Thomas Ménagé : « 49-3 : le gouvernement s’est moqué de la représentation nationale, des députés élus pour faire la loi ! »

T Ménagé

Ce mercredi après-midi, Élisabeth Borne a usé du fameux 49-3 pour faire passer en force le budget de l'État. Quelles en sont les conséquences ? À quoi faut-il s'attendre dans les prochains jours ? Réaction de Thomas Ménagé, député RN du Loiret, au micro de Boulevard Voltaire.

Marc Eynaud. Élisabeth Borne et son gouvernement passent en force le budget de l’État. Êtes-vous surpris de l’usage du 49–3 ?

Thomas Ménagé. Nous ne sommes pas surpris, nous sommes en colère d’avoir attendu dix jours alors que nous savions pertinemment qu’Élisabeth Borne était habilitée à déclencher le 49-3. Nous avons travaillé pour rien pendant dix jours. Le gouvernement s’est moqué de la représentation nationale, des députés élus pour faire la loi, pour l’amender, pour travailler dans l’intérêt des Français. Et au bout de dix jours, l’ensemble du travail a été effacé. C’est un sentiment de colère devant le mépris. Quand je vois le sourire narquois d’Élisabeth Borne quand elle était à la tribune et qu’elle a annoncé le 49-3, quand on voit les applaudissements et la grande fierté de la majorité, en particulier de Renaissance, de ce passage en force, il y a beaucoup de colère et le sentiment qu’Emmanuel Macron et son gouvernement n’ont absolument rien compris du sentiment qui règne dans ce pays, rien compris des élections législatives où les Français ont appelé à ce que la démocratie parlementaire soit respectée. Force est de constater, ce soir, qu’Emmanuel Macron et le gouvernement piétinent à nouveau le peuple, via ses représentants.

M. E. A priori, la NUPES et le Rassemblement national déposeront une motion de censure, il y a peu de chances qu’elles passent. Finalement, ce sera deux coups pour rien…

T. M.. Les Républicains ont dit qu’ils ne voteraient aucune motion de censure. De notre côté, nous avons été très clairs en disant que nous voterions les motions de censure d’où qu’elles viennent, dès lors que, dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité sociale, il y avait un passage en force sur la reforme des retraites. Sur le budget, sur le projet de loi de finances, nous ne pourrions pas voter la même motion que La France insoumise car nous ne censurons pas le gouvernement pour les mêmes raisons. Il ne s’agit pas d’une censure sur la méthode, ce qui aurait été le cas dans le cadre de la réforme des retraites, mais sur le fond. Nous ne voulons pas les mêmes dépenses, le même budget que La France insoumise. Nous ne voulons pas un budget qui propose plus d’immigration, moins de policiers, qui propose de ne pas soutenir nos TPE, nos PME et notre ruralité, qui propose une écologie punitive. Nous ne pourrons pas voter cette motion. Quand bien même ces motions de censure ne passeraient pas, c’est un signal envoyé qui dit au gouvernement de faire attention car ça ne passe pas, cette fois-ci, mais ça pourrait passer à d’autres occasions. Les oppositions peuvent s’agglomérer.

M. E. Le but d’une motion de censure n’est-il pas de dépasser les clivages partisans contre le gouvernement ?

T. M. Là, en l’occurrence, il y a un exposé des motifs, des raisons de cette motion de censure. Les électeurs qui nous font confiance ne nous ont pas élus pour aller dans la même direction, au niveau budgétaire, que La France Insoumise. Sur certains sujets de méthode comme pour les retraites, nous aurions pu nous retrouver, aujourd’hui sur le projet de loi de finances, ce n’est pas possible. La question ne se pose pas, puisque les Républicains ont d’ores et déjà dit qu’ils ne voteraient aucune motion de censure.

M. E. Une dissolution de l’Assemblée nationale pourrait-elle arriver ?

T. M. C’est une éventualité, et nous disons à Emmanuel Macron : « Chiche ! » En effet, quand on regarde les études d’opinion aujourd’hui, les retours sur le terrain, les Français sont très heureux du premier groupe d’opposition qu’est le Rassemblement national, avec 89 députés. Au vu de la satisfaction de notre électorat, nous sommes certains que, demain, nous aurions davantage de députés. Ce n’est pas quelque chose qui nous fait peur, loin s’en faut. Emmanuel Macron peut brandir toutes les menaces, cela n’a aucune emprise sur nous, contrairement à d’autres groupes comme la NUPES ou les Républicains.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Fillon avait déjà annoncé le programme en appelant à voter Macron au 2ème tour de la présidentielle en 2017 !

  2. Les républicains ne sont plus crédibles. On ne peut pas à la fois critiquer le gouvernement dans toutes ses approches et « en même temps » le maintenir au pouvoir. Si la politique gouvernementale ne satisfait pas, il faut en changer la direction et la composition. Lorsque l’occasion est donnée, il faut la saisir. Ces républicains nous mènent en bateau, comme a su le faire Sarkozy.

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