[Chronique] Européennes : et si la politique était quelque chose de sérieux ?

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La campagne pour les élections européennes débute réellement. En vérité, ce qui est en cause, c’est tout simplement l’idée que l’on se fait de la France et de son devenir, tout autant que la conception que l’on a du rôle de l’Union européenne. Certes, le résultat sera un indicateur en grandeur réelle de l’état des forces politiques en France, mais il convient de garder à l’esprit que l’élection européenne est et reste un scrutin particulier qu’il serait erroné de considérer comme une préfiguration de l’élection présidentielle.

L’enjeu est donc double : d’une part indiquer clairement quel type d’Union européenne souhaitent les Français, d’autre part sanctionner sans appel et avec l’ampleur maximale le Président et ses partisans. Car, enfin, mener la France au chaos et à l’abandon de ce qui lui reste de souveraineté mérite sanction.

Le débat fondamental est assez simple : croyons-nous que la France puisse rester encore une nation avec un destin propre ou croyons-nous qu’il est temps d’apposer le mot « fin » à la dernière page du grand livre de l’Histoire de France pour passer à autre chose, c'est-à-dire une souveraineté européenne évanescente qui suppose d’effacer les nations, leur Histoire, leur culture, leur particularisme ? Le grand saut dans la grisaille uniformisatrice de la technocratie et de la pseudo-rationalité économique.

Macron, champion toutes catégories de la grande braderie

Il faut souligner que de Gaulle, qui savait très bien que la France ne pouvait rivaliser en puissance avec les empires du moment - ne serait-ce que pour des raisons démographiques -, poursuivait des politiques de nature à préserver son indépendance, donc sa liberté réelle, et sa grandeur : une armée autonome dotée de la puissance nucléaire, une diplomatie forte et indépendante des blocs, le développement industriel notamment dans des secteurs de pointe comme l’aéronautique et le spatial et même l’informatique, la création d’un secteur nucléaire civil garantissant une énergie électrique bon marché et indépendante, l’autosuffisance alimentaire grâce à une agriculture forte, une politique familiale volontariste.

Or, tous ces éléments ont été abandonnés petit à petit au nom de l’intégration européenne, du libre–échangisme, de la concurrence pure, des impératifs économiques, de l’alliance atlantique, du féminisme idéologique et des thèses de la déconstruction. Le politique a cédé le pas à la mauvaise gestion administrative et à la soumission idéologique. En fin de compte, Macron est le champion toutes catégories de cette grande braderie des moyens de la souveraineté française. Pour parachever la destruction de l’édifice, il rêve de transformer notre force de dissuasion en « machin » communautaire qui, dès lors, perdra son caractère dissuasif et, pourquoi pas, d'abandonner notre siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Tout cela au nom d’une souveraineté européenne qui n’est qu’un leurre.

Le mythe d'une Europe souveraine

Il est évidemment possible de concevoir une Union européenne qui repose sur les nations au lieu de vouloir les détruire, qui les serve au lieu de vouloir les asservir. C’est, au demeurant, la seule conception durablement européenne. La pseudo-souveraineté européenne n’est que la dilution dans un vague ensemble euro-atlantique qui a semé le chaos au Moyen-Orient et s’est assidûment fait détester dans le monde. C’est le contraire d’une éventuelle réincarnation européenne.

Au moment de voter, le 9 juin, soyons donc sérieux dans nos choix. Le clan macroniste est évidemment celui de l’abandon de la souveraineté française pour le mythe d’une Europe souveraine, et c’est aussi celui du chaos, de l’insécurité et de la ruine. D’autres nous expliquent que pour mieux combattre Mme von der Leyen et une Union européenne abusive, il faut s’affilier au PPE, dont elle est la candidate, et qui veut l’avènement d’une UE supranationale qui « devienne une démocratie à part entière ». Comme disait Audiard, « il ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages ». D’autres, enfin, estiment que pour parvenir à l’alliance des droites, il est urgent de diviser celles-ci.

