Trains de la colère : ces usagers de province qui n’en peuvent plus
Il existe désormais une France périphérique ferroviaire, dont Toulouse ou Clermont-Ferrand font partie.
Ce mardi 15 avril, deux « trains de la colère » sont arrivés à Paris, en gare de Paris-Austerlitz pour être précis. Ils sont remplis de contribuables exaspérés qui demandent que la SNCF se concentre sur deux lignes particulièrement sinistrées : Paris-Clermont-Ferrand et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse. Les retards, les suppressions, les pannes empoisonnent la vie des élus et des usagers qui composent ces deux trains. Une fois en gare, les passagers de ces trains d’un genre un peu spécial seront rejoints par des cheminots, puis une délégation d’élus sera reçue au ministère des Transports… mais pas par le ministre. Il ne faut pas abuser, tout de même.
Jusqu'à douze heures de retard
Les derniers incidents prouvent le délabrement de ces lignes négligées : en direction de Clermont et de Toulouse (via Limoges), un train sur cinq est arrivé en retard de plus de cinq minutes, et en janvier dernier, à cause d’une locomotive en panne, un Clermont-Paris est arrivé avec… douze heures de retard. Parmi les gestes de générosité du ministre des Transports, un certain Philippe Tabarot qu’il faut tirer ici un instant de son paisible anonymat, on trouve une réduction de 10 % sur les abonnements de la ligne Clermont-Paris. Selon la porte-parole des usagers, « à 600 euros par mois, il n’y a personne qui s’abonne sur cette ligne » : 10 % sur un abonnement que personne ne prend, Monsieur le Ministre est trop bon…
En 2018, la SNCF a lancé un programme de modernisation de ces lignes provinciales, déshéritées, « encore équipées d’installations hétérogènes et vieillissantes », de son propre aveu. On ne sait pas trop si cela suffira.
Pour les ploucs de la campagne, des TER tristes
Il n’est pas indifférent que ces deux lignes, de toute évidence laissées à l’abandon, traversent cette autre France, intime, oubliée, qu’est le centre au sens large – le point aveugle de notre diagonale du vide. Clermont, Limoges, le sud d’Orléans ne sont plus guère desservis, ni par le train ni même par l’énergie vitale. De pavillons en zones commerciales, la modernité colonise progressivement ces périphéries, avec un goût pour le plastique et la laideur qui révolte l’âme. Dans ces zones, on roule en voiture : on ne peut pas faire autrement, ne serait-ce que pour aller chez le médecin. Pour aller à la capitale, c’est vrai, il y a le train, mais pourquoi la SNCF s’ennuierait-elle à entretenir des lignes auxquelles personne ne fait attention ? Bordeaux, Marseille, en voilà des destinations plus désirables, des destinations qui méritent le TGV ! Pour les pauvres gens, pour les ploucs de la campagne, il y a des TER tristes, des gares en dépression, des arrêts inopinés au milieu de nulle part… et des retards, des annulations... C’est déjà bien assez. Qu’ils s’estiment déjà heureux d’être reliés, d’une manière ou d’une autre, à ces centres urbains modernes dont le monde entier nous envie les bars à jus de légumes et les points de deal.
Ces trains de la colère ne sont guère différents des ronds-points naguère peuplés de gilets jaunes. La révolte grondait alors parce que le carburant flirtait avec les 1,50 euro : il est autour de 2 euros aujourd’hui et la révolte est morte. Peut-être arrivera-t-il la même chose à ces usagers à bout de forces : un petit billet, une tape dans le dos, un peu de violence contre d’éventuels meneurs, et ça s’éteindra… On comprend que le ministre lui-même ressente de la lassitude à l’idée de ces manœuvres duplices et presque automatiques. Le long de l’A75, promenade tendre et déchirante sur les bords d’une France qui meurt en silence, les voies ferrées elles-mêmes sont en retard sur la sinistre marche du monde.
