Téléthon, piège à dons

argent

Il y aura le visage du petit Lenny, 6 ans, myopathe et porte-parole émouvant de l’édition 2020 ; le discours attendrissant de sa maman évoquant les espoirs suscités par la recherche. Vous verrez Jules, aussi, 4 ans, sa bonne bouille ronde derrière ses lunettes et son quotidien avec la maladie. L’on vous martèlera que, grâce aux dons, l’on peut parler de guérison. Il y aura toutes ces « belles personnes » et ces beaux gestes, tels Mbappé qui a décidé d'offrir deux places pour un match du PSG à suivre dans sa loge avant de le rencontrer, ou Xavier Niel qui soutiendra l’opération en permettant de faire un don directement depuis sa Freebox. Il y aura encore des cœurs avec des mains, des ballons colorés et de l’émotion parfaitement orchestrée lors de cette grand-messe cathodique au profit de la recherche génétique.

Pour autant, la pédagogie étant affaire de répétition, chaque année, il convient de réalerter sur ce qu’on ne vous dira pas, sur ce qu’on ne vous montrera pas. « On ne guérit pas encore la myopathie, sinon ça se saurait ! » prévenait Jean-Marie Le Méné, président de la fondation Jérôme-Lejeune, dans nos colonnes, l’année dernière. Derrière cette parade émotionnelle, cet enfumage dégoulinant de beaux sentiments, se cache donc un eugénisme qui froidement dépiste, sélectionne et élimine les embryons. On ne soigne pas la maladie, on l’éradique. De plus, l’embryon est utilisé comme matériau, sous le vocable très propret de thérapie cellulaire à partir des cellules souches embryonnaires, alors même que les chercheurs pourraient travailler sur des cellules IPS (cellules au même pouvoir régénérateur que les cellules souches embryonnaires, mais sans destruction embryonnaire).

Un projet, somme toute, assez cohérent avec son temps et s’inscrivant parfaitement dans le cadre transhumaniste de l’évolution de la loi bioéthique, allant à l’encontre de la dignité de la personne humaine et la défense de la vie. Tel est le prix de la vérité. Dans un premier temps, honoré de la première chaire de génétique fondamentale à la faculté de médecine de Paris pour sa découverte de la trisomie 21, Jérôme Lejeune fut décrié et calomnié par le politiquement correct en s’opposant à la mort du petit d’homme qui n’est pas cet amas de cellule que l’on nous admoneste pour endormir nos consciences. Dans notre monde matérialiste et déshumanisant, il répétait inlassablement que « la qualité d'une civilisation se mesure au respect qu'elle porte aux plus faibles de ses membres ». Une fois encore, ce week-end, il faudra débrancher sa télé.

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Iris Bridier
Journaliste à BV

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