« Je suis quotidiennement assaillie de courriers de retraités se plaignant de cette hausse de la CSG »

Emmanuelle Ménard a écrit au ministre du Budget, Gérald Darmanin, pour réagir contre la hausse de la CSG. Depuis le 1er janvier, la mesure s'applique, et les retraités la ressentent très durement, particulièrement, bien sûr, les moins aisés d'entre eux. C'est autant d'argent qu'ils ne donneront plus à leurs enfants ou petits-enfants, qui ont parfois du mal à joindre les deux bouts.

Emmanuelle Ménard, vous avez écrit au ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, pour protester contre la hausse de la CSG. Pourquoi réagir maintenant ?

"Nous avions déjà réagi contre cette promesse de campagne de monsieur Macron. Cela fait de longs mois que nous protestons contre cette mesure.
Depuis le 1er janvier 2018, la mesure s'applique et donc les retraités subissent désormais dans les faits la hausse de 1,7 point de la CSG. C’est pour cette raison que j’ai réécrit aujourd’hui à monsieur Darmanin. Depuis lors, je suis assaillie quotidiennement par des retraités qui se plaignent de cette mesure. Un retraité m’a récemment confié que cette mesure lui enlevait 67 euros par mois dans son budget. Ça compte quand on a un petit budget."


Le gouvernement se justifie en déclarant que cette mesure permettra de donner plus de pouvoir d’achat aux actifs. On parle de 7 milliards d’euros de pouvoirs d’achat qui seront redistribués. Les retraités paient-ils pour les actifs ?

"D’une part, ce sont les retraités qui paient pour les actifs. D’autre part, le raisonnement ne tient pas. Les 67 euros du même retraité dont je vous parlais sont autant d’argent qu’il ne donne pas à ses enfants ou à ses petits enfants. Ce sont des actifs qui ont parfois du mal à joindre les deux bouts, parce que la situation de l'emploi est difficile. Or, les grands-parents par définition très souvent retraités aident les générations en dessous et ne peuvent désormais plus le faire à la même hauteur en raison de cette baisse de pouvoir d’achat.
Dire que les retraités payent pour les actifs n'est en réalité pas tout à fait vrai. En revanche, beaucoup de retraités ne sont pas aisés et se retrouvent, par cette mesure, attaqués au quotidien dans leur pouvoir d’achat."

Pour autant, le nombre de retraités et les coûts associés augmentent et pèsent sur l'économie du pays. Que faut-il donc faire pour éviter cette hausse tout en préservant notre déficit ?

"C’est terrible de parler du "coût" des retraités. D'un côté, on nous dit que les retraités gagnent trop d’argent et qu'ils doivent contribuer à l’effort national, et de l'autre que les retraités coûtent très cher. Il faut savoir !
Si les retraités ont du pouvoir d’achat, laissons-leur. Puisqu’ils consomment, ils participent comme les autres à l’économie du pays. Il ne faut pas uniquement raisonner en termes de charges.
Quand la population vieillit, cela peut induire en effet des coûts supplémentaires de santé, mais je trouve que c’est terrible de leur porter cette accusation-là. Les retraités ont travaillé toute leur vie, à une époque qui n'était d'ailleurs pas forcément facile. Ils ont payé toute leur vie pour avoir droit à ces assurances sociales, à ces retraites et à ce système de santé. Ce serait une double peine que de leur offrir moins de choses maintenant, alors qu'ils sont à la retraite.
En plus, je ne suis pas sûr que ce soit un bon calcul."

Emmanuelle Ménard
Emmanuelle Ménard
Journaliste et essayiste - Députée de l'Hérault.

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