[Une prof en France] Si on parlait du fameux crash des vacances

vacances

Une de mes collègues d’anglais me disait, cette semaine : « C’est affreux, on doit tout reprendre à zéro, ils ont tout oublié ! »

Un élève qui entre aujourd’hui en première sort généralement de trois mois de vacances. En raison des contraintes de l’organisation des épreuves du baccalauréat, les élèves de seconde sont le plus souvent libérés au début du mois de juin. Les collégiens ont, quant à eux, autour de deux bons mois, en sachant que les dernières semaines de juin sont rarement celles pendant lesquelles se font les apprentissages essentiels. On nous colle des réunions de tous les côtés, les cours sont bouleversés, les élèves se comportent comme des chevaux qui sentent l’écurie et plus rien ne passe, ou presque.

De nombreux chercheurs font porter à cette coupure estivale la responsabilité de la régression que l’on perçoit, chaque année, en septembre-octobre, les élèves ayant oublié pendant l’été les deux tiers de ce qu’ils avaient appris au cours de l’année précédente.

On parle même du « crash » des vacances. « L’expression fait référence à l’impact des congés d’été sur la performance en lecture des écoliers. Durant l’année, tout le monde s’améliore. Puis arrive le long tunnel estival » (Michel Desmurget, Faites-les lire !). Les compétences des élèves de familles défavorisées stagnent, voire déclinent, tandis que les enfants de familles plus favorisées continuent à progresser pendant les vacances, quoique moins rapidement que sur la période scolaire.

Pourtant, il semblerait que la France, où ce processus est si nettement sensible, ne soit pas la championne des vacances d’été, malgré ses huit semaines de congés. Mais elle se situe dans le Top 5 des pays de l’OCDE offrant le plus de vacances, sur l’année, à ses élèves : presque 17 semaines, si l’on cumule tous les congés, contre 10 semaines annuelles en Suisse, 11 aux Pays-Bas ou au Danemark, 13 en Allemagne, en Angleterre ou en Finlande. Seuls quelques pays planifient autant ou davantage de vacances pour leurs élèves : Russie, Irlande, Suède, Lettonie, Estonie, Portugal. Mais en Russie, malgré de longues vacances, les élèves reçoivent plus d’heures de cours qu’en France, alors même que nous avons parmi les plus longues journées de classe de l’OCDE. Bon, un article de France Inter a mal compris comment on calculait les données car il annonce que « sur une année, les écoliers de primaire se voient dispenser 4.320 heures de classe (3.832 pour les collégiens) », ce qui ferait beaucoup… autour d’une centaine d’heures de cours par semaine ouvrée !

En réalité, un écolier français reçoit autour de 850 heures de cours, dans l’année. 150 heures de plus qu’un écolier allemand. Et nous sommes le pays de l’OCDE qui consacre, en primaire, le plus de temps à l’apprentissage de la lecture et de la langue (59 % du temps d’enseignement en primaire consacrés aux « fondamentaux » (étude de la langue et mathématiques), contre 40 % dans le reste des pays de l’OCDE). Pour quel résultat ? Un taux d’illettrisme qui frôle les 45 %. L’Estonie et la Suisse ont, respectivement, le plus et le moins de vacances parmi les pays de l’OCDE : pourtant, ce sont les deux premiers pays européens en tête du dernier concours PISA. La question des vacances, qui occupe tant les esprits, semble donc secondaire. Reviennent alors au premier rang celle de la pédagogie et celle de la formation des enseignants : là, tout serait à revoir !

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Virginie Fontcalel
Professeur de Lettres

Vos commentaires

41 commentaires

  1. L’imbécilité de la « méthode globale », l’addiction aux écrans sans contrôle, le quasi mépris dans lequel est tombé le respect de l’orthographe et de la grammaire : comment s’étonner des résultats de ces « avancées » en matière de résultats scolaires ?

