Les frères Gallagher reforment le groupe Oasis

Voilà longtemps que le rock est donné pour mort, même s'il renaît régulièrement de ses cendres, tel le phénix. Dernière résurrection en date ? Celle du groupe Oasis, annoncée ce mardi 27 août, avec la perspective d’une tournée censée sillonner l’Angleterre, ce pays qui les a vus naître. L’historique de cette formation pas tout à fait comme les autres mérite qu’on s’y arrête. À son origine, deux frères : Liam et Noel Gallagher, issus d’une famille prolétaire de Manchester. Thomas, le père, alcoolique invétéré, bat ses deux fils comme si sa vie en dépendait, avant d’abandonner le foyer conjugal. Des schémas familiaux que Noel, l’aîné, né en 1967, reproduit en martyrisant Liam, son cadet qui a vu le jour en 1972.

Une jeunesse prolétarienne…

Bref, ce n’est pas du Émile Zola, mais plutôt du Charles Dickens. Et, dans des villes telles que Manchester, comment échapper à sa condition ouvrière autrement que par le foot ou le rock ? C’est donc la seconde voie qu’empruntent ces deux turbulents frangins. Et, tel que finement noté il y a deux ans dans Le Point, la feuille de route d’Oasis sera la suivante : « Atteindre un succès phénoménal et accéder aux plus hautes sphères de la célébrité sans jamais renier leur ADN populaire, plaisant aussi bien aux ados branchés de Londres qu’aux pères de famille ouvriers des banlieues défavorisées, qui vident des bières au stade ou au pub en hurlant à pleins poumons leur soutien à Manchester United ou à l’équipe d’Angleterre. » En d’autres termes, les gueux s’invitent à la table des maîtres, renversant la nappe et n’hésitant pas à laper l’eau des rince-doigts. Le reste appartient à l’Histoire : des albums vendus par camions entiers. Et des tubes finalement pas si mal troussés que ça, de Wonderwall à Don’t Look Back in Anger, mais qui ressemblent un peu trop à des titres que les Beatles auraient négligé d’enregistrer en studio, parce que finalement trop faiblards.

Guerre fraternelle…

Nonobstant, Oasis règne alors sur la planète rock, avant d’exploser, en direct, le 28 août 2009, lors du festival de Saint-Cloud, près de Paris, à quelques minutes de se produire sur scène et d’annuler un concert pourtant prévu de longue date. Les versions divergent. Ils en seraient venus aux mains ; une habitude, chez eux. Liam aurait dit à Noel que sa fille n’était pas la sienne et ils se seraient ensuite battus à grands coups de guitares millésimées. Résultat ? Liam fonde un autre groupe, Beady Eye, tandis que Noel fait de même avec les High Flying Birds. Inutile de préciser que ces deux formations nouvelles ne rencontrent pas le succès d’antan, celui d’Oasis. Et entraînent d’incessantes querelles qui font le bonheur des réseaux sociaux. Florilège.

Noel Gallagher : « Liam a une Rolex et j’ai une Rolls-Royce. Ce qui est étonnant, vu que je ne sais pas conduire et que Liam ne sait pas lire l’heure. » Le même, toujours, sur son frère : « Je fais le plus de boulot, donc c’est normal que je gagne le plus d’argent. En plus, je suis le plus beau. »

Liam Gallagher d’en rajouter une couche sur Noel : « À vous tous, ses fans, je peux et je vais chanter n’importe quelle chanson qu’il a composée mieux que lui, même si un pigeon était en train de me frapper les couilles. » Et le meilleur pour la fin : « Je m’appelle Liam Gallagher et je suis dans Oasis. Le monde entier est jaloux de moi. Il peut l’être. » Caractériels, ces deux frères ? Non, Anglais, tout simplement, dira-t-on. Alors, le couple maudit se reformerait aujourd’hui ? Oui. À l’instar des stars d’antan. Souvent pour des raisons fiscales, et juste histoire de remettre leur jeunesse à l’honneur. Leurs fans, ayant vieilli avec eux, suivront.

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