Stéphane Ravier : « La réalité à Marseille veut que l’on se tire dessus à la kalachnikov lorsqu’on gêne ou qu’on veut s’accaparer un point de deal »

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Emmanuel Macron doit se rendre, le 2 septembre, à Marseille pour annoncer un « grand plan » pour la cité phocéenne alors que, sur fond de trafic de drogue, la violence se déchaîne dans la ville. Réaction du sénateur des Bouches-du-Rhône Stéphane Ravier.

 

 

 

Emmanuel Macron doit se rendre à Marseille, le 2 septembre, pour annoncer un plan de lutte contre le trafic de drogue qui sévit dans votre ville. En attendez-vous quelque chose ?

 

En réalité, la venue d’Emmanuel Macron est programmée de longue date, son déplacement s’est inscrit dans une volonté d’être le père Noël de Marseille en annonçant des centaines de millions d’euros toujours pour la même chose : les transports, la culture et, accessoirement, la police et la Justice. Donc, je n’en attends pas grand-chose. Pour avoir lu les diagnostics des uns et des autres, je constate que rien ne change et le paradigme ne change pas. À partir de là, il n’y a rien à attendre de bien convaincant sur ce problème du trafic de drogue qui nous touche depuis longtemps à Marseille.

 

 

Est-ce que le trafic de drogue et la violence sont corrélés, à Marseille ?

 

Bien sûr, et cela fait une vingtaine d’années que ça dure. Lorsqu’il y a ce genre de règlement de comptes à Marseille, l’écho médiatique est plus important qu’ailleurs, mais le trafic de drogue a lieu également dans les grandes métropoles et dans les petites villes de notre pays. À Marseille on utilise les pires méthodes pour se débarrasser de son concurrent. On se tire dessus à la kalachnikov, on finit en barbecue, c’est-à-dire incendié dans une voiture lorsque l’on veut s’accaparer un point de deal. Ce sont des méthodes de sauvages et, en quelques mois, nous avons déjà eu 15 morts, à Marseille. Ces règlements de comptes se passaient « normalement » jusqu’à ce qu’un enfant de 14 ans en soit la cible. À la suite de cela, il y a eu un emballement médiatique.

Le trafic de drogue entraîne une violence inouïe. Mon ancienne collègue Samia Ghali déplace le problème en estimant que tant qu’il y aura des armes de guerre en circulation, on ne pourra rien faire. Or, elle prend le problème à l’envers, en désignant une conséquence comme une cause. C’est parce qu’il y a un trafic de stups important qu’il y a un trafic d’armes. Ils ont pris le contrôle de nombreuses cités, cela génère des centaines de millions d’euros et les trafiquants ont recours à l’utilisation d’armes de guerre.

 

Y a-t-il des zones, à Marseille, qui ne sont plus sous l’autorité de la République française ?

 

Dans le quartier de Noailles, en centre-ville, à proximité du commissariat central, il y a le trafic de cigarettes.
Partout ailleurs, le trafic de stups est devenu industriel en raison du contrôle des quartiers par les trafiquants. À la Castellane, ou à la cité des Oliviers dans le 13e arrondissement par exemple, il y a des check-points, on arrête votre véhicule, on vous demande d’ouvrir le coffre pour vérifier s’il n’y a pas de policiers, puis il y a un deuxième check-point qui règle la vie quotidienne des habitants et leurs heures de sortie. Lorsqu’il y a un arrivage de drogue en grande quantité, la vie quotidienne s’arrête pour que le trafic puisse se dérouler. Il y a une prise de contrôle qui pose une grande difficulté aux policiers car il y a des guetteurs partout et des jets de projectiles. Il y quelques années, le préfet de police avait été accueilli, à la Castellane, par des tirs à l’arme lourde.

 

Les habitants de ces quartiers souffrent-ils de la présence des trafiquants ou en tirent-ils des avantages ?

 

L’écrasante majorité des habitants subit la présence du trafic et le contrôle des cités. Mais j’ai constaté, et les policiers m’en ont parlé, qu’il y a un certain nombre d’individus qui acceptent d’être les nourrices, ils stockent chez eux des produits stupéfiants, de la coke ou du cannabis. En échange, ces nourrices reçoivent de l’argent, les loyers d’un certain nombre de familles sont réglés. Un acteur social de la cité des Lauriers me disait qu’à la suite d’un grand coup de filet opéré par la police, il y a quatre ou cinq ans, avec l’arrestation de nombreuses personnes, bon nombre de loyers n’ont pas été payés pendant plusieurs mois. Une économie parallèle satisfait un certain nombre de personnes dans ces cités et permet aux bailleurs d’encaisser les loyers. Bien entendu, je ne dis pas que les bailleurs sont complices, mais je constate que tout le monde y trouve son compte, finalement…

 

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Stéphane Ravier
Président du groupe RN au conseil municipal de #Marseille | Sénateur des Bouches-du-Rhône (13)

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