[Vu de mon terroir] Immigration : à droite, le grand réveil

Bernard Carayon, ancien député du Tarn et maire (LR) de Lavaur, nous livre son analyse de l'actualité, vue de son terroir. 

Enfin, le grand réveil idéologique s’est produit. Le rafistolage, les atermoiements, c’est fini. Les Républicains déposent une première proposition de loi constitutionnelle affirmant la primauté du droit national sur les normes internationales, notamment européennes, quand les « intérêts fondamentaux de la nation » sont en jeu. Seule façon de surmonter le gouvernement des juges, nationaux et européens, qui, en matière d’immigration, ont détricoté méticuleusement les instruments étatiques de régulation de l’immigration. Cette législation nouvelle permettra de consulter les Français par référendum, d’élever au rang constitutionnel le principe d’assimilation qui ne figure qu’au Code civil et de donner au Parlement les moyens de réviser la politique d’asile, massivement violée sans grande protestation.

Une deuxième proposition de loi – cette fois ordinaire – a pour vocation de durcir le regroupement familial, restaurer le délit de séjour irrégulier (supprimé par François Hollande) et la double peine (supprimée par Nicolas Sarkozy), abroger l’aide médicale d’État (hors urgence sanitaire), caler les aides au développement et la délivrance de visas à l’aune du nombre de visas consulaires accordés par les États étrangers à « nos » expulsés, rendre inaccessible la nationalité française à un enfant né en France de parents ayant violé la réglementation sur les entrées, conditionner la protection sociale à cinq ans de présence, sans délits ni crimes commis, bien sûr.

Déroger aux traités européens ? Quelle horreur ! C’est bien pourtant ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy avec son plan de soutien aux banques durant la crise financière de 2008. Et c’est en dérogeant, cette fois, aux accords de Schengen qu’Emmanuel Macron avait fermé nos frontières - le dernier en Europe - lors de l’épidémie du Covid.

La gauche – macroniste ou non – s’étouffe de rage. Un quotidien du soir souligne la « radicalisation » du parti de droite. Le RN revendique ses droits d’auteur alors que sa candidate n’a consacré sa campagne présidentielle qu’à la défense du pouvoir d’achat. Parfait, c’est très bon signe. Chacun, à l’Assemblée, prendra ses responsabilités devant les Français : une très très grande majorité exige l’arrêt de l’immigration massive. Pas seulement les Français « de souche » : chez moi, à Lavaur, petite cité occitane de 12.000 habitants, mes copains kabyles, artisans plombiers et amateurs de rugby comme de charcuterie, ne sont pas les derniers à exploser de rage devant les dégâts de la politique d’immigration menée depuis dix ans….

Dans notre établissement pénitentiaire pour mineurs, la quasi-totalité des incarcérés présentent des caractéristiques communes : immigrés ou enfants d’immigrés. On peut diverger sur les racines de ces situations, s’interdire toute « essentialisation », mais les faits sont têtus. La surreprésentation des immigrés dans la population carcérale, le chômage, le trafic de stupéfiants comme la délinquance ou la violence de rue sont anciens, authentifiés par les services de l’État, connus de tous les acteurs publics, ressentis par tous les Français. Idem pour les fraudes sociales : la Cour des comptes rapporte que 400.000 pensionnés à l’étranger « ne remplissaient pas les conditions de l’ouverture de droits à l’assurance maladie ». L’affaissement du niveau scolaire, les revendications identitaires par le costume, les menus des cantines et les protestations quand il s’agit de rendre hommage aux victimes du Bataclan ou à Samuel Paty, l’engorgement des urgences hospitalières et des maternités dans les métropoles urbaines et à Mayotte renvoient l’État aux responsabilités qu’il ne sait ni ne veut exercer.

Tout cela est connu, et tu le plus souvent. Quand Tariq Ramadan vient en 2010, à Graulhet, faire une conférence (où femmes et hommes ne se mélangent pas), je suis le seul, dans le Tarn, à protester. Quand le rappeur islamiste Médine se produit sur la scène nationale d’Albi, sa municipalité philippiste est aux abris, et quand, dans une vidéo, il lance en sifflotant des fléchettes sur ma pomme et celle d’un député du Tarn, nul élu ne s’associe à nos plaintes, fût-ce par un message de fraternité républicaine.

