Sacrilège pour un centenaire. La prétention jointe à l’offense était à son paroxysme lors de la célébration du centenaire de Verdun. Vouloir à tout prix y associer des pantomimes de jeunes pour faire nouveau donnait un aspect de patronage d’autant plus grotesque que l’idée est éculée. Les hommes de 1916 n’étaient pas des gamins. À dix-huit ans comme à trente, lorsque l’on connaît l’épreuve du feu, on gagne ses galons de maturité et d’estime.

Les cérémonies d’hommage aux morts ont leur rite, leur liturgie immuable qui en font leur gravité. Quelle prétention de vouloir s’attaquer à ce qui devrait être immuable ! Car l’immuable est rassembleur et évite toute polémique. S’il fallait transmettre les messages de respect envers les morts et de l’abomination de cette bataille, il eût fallu être encore plus solennel ; davantage recueilli et intensément profond dans le discours pour marquer toutes les générations. Mais tout le monde n’est pas de Gaulle ou Mitterrand !

La puissance du discours n’est pas le fort de notre Président ! Soit. À défaut de paroles historiques, un silence « assourdissant » eût été de bon ton. Au lieu de laisser nos morts en paix, ils ont dû subir un vacarme infernal, comme si le bruit et le souffle des bombes n’avaient pas suffi à ébranler leur corps vacillant dans la boue des tranchées. Au discours tiède, hors sujet ou récupérateur, il a été infligé à nos morts un bruit inquiétant, comme s’il fallait les réveiller de force ; comme si leur droit au repos était terminé.

J’ai ressenti une honte en entendant ces tambours de fortune, comme s’ils enjoignaient à nos héros de repartir au combat : « Debout, les gars, réveillez-vous, on y retourne ! » Cette cérémonie était non seulement prétentieuse mais aussi offensante. Les cimetières ne sont pas faits pour le spectacle.

Monsieur le Président, tous vos prédécesseurs avaient eu la dignité de commémorer sobrement et respectueusement cette bataille, vous aurez dérogé. Le centenaire d’une telle tragédie avait droit à une autre allure. Le « spectacle » organisé, puisqu’il s’agissait d’un spectacle, confinait au sacrilège, puisque que vous avez dérangé les morts. Non, Monsieur le Président, il ne faut pas déranger les morts, ils ont droit de reposer en paix !

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31 mai 2016

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