ressemble à un choix », avait-il répondu à un journaliste qui l’interviewait sur la condition des Noirs aux États-Unis. Deux ans plus tard, quelques mois avant les élections présidentielles de 2020, Kanye West avait été invité par Donald Trump à la Maison-Blanche et avait pu longuement discuter avec le président. Cette proximité avec Trump lui a été largement reprochée par l’intelligentsia nord-américaine ; faisant dire à la chroniqueuse sur CNN Symone D. Sanders que  « Kanye est la caricature dangereuse d’un Noir "libre-penseur" en Amérique ».

Ce lundi 3 octobre, en visite à Paris pour la Fashion Week, Kanye West a ravivé les polémiques. En plus de son tee-shirt « White Lives Matter », le rappeur a été photographié aux côtés de Candace Owens, une journaliste officiant à PragerU et particulièrement proche des milieux de l’alt-right américaine.

Aux États-Unis, les Blancs de plus en plus inquiets

Un sondage publié en mai 2022 par l’institut Nielsen Scarborough donne le ton : les Blancs américains considèrent que les discriminations faites aux Blancs sont en augmentation dans le pays. Des statistiques qui s’inscrivent dans la lignée d’une autre étude, publiée en août 2021, faisant état d’une inquiétude largement partagée par les supporteurs de Donald Trump sur les discriminations anti-Blancs. Mis en ligne par l’université de Virginie, le sondage indique que « 84 % des Américains qui ont voté pour Donald Trump s’inquiètent des discriminations anti-Blancs » ayant cours aux États-Unis. Selon Statista, en 2020, les Blancs étaient effectivement le deuxième groupe racial, juste après les Afro-Américains, à subir le plus de crimes racistes.

Certaines mesures politiques mises en place par l’administration Biden inquiètent également les Blancs américains.

En mars 2021, nos confrères de Front Populaire mettaient en lumière la mesure explicitement discriminatoire d’un programme d’aide fédérale d’effacement de dettes. S’inscrivant dans le cadre du plan de relance Covid, le programme stipulait que pour en être bénéficiaire, il était nécessaire d’être « socialement désavantagé », ce qui, selon l’article cité du Code des régulations fédérales, signifiait ne pas être blanc.

En janvier dernier, l’État de New York a publié une directive pour les traitements des personnes infectées par le Covid-19. De façon surprenante, il y était inscrit que « la race non blanche ou l'ethnie hispanique/latine doit être considérée comme un facteur de risque en raison d’inégalités sociales et sanitaires systémiques de longue date qui augmentent le risque de maladie grave et de décès dû au Covid-19 ». Une mesure explicitement discriminatoire envers les personnes blanches, donc jugées non prioritaires pour l’accès aux soins du Covid-19. La directive de l’État de New York avait immédiatement fait réagir Donald Trump qui, en déplacement dans l’Arizona, avait scandé devant son public : « La gauche dénigre les personnes blanches en déterminant qui vit et qui meurt ! »

Derrière le tee-shirt de Kanye West se cache la triste réalité d’une Amérique toujours plus crispée sur ses questionnements raciaux. L’Amérique blanche et rurale continue de se sentir délaissée par le gouvernement et attend de pied ferme les élections présidentielles de 2024 où Donald Trump pourrait faire son grand retour à la Maison-Blanche.

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04 octobre 2022 à 17:48

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16 commentaires

  1. C est un fait largement constaté,les noirs américains s’arment de plus en plus. Sans être prophète ou devin, a terme, un affrontement armé entre les deux communautés est presque certain. Il est juste une question,quand? Pas si, ça c’est sûr…

  2. Plutôt que white live matter, je proposerais human life matter, un slogan bien utile pour la défense des trisomiques, et face aux partisans de l’euthanasie et de l’IVG sans conditions.

  3. On sait que toutes les fantaisies (ou turpitudes ?) sociétales made in USA se retrouvent un jour chez nous. Mais dans le cas précis du racisme anti-blanc, ne les a t’on pas précédés, pour une fois ?

    1. Oui , vous avez entièrement raison, on pourrait rajouter la discrimination positive largement usitée des deux côtés de l’atalntique. N’est -elle pas une discrimination, tout court, contre celui qui n’en bénéficie pas ?

  4. Ce n’est vraiment pas notre problème et cela ne doit surtout pas le devenir. Objectivement, le slogan « black lives matter » est un slogan raciste puisqu’il sous-entend que certaines vies compteraient plus que d’autres. Etablir une hiérarchie entre les individus en fonction de leur couleur de peau pourrait être une excellente définition du racisme. Mais dans le racisme également on a établi une hiérarchie, certains racismes seraient absolument intolérables, alors que d’autres seraient bénéfiques et salutaires.

  5. J’ai un jugement beaucoup plus simple. C’est avant tout un commercial. Pourquoi se priver d’une partie de la potentielle clientèle ?

  6. Et que doivent dirent les amérindiens au sujet de ce qu’ils subissent depuis 1492 ? C’est les usa qui se proclament les « gardiens de la bien pensence » et on peut constater que leur action n’est que fracas de toutes les zones où ils sont intervenus … La dernière en date devrait vraiment faire réagir l’ONU: en combien de jours il a fallu effacer leur 20 ans de présence en Afghanistan ? Il serait plus intéressant de donner les chiffres en minutes ou secondes pour avoir l’impression que ces « va-en-guerre » avaient une quelconque influence lors de leur intervention … macron et vonderlayen sont leur serviteur au sein de l’UE … Zelensky leurs emboîte la pas au risque de « tout faire exploser » sur le continent européen

  7. Les États Unis sont un laboratoire de racisme à ciel ouvert et cela va s’empirer dans le future. C’est une certitude parce que contrairement à ceux qui croient que la race ni qu’une affaire de couleur de peau, le problème est plus profond que cela; il est avant tout une différence de dispositions des uns et des autres par rapport à la vie en général. Cela se voit dans les petits comportements au quotidien que la culture accentue ou atténue selon le cas.
    Cela dit, aucune race n’est supérieure ou inférieure sur l’autre mais juste différente
    Je sors un peu du sujet mais le problème du racisme est exclusivement évoqué sous l’aspect de couleur de peau or, ce n’est pas ça qui cause les conflits entre blancs et noirs mais plutôt les comportements qui s y rattachent.
    D’ailleurs des exceptions pourraient exister dans les deux sens quand il y compatibilité d’humeur.

    1. L’Intelligentsia est faite de gens qui croient qu’un Noir est incapable de LIbre-Penser .

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