Viol à Lille : simple « fait divers », pour Ersilia Soudais (LFI)

Un tweet malheureux, maladroit ou parfaitement cynique ? Ce 26 août, interpellée sur son absence de réaction après le terrible viol d’une femme, à Lille, par un Guinéen, Ersilia Soudais, députée de La France insoumise de Seine-et-Marne, commente seulement : « Je suis députée, pas responsable de la rubrique faits divers. » Dix mots et aucune marque de soutien ni de compassion pour la victime de cette agression sexuelle. La publication de la députée soulève alors une vague d’indignation sur X. « Déclaration épouvantable, écrit Laure Lavalette, députée RN. Soutien affectueux à la victime et à toutes les femmes qui souffrent de ces agressions. Nos vies ne sont pas des faits divers. » « Ce tweet me fait mal au cœur, réagit, de son côté, l’ancienne Femen Marguerite Stern. On parle d’une femme violée. Respectez les victimes. »

Je suis députée, pas responsable de la rubrique Faits Divers.

— Ersilia Soudais (@ErsiliaSoudais) August 26, 2024

Vif échange avec le collectif Némésis

Le tweet « épouvantable » d’Ersilia Soudais s’inscrit dans un long échange avec le collectif Némésis, groupe féministe identitaire. Tout commence ce 25 août, lorsque la députée partage sur ses réseaux sociaux un extrait de son intervention aux universités d’été de La France insoumise. Invitée à parler de son combat contre l’extrême droite, la députée s’est alors attaquée à l’association féministe, régulièrement critiquée par les élus de La France insoumise. « Le collectif Némésis n’est pas un allié des femmes, dénonce-t-elle. Il utilise uniquement le féminisme pour nourrir le racisme. » La réponse de l’association ne se fait pas attendre. « Nous n’avons pas de leçons de féminisme à recevoir d’une groupie du Hamas qui se tait systématiquement quand les agresseurs font partie de ses électeurs », écrit le collectif, sur X. Alice Cordier, porte-parole de l'association, contactée par BV, nie par ailleurs les accusations de racisme, études et chiffres à l'appui : « Au sein de l’association, nous avons toujours fait très attention à dénoncer toutes les violences. Cela demande une importante veille médiatique - nous avons un salarié qui s’en charge - afin de mettre en avant toutes les agressions faites aux femmes sans distinction d’origine, de religion ou de couleur de peau des agresseurs. » « En revanche, précise-t-elle, nous nous sommes rendu compte qu’il y a bien, dans l’espace public, une surreprésentation des personnes étrangères dans les mis en cause. C’est factuel. »

Indignation à géométrie variable

Dans la foulée, le collectif Némésis, qui a l’habitude de médiatiser et de dénoncer différentes affaires d’agressions sexistes et sexuelles, saisit l’interpellation de la députée pour relayer et s’indigner du viol commis par un Guinéen, entré sur le sol français avec un visa étudiant, sur une jeune femme dans les rues de Lille. Les militantes précisent que « jamais » nous ne verrons cette information « chez Ersilia Soudais et ses amis de LFI ». C’est alors que l’insoumise ose parler de simple « fait divers » pour justifier son silence sur cette affaire. « Je trouve ça scandaleux qu’une députée puisse balayer cette affaire d’un revers de main alors qu’on parle du viol d’une jeune femme !, s’indigne Alice Cordier. Je trouve ça scandaleux qu’elle puisse avoir autant de mépris pour les femmes qui sont victimes de violences. » « Quand les agresseurs sont issus de l’immigration, alors, les victimes n’intéressent pas Mme Soudais. Quand ce sont des policiers qui se font lyncher au sol par des jeunes des quartiers, ça n’intéresse pas Mme Soudais… C’est toujours à géométrie variable. Mme Soudais et La France insoumise choisissent leurs victimes en fonction de leur électorat », regrette Alice Cordier.

En effet, contrairement à ce qu’elle semble affirmer, Ersilia Soudais, habituée des polémiques, n’hésite pas à relayer certains « faits divers » quand ceux-ci servent sa cause. Mort de Nahel, soutien à la famille d’un jeune décédé après un refus d’obtempérer, dénonciation d’un « féminicide négrophobe »… Ses réseaux sociaux regorgent, en réalité, de publications indignées sur l’actualité. Mais les viols de femmes par des agresseurs étrangers sont, eux, passés sous silence. Hasard électoral ?

Droit de réponse de Madame Ersilia Soudais

« Le collectif Némésis est un groupuscule d’extrême-droite qui instrumentalise le féminisme à des fins racistes et particulièrement islamophobes.

Son absence de sororité est illustrée par le comportement de sa directrice, Madame Alice Cordier, qui avait révélé sur la plate-forme X le fait que je sois victime dans une affaire de viol.
En terme de féminisme, on peut faire mieux.
Je n’ai donc aucune leçon à recevoir de ce groupuscule en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles subies par les femmes.

Ma solidarité est totale envers les femmes qui subissent ce type de violences, dont les bourreaux la plupart du temps sont issus de leur entourage et non de lointains étrangers, contrairement à ce que tente de faire croire le collectif Némésis.

Mon rôle en tant que députée n’est pas d’être chroniqueuse pour une rubrique faits divers, mais bien d’œuvrer politiquement à ce que la loi évolue pour permettre à l’ensemble des femmes de s’émanciper du patriarcat et des violences qu’il génère. »

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