[Tribune] Ursula von der Leyen, chef de guerre ? Pourquoi la présidente de la Commission européenne se trompe

Ursula von der Leyen

Comme Marlborough, Ursula s’en va en guerre. Depuis l’agression russe en Ukraine, la présidente de la Commission multiplie les déclarations martiales. À l’évidence, elle est prête à mener une guerre totale contre Poutine. Jusqu’à la dernière goutte de sang ukrainienne. Car, rappelons-le, l’Union européenne n’a ni armée ni diplomatie réelle, et n’a aucune possibilité ni intention d’entrer en conflit armé contre la Russie. Ce qui serait suicidaire pour l’Europe et pour le monde.

À bien des égards, le discours de la présidente de l’Union européenne est irresponsable et ne favorise en rien un retour à la paix. Car la Russie ne disparaîtra pas de la carte du monde après cette guerre. Plus encore, son éclatement éventuel serait un désastre pour le monde et surtout pour l’Europe, un foyer d’instabilité en Eurasie et une chance pour la Chine.

Ce qui est surprenant, c’est qu’Ursula von der Leyen semble vivre dans un monde virtuel. Le 9 avril dernier, à Varsovie, elle déclarait que la mort de civils à Boutcha lui donnait « davantage de détermination pour combattre l’horrible guerre de Poutine ». Mais elle ne combat rien ni personne. Certes, l’Union européenne a débloqué 450 millions d’euros pour permettre à l’Ukraine de s’armer, d’acheter du carburant et du matériel médical. Certes, l’Union européenne a adopté des sanctions économiques partielles. Autant de décisions destinées à gêner la Russie et à aider l’Ukraine, mais il ne s’agit pas de combat. Ce décalage entre le discours et la réalité est dangereux. Le soutien à l’Ukraine serait sans doute plus efficace sans logorrhée belliciste.

Être Lady Thatcher, qui a remporté la guerre des Malouines, n’est pas à la portée de tous. L’Union européenne, quant à elle, a été incapable d’éviter la guerre dans l’ex-Yougoslavie tout comme en Ukraine, et ce sont les États-Unis et le Vatican qui ont gagné la guerre froide.

De surcroît, la politique européenne à l’égard de la Russie, après la chute du bloc soviétique, a été d’une insondable maladresse. Il eût fallu, après soixante-dix années de crimes communistes, se rappeler qu’avant 1917, l’Empire russe était notre allié. Dès lors, il eût été intelligent de la réinsérer dans la politique européenne pour profiter de sa présence en Eurasie afin d’assurer l’équilibre dans cette partie du monde. C’est tout le contraire qui fut fait.

Pour rien au monde les États-Unis ne voulaient d’une telle politique. Dans son ouvrage Le Vrai Choix, publié en 2004, Zbigniew Brzeziński expose clairement que l’amélioration du monde et de sa stabilité dépend du maintien de l’hégémonie des USA et que la mondialisation « est la doctrine naturelle de l’hégémonie mondiale ». Or, ce maintien exige d’éviter un rapprochement de l’Europe de l’Ouest et de la Russie, ce qu’aurait entraîné un retrait des États-Unis.

L’Union européenne s’est conformée à cette vision du monde, et quand Mme von der Leyen déclare, le 12 mai dernier, que la Russie est « la menace la plus directe » pour l’ordre mondial, elle entend l’ordre mondial occidental, ou américain, ce qui revient au même.

Rien ne saurait justifier la guerre contre l’Ukraine. Pire qu’une erreur, c’est une faute qui rompt le lien séculaire entre la Russie et l’Ukraine. Poutine lui-même, par la guerre engagée contre un peuple frère, scelle le divorce et son propre affaiblissement.

Mais la Russie demeurera après la guerre. Les Américains ont toujours été les adversaires des empires autres que le leur. Et l’Histoire nous enseigne que certains empires ont une vertu d’équilibre. Mme von der Leyen se trompe lorsqu’elle affirme que la Russie est la « menace la plus directe » pour l’ordre mondial. Elle en est un élément essentiel. Voudrait-elle effacer la Russie de la carte ? Charles XII, Napoléon et Hitler s’y sont cassé les dents et y ont tout perdu.

Dans les années récentes, ce sont surtout les États-Unis qui ont déstabilisé le monde par leur politique au Moyen-Orient, dont les Européens ont payé le prix fort. L’opposition Nord/Sud ne cesse de s’affirmer, y compris pour ce qui concerne les sanctions à l’égard de la Russie. Mme von der Leyen devrait s’en inquiéter et, plutôt que de jouer au général en chef d’une armée qui n’existe pas, ferait bien de se souvenir que les États-Unis, nation impériale déterminée, défend avant tout ses intérêts propres. Ce qui est le devoir de toute nation pour elle-même. Mais peut-elle le comprendre, puisque le but même de l’Union européenne est d’effacer le lien charnel avec les nations ?

