Boulevard Voltaire a largement contribué à alimenter le débat sur le statut de première dame voulu par le Président Macron. Juristes et historiens ont brillamment participé à cette disputatio dont la politique française raffole. Par ailleurs, un contributeur a dit ce qu'il fallait dire sur notre société, notre diplomatie et notre politique suspendues aux dépêches annonçant la progression de la parturition de la femelle panda du zoo de Beauval : "une déchéance civilisationnelle".

La coïncidence a voulu que Brigitte Macron, dont on sait, autant que M. Macron lui-même, le rôle qu'elle joua dans son élection - notamment par les divers jeux de contraste avec les conjointes de ses prédécesseurs et, bien sûr, avec Mme Fillon, et à laquelle on peut objectivement reconnaître, avec M. Bilger, une certaine tenue -, a elle-même glissé dans cette même déchéance.

En contactant le zoo de Beauval pour se dire "très heureuse" d’être la marraine du premier bébé panda né en France, et en annonçant sa visite au zoo "dans les prochains mois pour voir le bébé", Mme Macron a versé dans le ridicule, et l'abaissement. Les responsables du zoo ont précisé que Brigitte Macron validera le prénom avant de "venir pour la cérémonie officielle" au zoo de Beauval, qu’elle "connaît très bien et où elle est venue plusieurs fois".

Que Mme Macron soit une habituée du zoo de Beauval, c'est son choix et cela ne nous regarde guère. Que la première dame se prête à cette comédie, c'est regrettable, surtout quand elle a incarné, le temps d'un printemps, le rêve français d'une certaine « hauteur »...

La coïncidence (mais en est-ce une ?) a voulu que ce soit ce week-end-là, précisément, qu'une pétition lancée sur Change.org par un certain Thierry Paul Valette, fondateur de l’Égalité nationale, mouvement anticorruption, ait dépassé le seuil des 150.000 signataires. Cette pétition s'intitule : "Contre le statut de première dame pour Brigitte Macron". Le texte explique qu'avec "un tel statut la première dame usera de son rôle comme bon lui semble et ce sera lui reconnaître une existence juridique qui permettrait de bénéficier d’un budget, d’un rôle important, de nombreux collaborateurs".

Rappelant le personnel d'ores et déjà mis à la disposition de Mme Macron, il explique l'opposition à cette mesure par le contexte politique et budgétaire actuel : "À l’heure où l’État souhaite faire des économies dans le budget de l’armée et souhaite moraliser la vie politique, se pose un problème de conscience nationale."

Enfin, la pétition propose que la décision soit prise par le peuple souverain : "Si cette question doit être tranchée elle devra se faire dans le cadre d’un référendum et non du fait d’un seul homme."

Quand on veut faire de la morale l'axe d'une campagne et d'une présidence, il faut être irréprochable. Les Fillon nous l'ont appris.

Mais quand on prétend redonner à la France et aux Français leur lustre passé, celui de leurs institutions et des personnes choisies pour les incarner, il faut aussi savoir se tenir à un certain niveau.

Nous méritions mieux qu'une première dame marraine d'un panda chinois.

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06 août 2017 à 23:47

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