Un homme condamné pour avoir traité un femme de p… Marlène Schiappa aux anges

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Il y a des jours, comme ça, où, franchement, on se dit que ce serait vraiment dommage de ne pas vivre en France sous la présidence d’Emmanuel Macron. Pour la première fois, peut-être, depuis Napoléon Ier (soyons fous), on a un pouvoir qui prend les choses à bras-le-corps et oblige les Français à se bouger les fesses.

Des exemples ? Tenez, si on augmente le prix du gazole et du tabac, c’est pas pour entrer des sous dans les caisses de l’État. Mais non, pas du tout. C’est pour changer le comportement des Français. On appelle cela, maintenant, des « taxes comportementales ». C’est comme ça qu’une Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Écologie, n’hésite pas à dire dans la presse régionale provençale qu’elle assume totalement ces augmentations. Les paysans apprécient beaucoup. De même, si on augmente la CSG pour les retraités et qu’on n’indexe plus leurs pensions sur l’inflation, c’est aussi, d’une certaine façon, pour « agir sur le comportemental ». Bah oui, réfléchissez un peu : en les habituant à moins dépenser, c’est une façon de les préparer, tous ces vieux, à se détacher, peu à peu, des biens matériels qu’ils n’emporteront pas dans leur tombeau, c’est bien connu. Et puis regardez du côté de la délinquance. Mme Belloubet veut vider les prisons avec une louche pendant que Mme Schiappa veut les remplir avec une petite cuillère - ou l’inverse, on sait pas vraiment. Mais c’est bien la preuve, en tout cas, qu’ils veulent faire bouger les choses. Et plus vite que ça.

Prenez la loi sur les « injures sexistes ». 25 novembre 2017 : le Président, en personne, annonce la création d’un nouveau « délit d’outrage sexiste ». 21 mars 2018 : présentation, en Conseil des ministres, du projet de loi ad hoc. 17 mai : adoption par l’Assemblée nationale. 5 juillet : passage au Sénat. 1er août : vote définitif à l’Assemblée nationale. 3 août 2018 : promulgation de la loi. Une affaire rondement menée. L'insécurité va reculer à vitesse grand V dans ce pays.

Et, 24 septembre, première condamnation pour outrage sexiste. Une première qui, comme il se doit, a été saluée par Marlène Schiappa, vu que cette loi, c’est un peu son bébé, si l’on peut s’exprimer ainsi par ces temps où chaque mot doit passer sous la toise et sur la balance. Une condamnation exhibée comme un scalp par la secrétaire d’État à l’Égalité femmes-hommes. L’outrage remonte à vendredi dernier dans l’Essonne. Comparution immédiate et condamnation à 300 euros d’amende. Là aussi, une affaire rondement menée. Comme quoi, quand la Justice veut, elle peut. Un homme dans un bus s’est adressé à une femme en lui disant : "T’as de gros seins, sale p..." (Le Parisien ne précise pas la signification des points de suspension). Avouons que, malheureusement, les choses se sont bien gâtées dans ce pays, inventeur de l'amour courtois, dit-on, depuis le temps où Jean Gabin disait à Michèle Morgan : "T'as de beaux yeux, tu sais." Pour être tout à fait précis, comme dirait Benalla devant le Sénat, ajoutons que le contrevenant a aussi donné une "petite fessée" à la dame, raison probable pour laquelle l’affaire a été jugée en comparution immédiate.

Tout ceci est évidemment juste et bon. Mais bon, juste une question : lorsqu’un rappeur répondant au joli nom de Jok’Air traite une journaliste de "pute" sur les réseaux sociaux, peut-on considérer cela comme un outrage sexiste ou bien est-ce de la création artistique, d’autant que ladite journaliste est franchement classée à droite ? On aimerait bien avoir la réponse de Mme Schiappa.

Il est vrai que Mme Schiappa nous a habitués à avoir les émotions sélectives. Par exemple, lorsque l’ancien maire de Carpentras, ardent soutien d’Emmanuel Macron, condamné définitivement pour violences conjugales au printemps dernier, s’était accroché jusqu’au bout à son siège municipal, on n’avait pas entendu notre pipelette ministérielle exprimer le moindre avis. Quand on sait que Mme Schiappa n’hésite pas à commenter les décisions de Justice... Son dernier commentaire, magnifique comme un bulletin de la Grande Armée : "Bravo pour la réactivité du chauffeur de bus et mise en œuvre de la sanction." Quel bonheur de vivre en France !

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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