Un silence hypocrite du côté de la gauche

Ceux qui se taisent, ceux qui considèrent encore l’immigration comme une chance, ne connaissent, à vrai dire, celle-ci que sous les traits de leur femme de ménage ou de celui qui, à l’aurore, va vider leur poubelle.

Ils se parent de vertu en louant le « vivre ensemble » mais jamais leur cœur ne s’ouvre aux misères françaises, fussent-elles d’origine étrangère.

Pourquoi un tel mélange d’hypocrisie, de cécité et de lâcheté ?

Pourquoi ne peut-on traiter la question de l’immigration sans haine ni complaisance ? Pourquoi certains font-ils semblant d’aimer ceux dont les enfants ne joueront jamais avec les leurs ?

La responsabilité de la gauche est historique. Je sais que je serai lu par des amis de ce camp-là dont je ne remettrai jamais en cause l’honnêteté de leur engagement. Chaque « partisan » est porté par des figures mythiques (Jaurès, Blum, Mendès France et Mitterrand pour les uns, Napoléon, de Gaulle et Pompidou pour les autres), par des pages d’Histoire, des élans collectifs qui sont respectables quand ils sont soumis à l’intérêt général, c’est-à-dire national.

Mais la gauche est paradoxale et excelle dans l’art du maquillage. Elle a forgé la politique coloniale au nom des grands principes universalistes de 1789. Puis elle a soutenu les mouvements révolutionnaires de la décolonisation. Ses enfants ont dormi sous le portrait du « Che », aimable tortionnaire et macho de la pire espèce. Puis elle a été confrontée à l’exercice du pouvoir et au désastre de ses premiers pas en économie : tournant libéral, grande marche vers l’Europe, il fallait bien, en contrepartie du désespoir de Billancourt, donner des gages à son armature trotskiste, à l’histoire violente* mais à la formation intellectuelle et une capacité d’entrisme de qualité.

Ce fut le travail de SOS Racisme dont un des dirigeants, issu de ces milieux, vécut au crochet des enveloppes de l’Élysée, un travail que résuma François Mitterrand : « Les étrangers sont ici chez eux. »

L’intérêt tactique enrichissait le discours sans-frontiériste : fracturer les droites en excitant le FN, après l’avoir ostracisé. Un travail d’orfèvre.

Le terrorisme islamique a fait bouger les frontières : Hollande évoqua devant des journalistes le risque de « partition », Valls celui de « guerre des civilisations », Collomb, en quittant le ministère de l’Intérieur, évoqua le glissement du « côte à côte » au « face à face ».

Mais rien n’y fait, ceux qui dominent le débat, à gauche, sont d’extrême gauche : promoteurs de la « créolisation » avec Mélenchon (une approche racialiste et antirépublicaine), procureurs de l’État comme de l’Histoire française avec Plenel, avocats des minorités (ou des diversités) non pour ce qu’elles ont fait par leurs talents et leurs efforts mais par ce qu’elles sont - des victimes éternelles. La minorité harki n’entre pas, évidemment, dans ce club, comme la traite négrière arabo-musulmane qui dura, dans des conditions monstrueuses, décrites par Tidiane N’Diane (Le Génocide voilé, Folio, 2017), quatorze siècles, est soigneusement occultée.

Malheur à celui qui dénonce le problème ou souligne des contradictions dissimulées sournoisement. Car la pensée de gauche ne reconnaît pas de critère de vérité qui lui soit extérieur : « l’immigration est une chance » : voyez Zidane !

À droite, un manque de courage

Face à elle, la droite a été souvent tétanisée. « La peur de ne pas paraître assez à gauche est la maladie honteuse des démocraties », écrivait André Tardieu, dans l’entre-deux-guerres. La crainte d’être assimilée à l’extrême droite, renvoyée aux heures sombres de l’Histoire, selon la formule automatique… Ce n’est quand même pas la droite qui était réunie pour dîner à Latche avec René Bousquet, l’organisateur de la rafle du Vel' d’Hiv' ! Une élue communiste de Lavaur me traita, lors d’un conseil municipal, de « nazi ». Je la fis, bien sûr, condamner. L’aurais-je traitée de « bolchevique », je ne l’eusse pas été. Le ministre de la Culture fait peser des menaces sur l’avenir de CNews. L’extrême gauche censurerait allègrement Valeurs actuelles, Causeur et Boulevard Voltaire. Mais partout, des élus, des citoyens, des écrivains, des journalistes relèvent le drapeau. Eux ne mettront pas un genou à terre.