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

19 commentaires

  1. L’UE est une erreur de l’Histoire même une faute, elle doit disparaitre ! Ou les peuples européens le comprennent et oeuvrent pour sa disparition, ou la guerre la fera disparaitre ! L’U.E , c’est la guerre, US GO HOME

  2. « Poutine lui-même, par la guerre engagée contre un peuple frère, scelle le divorce et son propre affaiblissement. »
    Les coalitions armées occidentales qui ont provoqué les nombreux conflits que l’on sait depuis 1990 ont elles, elles aussi, eu droit à ce genre de commentaires culpabilisant à sens unique?

  3. Et dire que cette va en guerre qui ne lèvera pas le petit doigt pour aller combattre son ennemie viscérale, n’est même pas élue. Elle outre passe ses droits.

  4. Au nom de quoi la laisse t on prendre de telles décisions et les marteler dans les médias, c’est une fonctionnaire sans mandat.Il est quand même regrettable que ce soit le sultan turc seul qui l’ait remise à sa place un jour.

  5. la première question est de savoir de quoi elle se mêle, Est-elle Elue ? NON mais divers médias peu Français d’ailleurs et c’est une autre question, la présente avec son mari comme des escrocs internationaux à la solde de la mafia US et de Mc Kinsey . Est-ce étonnant quand on sait que ces mafias n’ont qu’un objectif détruire dans le monde tout ce qui ne leur rapporte pas de fric. Les US ne veulent ni de la Russie ni de l’UE alors qu’ils se détruisent serait un bien pour leurs revenus

  6. Cette femme est un véritable danger qui pour la virer?? elle n’est pas à sa place c’est avant tout une allemande et elle roule tout d’abord pour les américains ces
    magouilleurs qui eux ne font que mettre de l huile sur le feu comme d’habitude

  7. L’Europe « incapable d’empêcher la guerre » en Yougoslavie ? Vous voulez dire qu’elle fût complice de cette guerre de l’OTAN (une de plus) contre notre alliée serbe.
    Cette guerre voulue par les Etats Unis a conduit à installer en Europe une République Islamique et hautement mafieuse au sein de notre continent . L’affaiblissement de l’Europe est une vue constante de la diplomatie US.

  8. Vdl est une autre pantin(e) des mondialistes et surtout des USA et de s’est marchands de canons. Elle gesticule pour se faire voir. Elle est le perroquet de ses sponsors. Elle ne peut que prêcher et radoter sur leurs scénarios qui risquent que l’Europe subissent une 3ième guerre mondiale.

  9. Tout à fait d’accord avec vous, voir mon com. sur l’article du même sujet du colonel George MICHEL. Cordialement.

  10. En 2005, 54,67 % de Français, par référendum, ont dit non au projet de traité constitutionnel européen. 3 ans plus tard, Sarkozy, alors président, a modifié la Constitution et a fait voter une loi pour ratifier le traité de Lisbonne, copie conforme de la Constitution européenne rejetée lors de la consultation de 2005. Ces 54,67 % de Français ont été pris pour des pigeons. Aujourd’hui la France est embarquée dans une guerre. Cette guerre n’est pas celle des 54,67 % des Français ayant voté non.

  11. Les relations USA-Russie dépendent de qui dirige la Russie.
    En 1905 Jacob Schiff et Warburg sont les financiers attitrés du Japon dans sa guerre contre la Russie tsariste. En 1917 les mêmes financent les bolcheviques, puis les USA commercent avec l’URSS. En novembre 1933 (juste après Holodomor) Roosevelt reconnait le gouvernement soviétique. Le Brain Trust de Roosevelt s’entendait bien avec les bolcheviques. Après 1945 la guerre froide coïncide avec la slavisation des élites en Russie.

  12. La menace n’est pas la Russie mais elle et ses complices qui sont Biden et Macron , surtout ne pas se tromper d’ennemis madame .Vous et vos complices vous trompez de cibles pour préserver vos intérêts et caché vos crimes , vous bernez le peuple mais il n’est pas dupe .L’ennemi est bel et bien sur notre sol , sournois , menteur et avide de gains et de pouvoir .

  13. Il n’y a pas un dirigeant européen pour la recadrer! Les populations européennes sont en léthargie…Alors VDL et ses complices Macron et les autres continuent leur travail de destruction des nations et des peuples européens. Après tout, c’est facile pour eux, on désigne l’ennemi (covid, réchauffement, Russie…), on le diabolise et au nom de la lutte contre celui-ci on attaque la liberté et la souveraineté des états…Seul Orban se lève.

    • Par contre, il y a eu l’incident protocolaire turc dit « sofagate », VDL a été reléguée sur un canapé. Le président turc, ce jour-là, a fait mouche en l’humiliant

  14. Mme Van der Leyen a des réflexes de progressistes. De même qu’elle n’hésite pas à effectuer des déclarations extrêmement agressives envers la Pologne et la Hongrie, elle jette des anathèmes sur la Russie. Pour ces techno-bureaucrates, tordre le bras des peuples ou des États avec des sanctions économiques est une seconde nature. Seulement, en face il y a Poutine et la Russie.

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