Subconscient : après le « sentiment d’insécurité », nous voilà atteints de « l’angoisse énergétique » !

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Tout comme la pandémie de Covid installa de nouveaux rendez-vous dans notre quotidien médiatique, la crise de l’énergie dans laquelle nous entrons est, elle aussi, source d’initiatives.

En ce lundi, c’est Le Monde qui inaugure une nouvelle chronique sous le titre « Le divan du monde ». La première invitée est la psychanalyste Claude Halmos, bien connue des auditeurs de France Info où elle intervient régulièrement pour tenter de guérir nos bobos et apaiser nos souffrances existentielles sur un ton lénifiant. Le thème de cette première chronique est inspiré de l’actualité et porte sur nos angoisses de manque : « Aurons-nous assez de gaz et d’électricité cet hiver ? » Le Monde aurait pu ajouter l’essence…

Claude Halmos n’a pas le bouton du nucléaire, pas plus que la main sur le robinet du gaz, elle ne répond donc pas à la question. Ce qu’elle examine, c’est notre vulnérabilité à la trouille. Alors, comme nous nous sommes rués sur les rouleaux de PQ et les pots de moutarde en prévision des confinements, elle craint que les prévisions apocalyptiques sur un hiver rigoureux sans électricité ni chauffage ne nous fassent péter les plombs.

« On évoque souvent une "peur du manque", mais les réactions à la perspective d’une pénurie sont très complexes et supposent, pour être appréhendées, que l’on distingue deux notions que l’on confond souvent : la peur et l’angoisse », dit-elle. Or, ce sont deux sentiments qui méritent d’être distingués : « On peut en effet parler de peur quand le danger redouté est réel », alors que l’angoisse survient « quand il est imaginaire ». Et la psychanalyste d’expliquer que la peur du manque peut être comblée par l’accumulation (je stocke de la moutarde et du PQ) quand l’angoisse, elle, ne peut être que difficilement comblée en ce qu’elle fait écho à nos histoires personnelles.

Celle-ci, dit-elle, « peut naître d’abord de la gravité de la situation car, du fait de la nature de l’objet sur lequel elle porte, ou parce qu’elle vient s’ajouter à d’autres, la perspective d’une pénurie peut faire surgir, pour ceux qui vont la subir, le spectre terrifiant d’un manque total ». C’est sûr, notamment pour ceux qui sont « en état de sobriété subie », comme dit Mme Pannier-Runacher. Et puis, ajoute Claude Halmos, cela ravive en nous la situation tragique du « nourrisson dont la survie, puisqu’il ne peut l’assurer lui-même, dépend totalement de l’autre ». Allez vous étonner, après cela, que l’État nous infantilise…

De l’État il n’est nullement question dans cette tribune. Pas plus qu’il n’est question de la psychose instillée chaque jour par des propos anxiogènes et des mesures qui visent à nous y enfermer. Par exemple, cette nouveauté, apparue ce week-end sur les chaînes de France Télévision qui offrent, au terme du bulletin météo, un nouvel indicateur : EcoWatt. Dorénavant, en plus de la météo des plages et des neiges, nous aurons donc une météo de l’électricité. Un peu comme on égrenait chaque soir le nombre des malades du Covid, un code couleur vert, orange ou rouge nous dira s’il faut couper le radiateur et enfiler la combinaison en pilou.

Voilà trois ans, bientôt, qu’on nous conditionne. Les années Covid ont servi de répétition générale. Maintenant, la chose est rodée, il suffit d’appuyer sur le bouton de la peur et ça roule. De ViteMaDose en TrackMyWatt, le conditionnement est parfait. S’y ajoute, cette fois, une culpabilisation du citoyen qui ne cherche même plus à se dissimuler : il est coupable de tout ce qui lui arrive.

Ainsi Pannier-Runacher a-t-elle expliqué, sur BFM TV, ce dimanche, que la pénurie de carburant était due à une « augmentation inhabituelle de la consommation » – encore l’angoisse du nourrisson, sans doute – et d’enchaîner : « J’en appelle aussi à la responsabilité de chacun. »

Bref, tout cela est de notre faute.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 11/10/2022 à 18:23.
Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

24 commentaires

  1. On peut tourner en dérision « le sentiment d’insécurité ou de pénurie  » orchestré par le gvt, mais on ne peut effacer l’inquiétude pour l’avenir. A voir tout ce qui nous est arrivé comme contraintes administratives depuis des décennies sur le transport (surtout l’automobile), le logement et la propriété ; et toute la vague déferlante des interdits de dire depuis la loi Gayssot ainsi que l’irruption invasive de l’immigration sud-méditerranéenne, le tout allant crescendo, nous serons dépossédés du droit de propriété dans le sens où nous ne serons plus libres d’action et serons hyper-taxés sur la maison individuelle du privilège de ne pas vivre empilés dans les tours; nous n’aurons plus droit à la libre expression comme dans  » fahrenheit 451″, et nous devrons nous plier devant les nouveaux arrivants.

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