Je sais combien l’électorat de droite a été échaudé, dans le passé. Mais ce que viennent de faire Éric Ciotti, Olivier Marleix et Bruno Retailleau relève d’un réveil sincère et courageux de la conscience nationale. Défendre notre identité et nos intérêts, traiter chacun, Français comme étranger, selon ses mérites et son attachement à notre cher et vieux pays, à son Histoire, ses valeurs et ses règles. « À Rome, fais comme les Romains ! »

Un ancien et courageux éditorialiste du Figaro se moque un peu de nous, parce que « nous aurions découvert la Lune ». Non. Selon la formule de Mitterrand, puisée dans le roman d’Henri Béraud (Le Bois du templier pendu, les Éditions de France, 1926) qu’il avait, m’avait-il confessé, beaucoup aimé, « il faut laisser le temps au temps ».

Je crois, surtout, qu’il faut, entre nous, éviter les procès en repentance que nous n’acceptons pas pour notre pays. Et passer de la colère au bar de la marine au rassemblement joyeux des Français quelles que soient leurs origines et leurs combats passés.

*La Ligue communiste a été dissoute en 1973 par Raymond Marcellin, ministre de l’Intérieur.

Bernard Carayon
Bernard Carayon
Maire de Lavaur (Tarn), ex-député du Tarn, avocat

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Cher Monsieur Carayon,
    Je suis absolument d’accord avec tout ce que vous dites. Mais je ne suis plus chez les LR, je soutiens Reconquête, le parti d’Éric Zemmour. Avec les idées qui sont les nôtres, comment pouvez-vous vous revendiquer d’un parti qui a porté Emmanuel Macron à l’Élysée au deuxième tour de la Présidentielle ? Ce qu’il a fait ensuite (Pap Ndiaye, se coucher devant l’islamisme, l’inaction, la dégradation de notre image en politique internationale, j’arrête là je n’ai pas de temps à gaspiller, vous savez de quoi je parle…), c’est grâce entre autres à votre parti. Qui a investi pour cette élection présidentielle quelqu’un qui avait quitté votre parti parce qu’elle le jugeait trop à droite ?
    Je comprends que vous ne vouliez pas trahir vos électeurs qui ont voté LR mais à l’issue de votre mandat, avec les idées que vous professez aujourd’hui, rejoignez le parti qui n’ a pas peur de vouloir faire gagner la France !

    • Espérons que beaucoup d’élus LR finiront enfin par quitter cette droite molle aux atermoiements stériles qui n’hésite pas à trahir ses électeurs.

  2. La France avait dit non et Sarkozy à dit oui. L’UE c’est un cancer (voulu) et la france disparaitra. Il n’y a pas que lui puisque c’est depuis plus de quarante an que ce processus est en route. Alors les initiatives LR, laissez moi rigoler (jaune).

  3. L’initiative des Républicains est opportune quoiqu’insuffisante. Il faudrait supprimer le droit du sol !
    Mais elle ne sera jamais votée. La NUPES et Renaissance seront contre ! C’est pour occuper le terrain.

  4. « Et passer de la colère au bar de la marine au rassemblement joyeux des Français quelles que soient leurs origines et leurs combats passés. »
    Comme vous avez raison !
    Mais le problème est encore plus grave car il n’y a plus de colère au bar de la marine et j’ai bien peur que le bar de la Marine ait lui-même disparu.

