[Tribune] : Éducation nationale et administration pénitentiaire, deux symboles forts de la faillite de l’État
Elles ne se sont certainement pas donné le mot, pourtant, presque au même moment, les familles de Samuel Paty et d’Yvan Colonna viennent d’annoncer, par la voix de leurs avocats, qu’elles déposaient plainte contre l’État. La première, parce qu’elle considère que les ministères de l’Intérieur et de l’Éducation nationale disposaient de suffisamment d’éléments d’information pour prendre au sérieux les menaces de mort qui pesaient sur le professeur. Elle reproche ainsi à ces administrations de ne pas avoir tout mis en œuvre pour protéger la vie de l’enseignant et demandera, en conséquence, une juste réparation du préjudice qu’elle estime avoir subi.
Pour la seconde, c’est à l’administration pénitentiaire, et donc également à l’État, qu’elle entend demander des comptes afin d’obtenir réparation, suite à l’assassinat, dans l’enceinte de la maison centrale d’Arles, du militant indépendantiste corse. La question sera posée de savoir comment deux détenus ayant un statut spécial de détenus particulièrement surveillés ont pu se retrouver seuls dans la salle de sport de la prison. Et comment le meurtrier de Colonna, Franck Elong Abé, a pu bénéficier de longues minutes sans surveillance pour attenter à la vie de son codétenu. Au-delà des deux instances qui se profilent, c’est, à n’en pas douter, du procès de l’État français dans son ensemble et de ses administrations qu'il sera question. Et ce n’est pas un hasard si ces scandales sont aujourd’hui portés par l’Éducation nationale et l’administration pénitentiaire.
L’Éducation nationale est, depuis de nombreuses années, en pleine déliquescence. Bien que première des administrations de l’État par le nombre de fonctionnaires (1.162.850, dont 866.000 enseignants) et par le budget, avec une dotation, pour 2022, de 56,5 milliards d’euros, les résultats de nos élèves ne cessent de baisser. Classée au 25e rang mondial sur 79 pays (classement PISA), la France ne cesse de reculer dans les matières scientifiques, notamment, pour se retrouver en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE. Dans le même temps, la discipline dans l’enceinte des établissements scolaires se dégrade régulièrement, si bien qu’il devient de plus en plus difficile de recruter des enseignants. C’est donc bien à la faillite globale d’un système qu'on assiste, sans que nos responsables politiques ne semblent en prendre véritablement conscience.
L’univers carcéral est aujourd’hui dans le même état. À tel point que les personnels pénitentiaires n’hésitent pas à dire qu’en prison, ce sont les détenus qui gardent les surveillants, et non le contraire. Au nom du « surtout pas de vagues », les règles les plus élémentaires de sécurité ont été régulièrement revues à la baisse, si bien que nos prisons sont devenues des lieux où s’exercent tous les trafics et où la violence s’est durablement installée. Dans ce contexte, les agents sont désormais particulièrement désarmés. Ainsi, même s’ils attirent régulièrement l’attention de leurs responsables hiérarchique sur une situation irrémédiablement explosive, ils ne sont, le plus souvent, jamais entendus.
Plus que de réformer l’ENA, c’était bien le fonctionnement de ces administrations qu’il convenait de changer. Tout d’abord, en restaurant l’excellence et la discipline au sein de nos écoles. Pour cela, il convient en premier lieu de revaloriser le statut et l’autorité des enseignants ainsi que leurs rémunérations. Par ailleurs, l’instauration d’un uniforme au primaire et au collège, tout en sanctionnant systématiquement les écarts de comportement, doit devenir la règle. Enfin, il faut remettre les matières fondamentales (français, mathématiques, sciences et histoire) au centre des programmes d’enseignement.
Pour l’administration pénitentiaire, une réforme en profondeur est indispensable. Rattachement au ministère de l’Intérieur ; création d’une direction centrale de la « police pénitentiaire » au sein de la police nationale ; restauration des mesures de sécurité dans toutes les prisons ; création de 20.000 places de détention et rétablissement de quartiers spécifiques pour les détenus particulièrement dangereux. Telles sont quelques-unes des pistes à suivre en urgence pour que notre pays puisse enfin retrouver la paix.
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31 commentaires
Il n’y a pas que l’école et les prisons , tout a été détruit par ce minable et sa bande d’incapables .
Les prisons sont devenues, de nouveaux territoires perdus de la République, là où règne la mafia islamique. Je plains les surveillants qui agissent sous leur contrainte et qui doivent se faire insulter et humilier chaque jour.
L’affaire McKinsey, les plaintes des familles de Samuel Paty et d’Yvan Colonna marquent cette fin de quinquennat du sceau de l’indignité, pour ne pas dire de l’infamie.
En ce qui concerne l’Éducation nationale, j’ajouterai le besoin d’une solide formation des enseignants.
Quant à notre école, nous arrivons en queue de peloton, la faute n’en revient-elle pas à un ministre nommé Blanquer qui a supprimé les maths dès la seconde? De plus, nous ramenons une multitude de délinquants dans collèges et lycées qui n’ont qu’un but: dealer et provoquer des émeutes. Comment voudrions-nous que nos enfants apprennent, ne serait-ce qu’un minimum avec des individus analphabètes et incultes?
Et que dire de la SNCF et sa dette endémique, de l’EDF qui grâce à l’utopie des écolos et à l’incurie des politiciens ne sera bientôt plus capable de fournir l’électricité, la justice déjà citée qui manque de moyens et pas seulement dans les prisons. Et que penser de l’Armée dont la logistique peine a décrocher du Mali et qui ne pourra bientôt plus que défiler au 14 juillet. Et si l’on aborde notre couverture médicale qui manque de tout et surtout de médecins… Mais que fait McCron?