  2. Il faut tout recommencer, ils ont tout oublié, disait la prof.
    Mais non, il s n’ont pas tout oublié, ils n’avaient rien appris. C’est ça la France aujourd’hui !!!! Et c’est pourquoi les enseignement privés progressent chaque année auprès de parents désireux d’instruction pour leurs enfants.

  3. Nous avons été élèves, étudiants et nous avons eu aussi des vacances. De mon temps, les devoirs de vacances étaient plutôt destinés aux élèves en difficulté et pourtant, nous à la rentrée, il n’était pas nécessaire de tout rappeler. A mon avis, le problème relève plus du mode d’apprentissage (moins par coeur, plus ludique) et du peu d’intérêt de beaucoup d’élèves pour la culture, la lecture…

  4. Quant en 1ère année universitaire (histoire de l’art) on apprend à se tenir les nerfs quand personne ou presque ne sait rien – il est nécessaire d’entamer par de bons rires personnels (ça dégaze…). Mais après au travail car il s’agit d’une prise en mains et les jeunes découvrent ce qu’il peuvent voir, lire et écrire…

  5.  » crash  » des vacances dites-vous ! Alors que vous êtes professeur de lettres…! Nous avons là la preuve du  » CRASH  » de l’enseignement quand un professeur s’exprime de la sorte …

  6. Le problème n’est pas ce que je enfants font pendant les vacances scolaires mais ce qu’ils ne font pas en période scolaire. Si l’école n’instruit plus, seuls les parents déjà instruits sont en capacité d’instruire leurs enfants.

  7. Il faut privatiser l’ECOLE ,cette état dans l’état est a démolir quand on pense que 100000 professeurs sont utilisés pour faire des actions qui n’ont rien a voir avec l’enseignement on peut se poser toutes les questions .
    D’autres part nos nouveaux enseignants n’ont rien a voir avec l’école de Jules Ferry ,beaucoup n’ont aucune culture générale .
    Dans mes jeunes années j’ai été aidé par un Instituteur avec un grand qui a fini sa carrière comme directeur d’école. Cet homme me faisait les cours de maths ,il m’arrivais d’être en avance chez lui ,il répétait avec ces amis de la musique classique car il jouait a l’orchestre de ma ville ,de plus il s’intéressait a la peinture et peignait lui même, c’était un amoureux de Frédéric Mistral . Il m’a transmis cet amour Mireille trône toujours dans ma bibliothèque . Culturellement rien ne l’effrayé .

    • Il faut d’abord remettre en place l’apprentissage à 14 ans ! L’école jusqu’à 16 ans c’est un dogme, une idéologie maintenue par les bien pensants. J’appelle ça de la séquestration scolaire. Si l’enfant n’aime pas l’école, mieux vaut qu’il aille apprendre un métier où il va s’épanouir plutôt que de sombrer dans le deal et la violence. À ceux (à gauche) qui diront que l’apprentissage à 14 ans c’est de l’exploitation infantile, qu’ils sont trop jeunes pour travailler, mais qui pensent qu’ils sont assez âgés pour changer de sexe non seulement ils se contredisent mais ils montrent leur détestation à la fois des enfants qui n’aiment pas l’école et des entreprises qui veulent former des jeunes.

  8. La longue coupure des vacances favorise évidemment l’oubli mais c’est loin d’être la cause principale. Il a toujours été nécessaire de faire quelques rappels en début d’année scolaire mais on n’ observait pas auparavant que les élèves avaient tout oublié; l’essentiel était retenu et n’avait éventuellement juste besoin d’être un peu rafraîchi. La nouveauté est que, sans qu’il soit besoin de vacances, ce qui a été enseigné le mois, voire la semaine précédente est déjà totalement oublié pour beaucoup, non seulement le contenu d’un chapitre mais le souvenir même que ledit chapitre ait été étudié. Les causes essentielles sont autres et sont bien connues : absence de travail, de motivation, d’exigence, perte des facultés d’attention et de concentration, omniprésence des écrans, saturation médiatique. La parole de l’enseignant n’est plus qu’un vague bruit parmi des milliers d’autres.