  5. Trés bien dit et très bien argumenté , merci Monsieur le Maire.
    J’ajoute simplement qu’il est curieux , voire amusant , de voir la gauche qui « bouffait du curé » au début du siècle dernier , se coucher devant les musulmans qui sont bien plus dangereux que les chrétiens pour notre démocratie.
    Lislam a toujours voulu nous conquérir , il a une vocation de domination planétaire comme le communisme jadis.
    C’est une spiritualité , mais aussi un code de lois (la charia) et un mode d’organisation politique (la théocratie).
    il a échoué dans sa conquête militaire , il est en train de réussir avec l’immigration et l’aide de nos idiots utiles drapés dans leurs principes et leur humanisme dévoyé.

  6. Je ne comprends pas pourquoi tous ces émigrés musulmans ne restent pas sur le continent africain alors qu’il y a tant de pays musulmans qui pourraient les accueillir? Seraient-ils encombrants?

  7. Ils ne sont que des traîtres ! alors les français seraient irresponsables de leur faire confiance ! rappelez-vous le traité de Lisbonne qui a cocufié 55 % des électeurs de 2005 , le fameux karcher dont on attend toujours la réparation … rire … et plus récemment le vote contre la motion de censure qui aurait pu clarifier la situation .

  8. J’ai lu les commentaires . Tout est dit. Rien à ajouter. J’ai bien peur qu’il faille quelques décennies pour retrouver notre FRANCE….

  9. Les LR font parler d’eux, si, si, ou du moins de ce qu’il en reste deux, puisque nombre d’entre eux on rejoint LREM-Renaissance, ou vote avec le parti présidentiel les lois présentées par ce dernier, et enfin, que leur ancienne Star, le fameux Sarko, et de fait le premier ministre de l’ombre de Macron, bracelet électronique ou pas.

  10. Excellent.
    Mais la gauche est paradoxale et excelle dans l’art du maquillage. Le deuxième réacteur de la gauche. Après le « progrès »
    Manque juste ici l’aveuglement de Herriot : « J’ai traversé l’Ukraine. Eh bien! je vous affirme que je l’ai vue telle un jardin en plein rendement, un beau jardin aux terres noires et grasses que couvraient, sur des étendues considérables, des moissons magnifiques. On assure, me dites-vous, que cette contrée vit à cette heure une époque attristée. Je ne peux pas parler de ce que je n’ai pas vu. Pourtant, je me suis fait conduire dans les endroits qu’on disait éprouvés. Or je n’ai constaté que la prospérité. Un peu partout on battait avec ardeur à la batteuse électrique. »
    Manque aussi les complaisances et les complicités des communistes avec les pires des staliniens, des maoïstes et des khmers rouges.

  11. On peut se féliciter de l’initiative de LR et espérer qu’elle soit menée jusqu’au bout mais il faut rappeler tout de même que LR, l’UMP et le RPR, n’ont jamais rien fait depuis 1978 pour mettre un terme à ce fléau. Bien au contraire, la droite, depuis les années 1960 a toujours fait ce qu’il fallait pour satisfaire les exigences du patronat, lequel a toujours demandé plus d’immigrés. L’expérience danoise a-t-elle donné des idées aux dirigeants de LR ? Ont-ils compris que ce n’est pas en insultant et en diabolisant ceux qui dénoncent l’immigration qu’on peut les faire disparaître du paysage politique mais au contraire en mettant réellement un terme à l’immigration ?
    Ceci dit, la proposition de LR reste très en deçà de ce que font les sociaux-démocrates danois. LR n’envisage pas de supprimer le droit du sol et envisage des quotas d’immigration (le patronat en veut encore) alors que 74% des Français pensent qu’il y a trop d’étrangers en France, ce qui signifie que non seulement il faut arrêter d’en laisser entrer mais qu’en plus, il faut renvoyer tout ceux qui n’ont rien à faire chez nous.
    Encore un effort camarades !

  12. QUI peut encore croire les LR après avoir vu nombre de ses élus retourner leur veste vers la gauche. Ce semblant de vouloir lutter contre l’immigration c’est uniquement pour se replacer en nombre d’élus, en vue des européennes. Mais une fois les élections passées, ils retomberons dans leurs travers de la droite molle et oublierons le souhait de leurs électeurs et la nécessité de passer à l’acte.

  13. Bien, tout cela est alléchant, cependant « chat échaudé craint l’eau froide », il est urgent de ne pas se presser, NOUS, peuple Français, attendons des ACTES.

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