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV
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38 commentaires
Dernière chose, Nîmes/Paris en 3h, avec des gares TGV partout qui servent seulement à une dizaine de clients… Une honte…
La ligne la plus abandonnée de France est celle qui relie Bordeaux à Marseille… Je l’ai prise durant des années pour aller à Nîmes, et rare ont été les fois qui m’ont vu arriver à l’heure. Il faut aussi connaître que moins de 30mn de retard et vous n’avez droit à aucun dédommagement. Mais plus de 30mn, non plus. Même si le conducteur de train vous annonce un remboursement, je ne suis jamais parvenu à me faire rembourser tout ou partie d’un billet. En plus, si vous avez fait votre réservation via internet, les guichets de la gare ne sont pas habilités à vous informer ou vous réparer de quoique ce soit. Voilà quelques années, sur un trajet Poitiers Toulouse. Sur la premier partie Poitiers/ Bordeaux, j’ai vécu 5h de retard, .. A Bordeaux, au changement de train… des contrôleurs souhaitaient nous faire payer le trajet Bordeaux/Toulouse; car de fait, par notre retard notre billet d’origine n’était plus d’actualité. Mais on ne s’est pas laissé faire. Par contre côté remboursement rien… La SNCF un vrai scandale avec notamment des planqués qui prennent leur retraite à 50 ans.
Pour être précis, il y avait un train arrivant à la gare de Bercy depuis Clermont, et un autre arrivant à Austerlitz depuis Limoges.
Il est curieux que le centre de la France soit aussi ignoré !
Y’a plus qu’a décréter des ZFE sur Limoges et Clermont ferrand…
L an dernier je voulais aller au Mans a partir de Paris en train voir le GP de France moto le dimanche . J’avis un train pour y aller mais pas de train pour rentre chez moi; Je suis resté chez moi. Et cette année toujours pas de train pour rentrer
Quand les bobos parisiens s’enhardissent à aller se confronter à la France profonde « (en Creuse par exemple comme ils disent ) , ils ne prennent pas le train ; alors pourquoi conserver ces rails qui défigurent le paysage, faisons à la place des pistes cyclables . Voila, sans doute le raisonnement que tient la caste qui gère ( très mal ) les affaires de notre pays.
Le coup des pistes cyclables, je connais bien, en tant qu’amateur pro des transports urbains. Des années pour la construire, histoire d’embêter les automobilistes avec un chantier encombrant le plus longtemps possible, installer une piste cyclable en supprimant une voie de circulation et puis,au final, quelques cyclises par heure et encore, en partie des promeneurs ! Ca va jusqu’à faire de plan alors qu’il y a en parallèle une voie ferrée désaffectée qui pourrait servir à installer un tram hors circulation .
Nos grands socialistes lotois ont quand même voté une subvention et une taxe pour financer le TGV Bordeaux-Toulouse que 99% des lotois ne prendront pas. Ils ont fait, à la place du chemin de fer, une belle voie verte pour les vélos entre Cahors et Figeac. Donc aller travailler à Cahors ou à Figeac, ce qui concerne pas mal de monde, vous y allez en vélo ou en………….. voiture. J’espère que les lotois comprendront que 50 ans au moins de socialo-communiste ont détruit notre LOT .
La déliquescence est partout !
J’habite un petit village en milieu rural. Notre maire macroniste n’a pas bougé lorsque l’on a fermé l’école. Il a entrepris des travaux pharaonique sur les bâtiments de la mairie ex école. Nous avons la plus belle et la plus grande mairie de France au m2 par habitant. Par contre, pas de services, pas de transport en commun, piscine cantonale fermée pour quelques années. Quand même, un panier de basket dans la cour de l’ex école mais interdit d’y jouer les dimanches et jours fériés … et pourtant notée jeunesse ne détruit pas, ne brûle pas les édifices publics. Mais je sens quand même que les ruraux vont bientôt se révolter. Espérons que nos politicards de La France Insipide leurs trouveront au moins plus d’excuses que celles consentis à nos banlieusards enrichis
S’il n’ont pas de train qu’ils y aillent donc en trottinette…
z’ont qu’à s’acheter une mercedes électrique… ça marche bien, surtout les grosses !
Tout part à vau-l’eau en France depuis trop longtemps. Y a-t-il un moyen d’arrêter ça ? Aucun espoir. Il n’y a pas que les TER tristes mais aussi les gens qui n’en peuvent plus tout simplement. Et Trenet ne pourrait plus chanter ‘Douce France’ aujourd’hui. Ce serait déplacé.