Tollé à l’Assemblée pour un Premier ministre « rescapé » : mais qui dépasse les bornes ?
Indignation surjouée mais de bonne guerre à l’Assemblée nationale, ce 6 juillet : « Mme Borne, il faut le dire, vous êtes une rescapée... » Provocation ? Ces quelques mots prononcés par Mathilde Panot, élue LFI du Val-de-Marne et présidente du groupe extrémiste, ont suffi pour déclencher un mini-tollé politico-médiatique.
Parmi les chevaliers blancs germanopratins qui, entre deux sodas, risquent toujours leur vie pour sauver la démocratie des rigueurs estivales sous l’auvent du Café de Flore, Raphaël Enthoven a pris tous les risques à sa mesure héroïque. Il a tweeté ! « Après l'abject "Durafour crématoire", Mathilde Panot, dans la droite ligne de Le Pen père, parle de « rescapée » à propos de la fille d'un résistant rescapé d'Auschwitz. » Ce moralisateur aux réflexes pavloviens n’étant pas tenu aux rigueurs historiques, pardonnons-lui tant de mauvaise foi et les amalgames douteux qui le mettent à l’abri d’être taxé de connivences trop droitières. Au moins est-il certain qu’on a parlé de lui !
Après l'abject "Durafour crématoire", .@MathildePanot, dans la droite ligne de Le Pen père, parle de "rescapée" à propos de la fille d'un résistant rescapé d'Auschwitz.
Ignorance ou monstruosité délibérée ? https://t.co/YMwO1OVUFG— Raphaël Enthoven (@Enthoven_R) July 6, 2022
Pour le reste, le crachin médiatique lancé – Joseph Macé-Scaron parle d'« obscénité » des dires de la dame –, doit-on expressément condamner les propos de la présidente LFI ? Certains questionneront son ignorance ; d’autres, qui se veulent d’éducation plus courtoise et choqués, dénoncent sa monstruosité brutale et qui serait délibérée. Mathilde Panot serait-elle cette « poissonnière » et cette « folle », ainsi que l’avait qualifiée un député urbain de Macronie ? Inculte et si mal dégrossie au point d’être incapable d’user des mots les plus feutrés du catalogue de la langue-de-bois pour humilier ou pour abattre une adversaire ?
Mettrons-nous ce dérapage sémantique sur le compte de son inexpérience parlementaire ? À 33 ans – âge de l’expiation –, réélue pour cinq ans de théâtre à la nation, cette fille d’une mère professeur de maths et d’un père formateur en lycée agricole, diplômée en « relations internationales » de l’IEP de Paris, serait-elle à ce point dépourvue de sens politique pour oser se jeter dans le piège grossier et si disqualifiant de l’antisémitisme ? On lui a vite prêté, bien sûr, la mauvaise intention, l’allusion ténébreuse et le propos honteux. Elle a tenté de sortir de la nasse en prétextant la malhonnêteté de l’argument adverse : « J’employais le mot dans le sens "sauvée de justesse par la Macronie" », justifie-t-elle. Et elle ajoute : « Aucune référence à sa terrible histoire familiale. »
Il aurait pourtant suffi à la députée LFI de plonger dans l’article biographique Wikipédia du Premier ministre pour y lire ceci du drame paternel : « Joseph Bornstein [...] rescapé des camps de concentration nazis d'Auschwitz et de Buchenwald. » Avant de s’en inspirer, peut-être, pour ce qu’elle a pu imaginer comme un bon mot d’une colossale finesse assassine. Mais, dans le doute, ne l’accablons pas, dans ce procès d’intention, avec la meute rad-soc renouvelée des moralisateurs de circonstance. Attention, cher lecteur ! Il ne s’agit pas de nous apitoyer pour cela sur les désagréments médiatiques d’une jeune activiste tombée dans le panneau !
Finalement, qu’Élisabeth Borne soit rescapée ou pas, cette mini-tempête au palais Bourbon a masqué l’essentiel : ce mercredi, devant les représentants de la volonté populaire, elle a manifesté, devant tous, le mépris macronien du débat et la ligne inflexible d’une technocratie qu’elle incarne à merveille. En refusant grossièrement de citer la présidente LFI et son homologue RN, les excluant d’emblée du « dialogue » et de « l’ouverture » qu’elle prétend engager, elle n’a pas lancé le bon signal pour gouverner. Provocations verbales ou provocations par non-dit : qui dépasse les bornes ?
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4 commentaires
Je crains, et c’est un euphémisme, l’attitude outrancière de LFI durant toute cette mandature.
De qui se moque t’on?
Si les victimes de la shoa méritent sans la moindre discussion notre commisération et que l’horreur de ces crimes doit être inscrit dans les mémoires, le peuple juif n’est pas propriétaire de la langue française.A entendre les cris de certains il serait interdit et antisémite de parler d’un rescapé pour quelqu’un qui sort miraculeusement d’un grave accident de voiture? Et un ancien combattant qui s’est relevé de lourdes blessures ne serait pas rescapé ?
33 ans ? ce n’est qu’une enfant à LFI on fait des blagues bien lourdes à + de 40 ..sans doute l’âge de l’adolescence dans ce parti ..n’oublions pas la députée européenne qui martyrisait un pantin avec masque Macron .et surtout plus récent .1 mariage et un enterrement ,parodie à 2 balles du film so british .
Ca y est ! on recommence la tambouille politicaillonne !! Les petites phrases, les cris d’orfraie, les amalgames outranciers. Pour « cinq mille balles » d’argent de poche par mois, on peut mieux faire, non ?