USA : recomptage des bulletins, fraude avérée. Que peut-on attendre ?

U.S. Republican presidential candidate Trump makes a point as he formally announces his campaign for the 2016 Republican presidential nomination at Trump Tower in New York

L’audit des votes du comté de Maricopa (Arizona) est loin d’être terminé puisque seuls 500.000 bulletins (sur 2.100.000) ont été recomptés. Il demeure que ce chiffre est statistiquement assez élevé pour donner une idée plus précise de l’ampleur de la fraude : les auditeurs ont signalé des écarts de 5 à 17,5 % selon les lots, au profit exclusif de l’actuel président. Rappelons qu’il n’a remporté officiellement le comté que de seulement 2,2 %.

Bon, et maintenant ?

Eh bien, même si le recomptage confirmait ce qu’on sait déjà, il ne se passerait probablement rien. Les médias feraient le black-out sur l’information et les élections ne seraient pas pour autant invalidées pour une impérieuse raison : le Congrès les a ratifiées par un vote le 6 janvier.

Il s’agit d’une disposition de la Constitution américaine qui neutralise les recours en annulation pour éviter de perturber l'exercice de ses fonctions par le président nouvellement élu.

C’est pourquoi le Congrès, et notamment Pence qui présidait alors le Sénat, avaient le pouvoir de reporter la validation et d'ordonner un audit. Ce ne fut pas le cas. Le Congrès est souverain et Joe Biden fut désigné comme le 46e président des USA.

Certes, celui-ci pourrait démissionner sous la pression. OK, mais dans ce cas, Kamala Harris prendrait sa place. Et si celle-ci se retirait également, le rôle reviendrait à Nancy Pelosi, etc.

Alors à quoi bon ? Que peut-on espérer dans ces conditions ?

Ce qu’on peut raisonnablement attendre, c’est que l’audit de Maricopa et les autres qui suivront (notamment dans le comté de Futon, en Georgie, sur ordre d’un juge, le 21 mai 2021) jettent sur le système électoral américain un discrédit tel que les législateurs (parlementaires) de chaque État n’aient d’autre choix que de réformer drastiquement les règles de scrutin.

Le Congrès étant à majorité républicaine dans les États clés, ce scénario est tout à fait plausible.

Seul problème : les républicains corrompus qui refuseront de voter la nécessaire réforme. Et ils sont nombreux, les RINO (Republican In Name Only) à avoir poignardé l’ancien président dans le dos.

Il l’a payé très cher et il compte bien leur rendre la politesse en les boutant hors du champ politique grâce à la tactique de l'endorsement qu’il a exposée publiquement, il y a quelques semaines : en substance, « si vous ne défendez pas la réforme pour restaurer l’intégrité des élections, je ne vous soutiendrai pas et, pire, je placerai un vrai patriote face à vous dans chaque primaire. Vous pourrez alors dire au revoir à votre siège d’élu. »

Il faut reconnaître que les quelques élections intermédiaires (il y en a chaque semaine) qui se sont récemment déroulées semblent lui donner raison. La confiance que le peuple accorde à Trump est telle que toute candidature républicaine sans son appui (endorsement) est vouée à une défaite quasi certaine.

C’est pourquoi sa nouvelle résidence de Palm Beach (Mar-a-Lago) abrite depuis plusieurs mois un défilé discret mais continu de responsables politiques désireux de se faire adouber par le nouveau patron du parti républicain.

Elle est là, sa stratégie, pas ailleurs : faire le grand ménage au sein de son parti, majoritaire dans une trentaine d’États (sur cinquante) en s’assurant la loyauté de ses membres. À partir de là, les législatures (Congrès de chaque État) pourront légiférer afin de durcir les conditions de vote. En ligne de mire : les élections midterm 2022 destinées à renouveler une fraction des sièges du Congrès fédéral à Washington, DC.

Il faut bien comprendre que les républicains ne pourront jamais en reprendre le contrôle sans mettre préalablement un terme à la fraude.

Et aucun candidat à la fonction suprême ne pourra virer les démocrates de la Maison-Blanche en 2025 sans l’appui d’une majorité républicaine au Congrès. Trump a, d'ailleurs, annoncé qu'il ne se représentera en 2024 qu'à cette condition. Et cette condition se réalisera en 2022 si on restaure la fiabilité du scrutin. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, comment pourrait-il, à défaut, nourrir le moindre espoir de retour aux manettes ?

Me Marc Amblard
Me Marc Amblard
Avocat - Maître de conférences en Sciences de gestion à l’Université d’Aix en Provence

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