Sondage politique à Sciences Po : les résultats vont-ils vous surprendre ?

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Parmi les nombreuses scènes admirables et hilarantes que raconte l'historien, universitaire et spécialiste de l'Afrique Bernard Lugan dans Mai 68 vu d'en face (Éd. Balland), il y a celle où, avec ses camarades de l'Action française, il passa un jour par la fenêtre d'un étage de Sciences Po, rue Saint-Guillaume. Entré dans une salle de cours, il tonna d'une voix de commandement : « Action française ! Ne bougez pas ! Distribution de tracts ! » Ce qui le frappa, raconte-t-il, avec des décennies de recul, fut la passivité totale, le silence et la soumission de ces têtes bien pleines, baissées vers le sol dans un silence tremblotant. « Des mollusques », tranche Lugan. Où en est-on, en 2022, du côté des élites politiques et médiatiques et du creuset de leur formation ?

Le CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po) a demandé à la génération actuelle des étudiants de Sciences Po quel était leur positionnement politique. Relevons d'abord que ce centre, qui fait partie de Sciences Po, respecte scrupuleusement l'écriture inclusive (« nombre de répondant.e.s », peut-on lire en bas de page). Le ton est donné. Serez-vous surpris d'apprendre que, dans cette « grande école » qui continue à former les journalistes et les hommes politiques de premier plan, ceux qui constituent ce que l'on appelle « les élites » (et dont le pluriel devrait déjà éveiller les soupçons), on vote pour Jean-Luc Mélenchon à 55 %, pour Emmanuel Macron à 21 %, pour Yannick Jadot à 11 %, et que le reste de l'échiquier politique se partage les 13 % restants ? Peut-être pas. En ce qui me concerne, sans être particulièrement bouleversé, je trouve tout de même spectaculaire que les avis soient aussi tranchés, et dans de telles proportions.

Et ce n'est pas fini, puisque le sondage, ou la consultation, se veut particulièrement complet.e ! On a demandé à ces jeunes gens et jeunes filles, qui reconnaissent, à 80 %, appartenir à « une élite », à quels personnages politiques allaient leur sympathie. La liste de leur Top 16 ne déçoit pas ou plutôt ne surprend pas... Elle mérite d'être citée en entier : Alexandria Ocasio-Cortez arrive en tête, suivie de Jacinda Ardern, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon, Volodymyr Zelensky, Angela Merkel, Christiane Taubira, François Ruffin, Raphaël Glucksmann, Christine Lagarde, Barack Obama, Sandrine Rousseau, Édouard Philippe, Ursula von der Leyen, Bernie Sanders et Philippe Poutou. Voila le Panthéon des futurs décideur.e.s de notre pays. D'ici quelques années, on retrouvera les votants dans les conseils d'administration, les cabinets ministériels et les rédactions des grands journaux ou des chaînes de télévision. C'est normal, ils sont une élite, ils le savent, ils l'ont dit.

Même si ce n'est pas surprenant, c'est tout de même bien triste. Le fait qu'ils soient de gauche à plus de 80 % n'est pas le pire. Le pire, c'est leur soumission totale aux totems politiques du jour. On termine sur deux points, pour attaquer la semaine avec le sourire. D'abord le « thermostat de leurs valeurs » : en gros, que répondent-ils à la question « bien ou pas bien ? » Sachez que ce qu'ils préfèrent, sur le podium, ce sont les valeurs « #MeToo », « laïcité » et « syndicats ». Quant à leur perception de l'avenir, ils estiment peu probable une guerre (mondiale comme civile) sur notre sol, mais craignent une guerre mondiale loin de chez nous (ce qui est probable, mais n'arrivera pas sans nous, malheureusement) et... une catastrophe écologique majeure.

Gabrielle Cluzel parlait, récemment, au sujet d'un député NUPES qui insultait BV, des boussoles qui indiquent le sud. Un phénomène magnétique de grande ampleur est en train de se produire dans le VIIe arrondissement de Paris !

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Les entreprises, les indépendants et de nombreux salariés devront constamment innover pour garder une certaine puissance économique à la France contrecarrés sans cesse par ces énergumènes de Science Po & co qui alourdiront toujours plus les contraintes sociétales et administratives , charges et taxes. Imaginons des élites qui aideraient au développement industriel et culturel on seraient les rois du monde?

  2. Cette école tout comme l’ENA devraient être fermées depuis longtemps car ce sont le épinières de nos malheurs et de la décroissance et e la chutte de la France. Il faut en finir avec ces fabriques de pseudos élites qui enfait ne servent qu’à se constituter un carnet d’adresses afin de bien vivre sur notre dos tout en nous arnaquant. (nota virer en passant ceux qui sont déjà en place et nuisent au pays)

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