[Tribune] La politisation du maintien de l’ordre, fantasme ou réalité ?

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Soyons clairs, toute forme de violence à l’occasion d'une manifestation, d’où qu’elle émane, est regrettable et condamnable. Pourtant, force est de constater que depuis plusieurs années, il est devenu impossible, dans notre pays, de voir une manifestation de voie publique se dérouler sans avoir à déplorer de nombreux blessés et de nombreuses dégradations et destructions.

Dans un passé récent, les diverses manifestations organisées par les gilets jaunes avaient déjà donné lieu à des spectacles affligeants pour la démocratie dans un pays qui s’en est pourtant toujours fait le chantre. Manifestants handicapés à vie. Policiers et gendarmes sérieusement blessés. Les déferlements de violence qui avaient accompagné ces mouvements populaires avaient d’ailleurs, à juste titre, alerté l’opinion internationale et provoqué des condamnations de la France sur sa façon « musclée » de gérer l’ordre public.

Malgré ces condamnations, rien n’a véritablement changé depuis quatre ans. Au contraire. Les derniers mouvements sociaux occasionnés par la réforme des retraites ou ceux observés à Sainte-Soline ont été accompagnés par les mêmes excès et les mêmes brutalités. Ainsi, la France qui était présentée, il y a quelques années encore, comme une spécialiste de la conduite des opérations de maintien de l’ordre, jusqu’à exporter ses savoir-faire dans de nombreux pays du monde, est désormais régulièrement montrée du doigt pour la brutalité, qui semble devenir systémique, dont font preuve les forces de l’ordre lors des manifestations.

Il est un fait que les rassemblements de personnes ont toujours, à des degrés divers il est vrai, été accompagnés de violences. Souvent circonscrites aux queues de cortège et au moment de leurs dispersions, il serait faux de vouloir faire croire que le phénomène est nouveau. En revanche, on ne peut que constater au fil du temps, en particulier dû au fait de la présence au sein des manifestations de véritables commandos organisés et aguerris mais qui restent intouchables, une aggravation de la violence et des brutalités.

Cette évolution semble cependant ne rien devoir au hasard. Le maintien de l’ordre qui, pendant de très nombreuses années, a été le pendant de la liberté de manifester, paraît, depuis l’épisode des gilets jaunes, être devenu un véritable outil politique au service d’un gouvernement. Préférant, à tous les niveaux, les passages en force, la radicalisation des opérations de maintien de l’ordre n’est en fait que la concrétisation d’un autoritarisme d’État qui ne se dissimule même plus.

Il y a donc bien une dérive du maintien de l’ordre en France, actuellement. Cette « science » qui, pendant longtemps, a accompagné quotidiennement l’exercice de la démocratie n’est plus, aujourd’hui, qu’un outil destiné à prémunir un pouvoir des conséquences éventuelles d’une vindicte populaire parfaitement légitime, puisque non prise en compte autrement.

Dans ce contexte, l’instrumentalisation des forces de l’ordre paraît donc bien être une réalité. Certes, elles sont à la disposition du pouvoir et garantes de la paix publique. Mais jusqu’à quel point ? La « politisation » du maintien de l’ordre à laquelle on assiste plus que jamais n’annonce rien de bon. Dés lors, on s’aperçoit combien la demande de dissolution de la BRAV-M via une pétition Internet ne résoudra en rien la question qu’elle prétend soulever. C’est en effet toute la philosophie de la gestion de l’ordre public qui est dévoyée et qui ne pourra retrouver ses racines républicaines que par un changement de politique et de gouvernement.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Des grandes décisions engendrant l’avenir de notre pays, se prennent par quelques personnes, souvent inconnus du grand publique, sans aucune concertations. Faut pas s’étonner des troubles qui s’en suivent par la suite.

  2. Cette façons de s’en prendre aux forces de l’ordre c’est peut être appeler à l’anarchie. et alors là ! La justice qui ne condamne pas de tels délinquants, surtout en ne condamnent pas des élus, que vaut notre justice Française. Faut pas ‘étonner que de plus en plus les gens font leur justice eux même et de plus en plus dans l’avenir, logique.
    Combien de ces casseurs pris en flagrants délie d’agresser gratuitement des forces de l’ordre et s’en tire en tout impunité, c’est fort de café. La justice ne devrait, pas en toute souveraineté, être libre de tels décisions.

