Swinging London : Boris Johnson chassé de la direction du Parti conservateur…

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Il y a décidément quelque chose de fantasque avec certains leaders populistes, de l’Italien Matteo Salvini à l’Américain Donald Trump tout en passant par l’Anglais Boris Johnson. Comme si, fantasques d’extérieur, ils l’étaient aussi un peu à l’intérieur, ne pouvant s’empêcher de faire succéder les coups de folie aux coups d’éclat.

Ainsi, Boris Johnson, qui vient d’être poussé à la porte des Conservateurs, ce jeudi 7 juillet, mais devrait malgré tout demeurer Premier ministre jusqu’à ce qu’un membre de son parti ne soit désigné pour le remplacer. Pour lui, tout avait pourtant bien commencé : un mouvement pris à la hussarde, un Brexit finement négocié et n’ayant en rien débouché sur l’apocalypse annoncée par les médias locaux.

Et puis, tout déraille. Non point sur des sujets profonds ; plutôt sur des légèretés qu’il aurait facilement pu éviter. Des ribouldingues du diable au 10 Downing Street, le fameux Partygate, avec cigares et whiskies, alors que le bas peuple, en pleine pandémie et hystérie sanitaire, était confiné loin des pubs. Ensuite, la dégringolade. Hier, une trentaine de démissions chez les Tories, quinze députés et autant de ministres ; excusez du peu.

Parmi ces derniers, deux sont des poids lourds du gouvernement : Rishi Sunak, le ministre des Finances, et Sajid Javid, celui de la Santé. Explications du premier : « Le public s’attend à juste titre à ce que le gouvernement soit dirigé correctement, avec compétence et sérieux. Je reconnais que c’est peut-être mon dernier poste ministériel, mais je crois que ces normes valent la peine d’être défendues et c’est pourquoi je démissionne. »

Il est vrai qu’entre-temps, un nouveau scandale, aussi grotesque que le premier, est encore venu ébranler un gouvernement qui n’en avait pourtant pas besoin, avec la démission, ce 30 juin, de Christopher Pincher, ancien ministre du Logement et député chargé de la discipline parlementaire des élus conservateurs. Pincher se trouve sous le coup d’accusation de deux hommes qu’il aurait sexuellement harcelés dans un club privé alors qu’il était passablement ivre. Pour tout arranger, il est aussi reproché à Boris Johnson de l’avoir nommé ministre alors qu’il aurait été au courant de sa libido plus que débordante…

Il y a quelques décennies, voilà qui aurait fait les délices de la presse tabloïd ; mais depuis MeToo, l’époque est à nouveau au puritanisme militant dans le pays d’Oscar Wilde. Ce qui explique pourquoi Sajid Javid emboîte le pas de Rishi Sunak, affirmant en pleine Chambre des communes : « Trop, c’est trop ! Je crains que le bouton de réinitialisation ne puisse fonctionner qu’un certain nombre de fois. Il n’y a qu’un nombre limité de fois où vous pouvez allumer et éteindre cette machine avant de vous rendre compte que quelque chose ne va pas du tout. J’en suis arrivé à la conclusion que le problème commence au sommet de la hiérarchie et je crois que cela ne va pas changer, ce qui signifie que c’est à ceux d’entre nous qui sont en position de responsabilité d’opérer ce changement. » Voilà au moins qui est clair.

En l’état, Boris Johnson a-t-il encore un avenir politique ? On l’a vu trébucher, tomber et se relever tant de fois qu’il est encore bien tôt pour l’enterrer vivant, tant cet insubmersible mirliflore est connu pour ses inépuisables ressources. Quoi qu’il en soit et à défaut d’être tout à fait shocking, tout cela ne fait pas non plus très sérieux. Une chance pour nous que la Grande-Bretagne ait enfin largué les amarres avec le Vieux Continent, nous permettant ainsi de tenir cette rocambolesque affaire pour strictement anglo-anglaise…

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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