  9. Les journées de nos élèves sont longues ? J’ai vu comment les profs bourrent leurs journées pour ne travailler que 2 ou 3 jours par semaine. Et tant pis si on colle un courses de Français de 17 à 18 h. Beaucoup de profs ne s’en soucient pas, la priorité c’est leur confort à eux … On devrait, comme dans les pays du Nord, d’être présents dans l’établissement 1 minimum d’heures par semaine.

  10. La priorité de mes jeunes années était l’école. Les loisirs passaient après ( à l’époque les loisirs étaient plutôt rares et chers ) ; 2 semaines de vacances pour Noel et autant pour Pâques, cours le samedi matin, « grandes vacances » du 14 juillet au 1er octobre. Eh bien j’ai survécu et je vois avec – comment dire – effroi et tristesse l’effondrement de l’école et sa place dans la vie de nos enfants !

  11. Les 2 mois d’été n’y sont strictement pour rien. La qualité de l’enseignement a sombré, l’attractivité des cours est au plus bas, sans parler de ces enseignants qui n’ont vraiment pas leur place dans l’éducation nationale. C’est un constat que je fais tous les jours avec mes enfants. Malheureusement, le corps enseignant ne se remet jamais en question, tant sur leur méthode d’enseignement que sur l’aménagement des cours.

    • … ni sur leur tenue corporel et vestimentaire …. cheveux et barbes hirsutes pour les hommes, sans oublier les boucles d’oreilles et les percings.
      Quant aux femmes ce n’est pas toujours mieux.
      Vous me direz que l’apparence d’un enseignant ne conditionne pas la qualité de ses cours; peut-être mais l’exemple donné aux élèves ne suscite pas le respect de l’autorité.
      Et aujourd’hui on constate à l’école un délitement du niveau général des enfants, dès leur plus jeune âge, et le non respect des adultes dans notre société .
      La gauche qui sévit depuis 1968 est en grande partie responsable de cette situation.

    • malgré une idéologie « déconstruite » voire « woke », l’Education Nationale ne se remet pas en question mais accuse ses détracteurs ! …
      Il semble qu’il n’y a pas eu assez de « corps en saignant » qui ont été massacrés par ce fameux « pas-de-vague » ! …
      Il suffit de voir comment ils « traitent » le problème de l’islamisme revendicatif pour comprendre qu’ils laisseront encore des professeurs se faire décapiter plutôt que d’admettre qu’ils ne font pas respecter ni « un règlement » ni un « projet d’instruction cohérent » pour nos enfants ! …

    • Cet enseignant vient justement… de remettre en question tant la  »méthode d’enseignement que l’aménagement des cours. » !

      • Je vais aujourd’hui vers mes 74 ans. Nos vacances d’été d’étalaient du 1er juillet jusqu’au, certaines années, 1er octobre. Fût un temps, elles se terminaient le 15 septembre, mais jamais plus tôt. Élevé dans le privé en primaire, puis lycées publiques de la 6ème à la terminale, je crois avoir acquis de bonnes bases, et avoir eu des professeurs de qualité (mis à part un certain professeur d’allemand) auxquels nous étions attachés. Les longues vacances n’ont pas été nocives, loin s’en faut. Sans parler de 1968 où nous avons eu près de 2 mois de vacances supplémentaires, grâce aux grèves totale sur le pays. L’année de terminale qui a suivi à été studieuse, et réussie.

        Il faut noter, toutefois, que le calendrier scolaire attaquent autrefois planifié en fonction des besoins dans le milieu agricole, car les jeunes participaient aux travaux deschamps. Aujourd’hui, elles dependent du commerce, et l’etalement des vacances de fevrier et Pâques, sont organisées pour permettre de recevoir le plus de personnes possible dans les stations de ski, activités economiques obligent..

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