Une nouvelle Force d’appui rapide pour lutter contre les violences urbaines

Pour faire face aux violences urbaines qui ne cessent de se multiplier dans notre pays, la police nationale devrait disposer, d’ici quelques mois, de sa première « Force d’appui rapide » (FAR). C’est en effet l’annonce faite récemment par Gérald Darmanin à l’occasion du Beauvau de la sécurité actuellement en cours.

Avant d’être éventuellement étendue à chaque zone de défense, cette nouvelle formation devrait voir le jour d’ici quelques mois au sein des Compagnies républicaines de sécurité. Implantée à Pont-d’Orly, en région parisienne, et composée de 200 policiers environ (contre 140, actuellement, pour une compagnie ordinaire), cette unité devra être mobilisable en 15 minutes. Ce délai, extrêmement court, sera rendu possible grâce au cantonnement sur site de l’ensemble des effectifs qui y seront affectés. À noter, enfin, que cette nouvelle force d’intervention sera projetable dans un rayon de 250 kilomètres environ à partir de sa base. Dotée de moyens humains et matériels particulièrement adaptés, mais qui restent à définir, la FAR pourra ainsi répondre aux nouveaux défis en cours en matière de violences urbaines.

Soyons objectif, c’est une excellente initiative. De telles unités auraient même dû être mises en place depuis longtemps. Pourtant, pour atteindre ses buts et apporter enfin la réponse qu’il convient aux embrasements réguliers que connaissent nos villes, il faudra éviter plusieurs écueils.

Le premier visera à convaincre les syndicats de police. Certains d’entre eux restent, en effet, assez opposés à toutes formes de « spécialisations » au sein de la police. Par ailleurs, l’idée avancée selon laquelle la FAR pourrait être directement rattachée au directeur général de la police nationale n’est pas sans leur faire craindre une disparation pure et simple, à terme, des CRS.

Le second écueil sera celui de la mise en place de ce nouveau dispositif. Là encore, il ne suffira pas d’aller chercher les effectifs et les moyens dans les services existants. Démunir les uns pour renforcer les autres n’a jamais permis de résoudre un problème. Au contraire.

Enfin, et peut-être surtout, il faudra savoir utiliser ce nouvel outil avec un maximum d’efficacité. Et là, ce n’est pas gagné !

La haute hiérarchie de la police nationale souffre d’une grande maladie. Elle est souvent incapable d’utiliser à bon escient les moyens mis à sa disposition. C’est ainsi, notamment en matière de gestion opérationnelle des forces mobiles, que les autorités auprès desquelles elles sont mises à disposition n’hésitent pas à sous-employer des effectifs et des moyens pourtant hautement performants. Il n’est pas rare, en effet, qu’une compagnie de CRS dépêchée sur un site dans le cadre du plan national de sécurité (PNS) se retrouve à faire du contrôle « Covid » plutôt que d’aller faire de la lutte anticriminalité dans un secteur difficile. Résultat : la délinquance continue de flamber et le citoyen qui se voit verbalisé à hauteur de 135 euros pour le non-port de son masque de protection n’en nourrit que plus d’amertume envers les forces de l’ordre. Bref, du perdant-perdant !

Si l’idée d’adapter nos outils sécuritaires doit être encouragée, il faut aussi, et peut-être surtout, développer des doctrines d’emplois cohérentes et adaptées à la délinquance telle qu’elle se manifeste dans notre pays. Même si les choses évoluent un peu, trop souvent encore, malgré les moyens considérables qui sont consentis, nos forces de police restent largement inutilisées. Une unité de CRS passe ainsi 80 à 90 % de son temps en attente (on dit pudiquement en réserve) alors qu’elle pourrait être utile ailleurs. Là encore, c’est toute une philosophie de l’ordre public et de la lutte contre la délinquance de voie publique qu’il faudrait repenser.

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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