Une réduction « inquiétante » du recours à l’IVG, disent-ils…

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En ces temps de Covid-19, nous acceptons tous le confinement et ses conséquences : le télétravail, pas toujours très simple avec des enfants à la maison, l’école à la maison, la fermeture des commerces, etc. Nous acceptons de ne plus sortir, de ne plus aller au cinéma, au restaurant, voir nos amis ou encore nos grands-parents. Si nous acceptons de mettre entre parenthèses nos droits les plus fondamentaux, c’est bien parce que l’urgence, aujourd’hui, est de sauver des vies. Sauver la vie du plus faible, de celui qui ne pourrait pas survivre à une attaque du virus. Nos médecins, infirmiers, aides-soignants (et j’en passe) se battent au quotidien et au péril de leur propre vie, pour nous sauver, pour vous sauver, et nous ne les remercierons jamais assez !

Mais je ne peux m’empêcher de penser que cet élan de vie, si beau et si touchant pour notre pays, est contrasté par une autre réalité, celle des grossesses imprévues et de l’accès à l’IVG.

En effet, Le 1er avril dernier, lors des questions au gouvernement, M. Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, constate une baisse « inquiétante » du nombre d’IVG en ce temps de crise. Face à cette difficulté, il fait plusieurs propositions, à ce jour, mises en application : des téléconsultations pour la prise de la pilule abortive ou, encore, assurer le plus possible la prise en charge des IVG médicamenteuses en ville, jusqu’à neuf semaines d’aménorrhée. Il propose également d’adapter le parcours d’IVG instrumentale en secteur hospitalier, c’est-à-dire de permettre des IVG instrumentales sous anesthésie locale et non générale. Le but étant de susciter une prise en charge plus courte pour la femme et une économie de ressource en professionnels d’anesthésie-réanimation. Bien évidemment, à aucun moment ne sera abordée la question du traumatisme de la femme devant avorter sous anesthésie locale en ambulatoire et qui rentrera, aussitôt fait, chez elle !

La fin de son intervention est, me semble-t-il, des plus inquiétantes. M. Véran explique, et je le cite : « Sur la question des recours tardifs, il existe une cause d’interruption médicale de grossesse (qui ne répond pas à la question des délais) pour des raisons de détresse psychosociale. La question est de savoir, dans une décision collégiale une fois que nous serons sortis du confinement, si on peut considérer qu’une jeune femme n’ayant pas pu aller en consultation pour bénéficier d’un avortement dans des conditions classiques pourrait répondre à ces conditions de détresse psychosociale. »

Si nous comprenons bien, cela signifierait qu’à cause des restrictions liées au Covid-19 et leurs conséquences sur l’accès à l’IVG, une femme pourrait donc avorter sans aucun délai, c’est-à-dire, jusqu’au 9e mois de grossesse. Nous ouvrons là une porte bien dangereuse qui, à mon avis, sera difficile à refermer.

Pour rappel, la loi prévoit qu’une « IMG (interruption de grossesse pour raison médicale) peut être réalisée au motif que la poursuite de la grossesse met en péril grave la santé de la femme ». Désormais, cette mise en péril « peut résulter de la situation de détresse psychosociale dans laquelle se trouvent certaines femmes du fait du contexte de confinement ou d'infection par le Covid-19».

Alors que, d’un côté, nous nous battons pour sauver la vie des plus fragiles, de l’autre, nous débattons pour permettre les IVG jusqu’au 9e mois de grossesse.

Pour terminer, je voulais rappeler que la loi Vallaud-Belkacem du 4 août 2014 supprimait la notion de « détresse » pour les femmes voulant avorter, notion considérée à l’époque comme « obsolète ». Aujourd’hui, cette notion de détresse nous revient comme un boomerang pour permettre, sous couvert d’IMG, des IVG jusqu’au 9e mois de grossesse.

Posons-nous simplement cette question : qu’est-ce qui empêcherait, à l’avenir, qu’elle ne devienne également « obsolète » pour les IMG ?

Ne cessons jamais de rappeler que le plus beau combat à mener en matière d’avortement est bien celui de l’accompagnement et de l’écoute de ces femmes et hommes confrontés à une grossesse imprévue.

L’avortement n’est pas un choix mais un manque de choix.

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Clotilde Merza
assistante sociale

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