La démocratie repose sur une sorte de contrat entre les électeurs et les élus qui implique des engagements clairs et la volonté de les tenir. À force de mettre en œuvre la formule de Queuille, qui plaisait tant à Chirac – « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » -, l’oligarchie a rompu le pacte de confiance entre les citoyens et les gouvernants et les a détournés de la politique, considérée comme une mauvaise farce jouée par de mauvais acteurs. Retrouvons le vrai sens de l’action politique qui est faite de sérieux, de courage et parfois de confrontation au tragique.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Depuis longtemps les Européennes étaient le moyen de caser ses copains dans tous les partis …Y compris au FN ou j’ai le souvenir du remplacement de M.F Stirbois par Le Pen alors qu’elle était très compétente pour caser une de ses amies très très proche…et ignare en politique ! Les temps ont changés heureusement et on a un pourcentage important d’hommes et de femmes à la hauteur….La dernière arrivée S.Knafo en est la preuve ! Enfin une Enarque à la hauteur des enjeux !

  2. En théorie oui et c’est cette Europe la que je défendais et c’est ce que j’ai toujours défendue ! Mais ca n’est pas dans le prisme idéologiques de nos dirigeants actuelles ! Et cette Europe la je l’a combattrai toute ma vie ! Hervé de Néoules !

    • Vous vous trompez de sujet. Même si vous avez 1 000 fois raison de voir dans l’UE, UNE cause primordiale de nos malheurs, mais non la seule, mais non la pire. Le Frexit, vous ne le ferez pas dans l’Etat où nous sommes. A supposer que vous le fassiez, il dévorera toutes vos énergies et pendant ce temps là vous serez submergé par la contre attaque du wokisme, par l’invasion afro-islamique, et bien entendu vous aurez le soutien amical des mondialisés de Davos et d’ailleurs. Et nous ne sommes pas l’Angleterre, sea-going nation, en lien culturel direct avec les US.
      Il faut gagner la bataillle civilisationnelle et culturelle. Il faut gagner la bataille politique du respect des Peuples et des Nations. Il faut faire des enfants et des familles. Et il faut avoir des biscuits dans la besace : Travailler, produire, industrialiser, se former.

      • @ Tureverbere
        Dans l’état actuel des choses, c’est l’Europe qui nous dévore….
        Le  » respect des Peuples et des Nations » n’est ni dans l’ADN de cette Europe, ni dans son programme. Elle asservi et vassalise au profit des puissances étrangères et des lobbies. Une vraie mafia.
        Vive le Frexit !

  3. Voter en juin pour le candidat qui fera passer la France avant l’UE , qui ne bradera pas nos savoirs et fera passer l’intérêt du peuple français en priorité . Ce pays doit retrouver sa souveraineté .

  4. « le vrai sens de l’action politique » c’est aussi le débat, la confrontation des idées autour du destin des peuples et la conscience permanente de la légitimité du politique en regard de ses options face au destin. Quand on est désavoué par le Peuple, on part. « Et vous tous, peuples et Etats étrangers, si vous croyez, comme il faut le croire, que la grande querelle sur la terre, c’est la querelle de l’Homme, reconnaissez que la France soutient cette querelle-là en Algérie…. » (Je vous laisse le soin de retrouver l’auteur de ces fortes paroles) La politique c’est le destin des peuples. Bien avant le pouvoir d’achat !

  5. Ok au contenu de cet article et en même temps cette question qui me « taraude » : qu’attend le RN au niveau de la France « intérieur » pour voter contre macron afin de le destituer tout du moins lui faire perdre toute possibilité de continuer à mettre la FRANCE en « Etat de mort cérébrale » ? …

    • Vous n’êtes pas sans ignorer que dans ce Pays, la Constitution fait que la prochaine élection lors de laquelle les Français pourront et devront, sauf à sombrer, se prononcer contre le régime que nous subissons depuis 7 ans, c’est dans 3 longues années ! D’ici là, rien, si c’est le vote du 9 juin 2024 lors duquel il faudra faire échec à la politique européenne de Macron portée par la nullissime Hayer.
      Pas d’abstention surtout, pour une fois se prendre en main et non subir par fénéantise politique.
      Et de grâce ,en 2027 pas de E Philippe, B. Lemaire, G. Attal et consorts mais d’ici là nous serons peut-être toutes et tous vitrifiés, vu les prétentions guerrières du fou furieux aux commandes.

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