La reculade du gouvernement à Notre-Dame-des-Landes aurait-elle redonné de l'espoir et de la vigueur aux contestataires de tous poils qui sévissent, aujourd'hui, sur les différentes ZAD (zones à défendre) que compte notre territoire ?

C'est ce qu'il est permis de croire, quand on voit la détermination qui anime les antinucléaires installés depuis de nombreux mois à Bure, dans la Meuse, et qui s'opposent - y compris par la violence - à la construction d'un centre d'enfouissement de déchets nucléaires.

C'est ainsi que, le jeudi 22 février dernier, à 6 heures 15 du matin, 500 gendarmes, soit environ 5 escadrons de gendarmerie mobile, sont intervenus pour déloger les 15 occupants d'un bois, le bois Lejuc, où les travaux conduits par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) devraient avoir lieu dans les années à venir.

La contestation des grands projets nationaux, publics ou privés, par des groupes aussi variés que multiples, mais souvent issus de la gauche anticapitaliste et anti-système, voire de l'ultra-gauche, a toujours existé dans notre pays. Aujourd'hui encore, plusieurs "zones à défendre", expression des contestataires en réponse aux "zones d'aménagement différé" des promoteurs, sont actives en différents points du territoire. Rappelons, pour mémoire, la ZAD de Roybon, dans l'Isère, qui s'oppose depuis 2007 à la construction d'un Center Park dans la forêt de Chambaran, la ZAD de Kolbsheim, près de Strasbourg, qui s'oppose à la réalisation d'une voie de contournement de l'agglomération, ou bien encore la ZAD de Gonesse, en Île-de-France, qui s'oppose à l'édification d'un centre commercial géant prévoyant l'installation de plus de 500 commerces.

On le constate, la contestation concerne de nombreux projets. Elle est conduite par des associations, des groupes et des individus de provenance et de sensibilités différentes, mais tous animés par le même objectif : mettre fin à notre société libérale de marché. Face à cette opposition qui n'hésite pas à faire usage de la violence pour parvenir à ses fins, nos gouvernants sont devant à un dilemme : préserver l'autorité de l’État tout en maintenant l'ordre républicain sans effusion de sang et, surtout, sans faire de victimes. Le drame survenu à Sivens, qui avait vu le décès d'un jeune militant écologiste (Rémy Fraisse), rappelle régulièrement aux autorités combien la gestion de ces affaires peut s'avérer délicate, voire explosive.

Pourtant, nul ne peut ignorer que, dans ces bras de fer qui opposent des minorités agissantes au reste du pays, les enjeux ne sont pas qu'écologiques, ou que la crainte du nucléaire ne dissimule pas d'autres objectifs moins avouables. En effet, la contestation multiforme qui sévit sur ces "zones à défendre" mais qui deviennent peu à peu des "zones de non-droit" vient questionner les fondements même d'une société hésitante, mal à l'aise avec ses choix, et qui n'a plus confiance dans le progrès. La présence d'un Nicolas Hulot au plus haut sommet du gouvernement illustre parfaitement ce malaise et renvoie nos politiques à leurs contradictions les plus profondes.

Une fois encore, la réponse ne pourra pas être que policière. Une fois encore, il faudra que ceux qui prétendent présider aux destinées de la France fassent des choix, les annoncent et les assument. Car à Notre-Dame-des-Landes, à Bure ou ailleurs, c'est bien l'avenir de notre pays comme grande puissance économique et technologique qui est en jeu.

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06 mars 2018 à 16:44

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