Les 330 habitants de Verfeil-sur-Seye (Tarn-et-Garonne) ont vu, lundi 5 juin, « dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne », le centre de leur petit village cadenassé et tenu par un dispositif de près de 70 policiers, équipés de béliers, armés, cagoulés. La petite armée a procédé sommairement à quelques perquisitions. Trois jeunes femmes ont été interpellées puis conduites sous escorte à Toulouse.

Ce cas n’est pas isolé, puisqu’une quinzaine de personnes auront été placées en garde à vue, ce lundi, un peu partout sur le territoire (Marseille, Montreuil, Dijon, Lyon, Toulouse, Bayonne, Caylus et Verfeil-sur-Seye). Cette opération de grande ampleur a été menée sur commission rogatoire des juges d’instruction d’Aix-en-Provence par la section de recherche de Marseille et la sous-division antiterroriste (SDAT), ce qui ajoute au caractère insolite de la chose.

Les autorités restent très discrètes depuis son lancement mais, quelques heures après les faits, le mouvement Les Soulèvements de la Terre (LST), connu pour avoir organisé le gentil pique-nique de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) et en voie de dissolution par le ministère de l'Intérieur, lançait un « appel à soutien suite à une vague d’arrestations en France ». Dans la foulée, une vingtaine de rassemblements de protestation ont surgi sur le territoire français. Jeudi soir, les personnes mises en cause auraient été libérées, selon LST.

Les Soulèvements de la Terre dit absolument tout du pourquoi du comment d’une opération que, bien évidemment, les autorités ne s’étaient pas donné la peine d’annoncer ni d’expliquer. Il suffit de lire le communiqué : tout y est. Le mouvement, reconnu par ailleurs comme la « main invisible » des activistes écologistes en France, rappelle ainsi à notre mémoire, images et vidéo à l’appui, l’attaque de la cimenterie Lafarge de Bouc-Bel-Air (13) par 200 « White Blocs », le 10 décembre 2022. En une heure, ceux-ci avaient « désarmé » (comprenez saboté) les machines, les véhicules de chantier et l’incinérateur, pour un résultat estimé à 4 millions d’euros de dégâts. Un peu plus loin, il nous est expliqué que « de toute évidence », l’opération policière de lundi s’inscrit « dans l'escalade répressive que le gouvernement mène contre les mouvements sociaux et écologistes avec une accélération notable ces derniers mois : violences policières effroyables à Sainte-Soline, régime d'exception alimenté par le spectre de "l'éco-terrorisme" ou encore menaces de dissolution des Soulèvements de la Terre ». Abstraction faite de certains qualificatifs emphatiques, vous avez là un récit fidèle de la gradation qui a manifestement conduit, lundi, les autorités à vouloir mettre fin aux menaces des activistes écologistes.

Si Les Soulèvements de la Terre fait montre d’une telle ostentation, c’est que les activistes écologistes estiment être dans leur bon droit. Accusé de « destruction en bande organisée » et « association de malfaiteurs », le mouvement écologiste radical renvoie la responsabilité au gouvernement, soulignant « l'association de malfaiteurs qu'il constitue avec les industries mortifères ». Industries « écocides », État complice, tout doit donc être désarmé. Le désarmement est le concept créé pour adoucir la réalité : sabotage, saccage, incendie volontaire, destruction. Autant d’actions violentes dont le ministère de l’Intérieur a pu établir une cartographie, citée par Le Figaro. L'État y a dénombré près de 104 actions violentes commises entre le 1er janvier et le 31 octobre 2022. Le rude coup de filet de lundi présage-t-il enfin d'une réponse sérieuse des autorités ? Ou d'une dissolution effective, deux mois après son annonce, des Soulèvements de la Terre ? Le dossier traine en longueur...

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09 juin 2023 à 15:30

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20 commentaires

  1. « 70 policiers, équipés de béliers, armés, cagoulés. La petite armée a procédé sommairement à quelques perquisitions. Trois jeunes femmes ont été interpellées ». J’espère qu’ils ont touché leur prime de risque.
     » Le rude coup de filet de lundi présage-t-il enfin d’une réponse sérieuse des autorités ? » La réponse est dans le bilan précédent : beaucoup de bruit (médiatique) pour rien. Comme d’hab.

  2. Escalade répressive disent les écolos. Je ne suis pas concernée par cette répression, pourquoi ? C’est probablement parce que je ne me colle pas au milieu de la route, je ne jette pas de soupe dans les musées, je ne jette pas de cocktail molotov, je n’assiste pas à des manifestations interdites, je ne porte pas de masque pour cacher mon identité, je n’attaque pas les forces de police….. Non pas parce que je suis d’accord avec les politiques de mon pays, loin de là mais je vote, je contacte les autorités pour exprimer mon désaccord ou mon mécontentement et je suis convaincue que ce n’est que dans les urnes que nous pourrons changer l’immobilisme de l’actuel gouvernement qui, comme l’actualité nous le montre de jour en jour, met notre sécurité en danger. Ce n’est qu’en sécurité que nous pouvons nous pencher sereinement sur des problèmes environnementaux et cette poignée de dangereux hurluberlus doivent être mis hors de nuire pour le bien-être de pratiquement toute la population qui en a assez de leurs excès.

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