  3. Et attaquer les secours, les pompiers ? Non, décidément, la violence n’est pas du côté des gendarmes.

  4. Article étonnant venant d’un ancien policier. Non monsieur Damien ce n’est pas le maintien de l’ordre qui est en cause mais la violence du camp d’en face qui depuis les gilets jaunes est entrée dans une phase digne de la guérilla urbaine. Fut un temps sur un certain territoire de la france c’est l’armée qui était appelée pour rétablir l’ordre, avec toutes les conséquences qui suivirent. Nous n’en sommes pas loin. Je soutiens à fond nos policiers et gendarmes.

  5. Monsieur Damien vous vous plantez complètement. Il y a des individus, dont beaucoup de non français, « no border » et autres, qui ont pour but public et avoué de détruire la République. Face à ceux là, il y a la technique des forces de l’ordre, parfaitement au point, et qui a plusieurs fois montré son efficacité. Le problème est quand Macron donne l’ordre de laisser casser en pensant y trouver un avantage politique, et aussi parce cela correspond à son caractère de gamin. Rien à voir avec une « politisation » des forces de l’ordre.

    • Oui, mais Macron est peut être plus malin que ce que l’on semble croire. C’est comme le combat de deux lutteurs qui semble se laisser battre au début, faisant baisser la garde de son adversaire et au dernier moment fini par gagner car l’autre s’y est laissé trompé.

  6. Il conviendrait de faire le même constat pour la presse et la justice également instrumentalisées. Les mots sont parfois plus violents qu’un coup de bâton. Les décisions de justice souvent aussi incomprises que les décisions politiques. Si les casseurs n’étaient pas violents les forces de l’ordre ne le seraient pas non plus. Enfin fausser une élection présidentielle pour une histoire de costumes et de pratiques largement répandues dans toutes nos assemblées a entraîné la politique que nous subissons actuellement. Quant à la désaffection dans les urnes il est vrai que l’abstention fait encore des dégâts dans les principales villes de France gérées par des idéologues verts élus par défaut. Oui notre pays est en danger mais les policiers et gendarmes n’y sont pour rien.

  7. Allez donc expliquer aux commerçants et tous ceux qui veulent travailler en « paix » que les forces de l’ordre qui entourent les manifs sont des méchants ! Alors que des zombis cagoulés, violents et armés, veulent réinstaurer la Terreur.

  8. ça a toujours été le cas (pensez aux années OAS) mais c’est redevenu très grave. Car dans  »maintien de l’ordre » il faut inclure la justice et les juges rouges (Murs des cons) et parjures

    • Que vient faire l’OAS ici ..? J’habitais Roubaix au début des années 60 , jamais mes parents et nous mêmes nous ne nous sommes inquiétés de l’OAS . Les seuls attentats que nous connaissions et dont j’ai été le témoin physique réel de l’un d’eux , c’était les règlements de compte entre l’ALN et le FLN dans les rues de Roubaix Tourcoing , des algériens qui se massacraient entre eux dans les foyers de travailleurs , des arrieres salles qu’ils fréquentaient, même sur un marché là où j’ai assisté à une fusillade mortelle ….c’est vrai que les FdO étaient visées par les algériens également, ce n’est pas pour rien que le poste de police place Sainte Elisabeth a Roubaix était protégé par une guérite bétonnées avec un filet métallique anti grenade ….Mais à nous , simples citoyens , jamais il ne nous serait venu à l’esprit de casser commerce , brûler les voiture et tenter de tuer un agent de police qui , pour mémoire , patrouillait à l’époque en vélo

      • Le sujet à traiter c’est : »La politisation du maintien de l’ordre, fantasme ou réalité ? » Aussi parler de l’OAS c’est bien rappeler une période ou la police et la justice ont été très politiques : les SAC, les enlèvements à l’étranger de  »soldats perdus », la peine de mort en matière politique…

  9. Monsieur Damien, en général, j’approuve vos écrits, mais là je ne vous suis plus, comment maintenir l’ordre sans violence devant des sauvages comme les Blacs Bloks qui viennent pour tuer, j’aimerais voir ceux qui critiquent la gendarmerie et la police, faire face à une charge de horde sauvage, quels moyens emploieraient ils tous ces beaux esprits, ce n’est pas avec des bisounours qu’on répond à une claque, du moins pas chez moi.

  10. La routine s’installe en matière de maintien de l’ordre des deux côtés. Les FDO sont un rempart de la République utilisées par le pouvoir actuel pour empêcher les manifestations sociales de dériver. Les revendications se veulent pacifiques au départ mais son toujours et curieusement infiltrées par des  » casseurs bouffeurs de flics ». Ces derniers sont rarement déférés devant les Parquets. Pourquoi ? Qui les envoie ? L’entêtement de l’exécutif rajoute de l’huile sur le feu comment cela va t’il finir?

  11. Comme à chaque fois on ne parle que des conséquences, jamais de la cause. Supprimer la cause il n’y aura plus de conséquences. Le Président veut la violence, il a la violence. Un Président à l’écoute des Français et tout ira bien.
    C’est simple et pourtant impossible, c’est quand même « dingue »

  12. Je ne vois pas en quoi une pétition de gauchistes bêlants pourrait influencer sur une politique de maintien de l’ordre. Dans BRAV M , il y a M comme Mobile. Ces unités ont été créées pour répondre à un besoin de déplacement rapide d’unités spécialisées dans l’interpellation face à une opposition qui, elle-même, se déplace constamment par petits groupes et frappe tous azimuts. Il ne s’agit que d’une entreprise de déstabilisation des Forces de l’Ordre.

  13. La question n’est pas de savoir si le maintien de l’ordre est politisé. La question est de savoir si nous vivons encore en démocratie où non. Quand on arrive à jeter périodiquement des milliers de personnes dans les rues qui protestent contre des mesures incomprises. On peut en douter.
    La démocratie dans ce pays est en danger.
    Un moyen de la sauver serait peut-être de rendre le vote obligatoire, sous peine de sanctions si besoin. C’est un peu facile de dire « j’en ai plus rien à faire » et de venir se plaindre ensuite. Et il est nécessaire de comptabiliser les votes blancs. Si, le vote blanc est majoritaire, tout le monde revoit sa copie…

    • Roan, la « démocratie » n’est qu’un concept creux, vide, qui donne à des millions d’individus l’illusion de participer activement à la vie de leur pays. Déposer un bulletin de vote dans l’urne serait un geste démocrate si l’information médiatique l’était tout autant.

    • des mesures incomprises où trop bien comprises, faut voir. Cette volonté de faire passer cette réforme une idée qui ne viens pas forcément de France.

  14. Soyons clairs , les forces de l’ordre face à des jets de pierre , cocktails molotov et autres projectiles tout aussi dangereux , ne peuvent pas répliquer en envoyant des bouquets de violettes. Quand on voit comment sont habillés certains  » manifestants » on voit bien qu’ils viennent uniquement pour casser du CRS et tout ce qui porte un uniforme. C’est notre arsenal législatif qu’il faut revoir. Ceux qui sont arrêtés ressortent à 95 % sans aucune sanction, motif , on n’est pas sûr que ce soit bien la personne arrêtée qu’il est l’auteur d’infraction. Il existe des liquides marquants indélébiles qui restent détectables pendant plus de quinze jours , ne faudrait il pas en équiper nos forces de l’ordre ??

    • Ces hordes de sauvages pourrissent les manifestations et cela arrange bien le gouvernement car on ne parle que de cela.
      Donc ils ne vont pas mettre en œuvre les moyens pour les contrer pénalement.

    • On attend encore les systèmes qui permettraient de mettre hors d’état de nuire en figeant images de flagrant délit. Vous évoquez les liquides indélébiles qui peuvent être associés à des images. Mais les drones, qui existent ne sont pas autorisés pour les forces de l’ordre, alors que des manifestants ou des journalistes peuvent impunément les utiliser.

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