Un intervenant extérieur, mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste, a été recruté pour "remplacer rapidement" un professeur d'anglais, au collège Jacques-Mercusot de Sombernon (Côte-d'Or). Le site de France TV Info rapporte les faits : dès le 12 septembre, sa mission a pris fin précipitamment quelques heures après avoir commencé "car son dossier n'était pas complet", indique pudiquement le rectorat de Dijon. Mais une source judiciaire a confirmé que cet homme était poursuivi depuis le mois de juin après avoir été interpellé devant le collège Sainte-Marie de Casteljaloux (Lot-et-Garonne), dans le cadre d'une enquête sur une filière djihadiste qui envisageait de rejoindre les combattants du groupe État islamique en Syrie. Il était, par ailleurs, placé sous contrôle judiciaire. L'homme avait déjà effectué deux remplacements de quelques semaines au collège Saint-Jean de Tonneins, dans le même département ! Il avait constitué un dossier administratif et fourni au rectorat un extrait de son casier judiciaire. Son dossier avait été "validé car il ne comportait aucun doute" !

Tout ceci laisse pantois et révèle, une fois de plus, un dysfonctionnement interministériel qui nécessite de durcir le schéma national de prévention de la radicalisation et un recadrage des mesures prises au sein même de l’Éducation nationale.

Depuis 2016, il existe des référents « radicalisation » dans chaque rectorat dans le cadre du plan national de prévention de la radicalisation. Leur rôle est principalement d'aider à la détection des élèves susceptibles d’être en voie de radicalisation mais ne concerne pas explicitement les enseignants ! En revanche, ils doivent faire le lien entre les établissements scolaires et les différents partenaires présents dans la cellule de suivi préfectorale dont ils font partie, comme le parquet et, donc, la Justice. Dans le cas qui nous occupe, on ne sait - discrétion oblige - d'où vient le dysfonctionnement, non-signalisation par la Justice ou négligence de la part du rectorat, mais qu'importe, les faits sont là. On ne peut donc qu'encourager le Premier ministre à effectuer une évaluation de ce plan 2016 et de l'élargir à la radicalisation des enseignants, comme de tous les fonctionnaires ou militaires les plus engagés dans la sécurité. Le ministre de l'Intérieur vient, d'ailleurs, de souhaiter pouvoir muter ou radier des fonctionnaires radicalisés.

L'exemple des dispositions prises pour ce qui concerne la pédophilie, suite à l'affaire impliquant le directeur d'école de Villefontaine (38) en 2014, avait déjà permis de pointer plusieurs dysfonctionnements entre l'Éducation nationale et la Justice. Depuis, les services de la Justice ont l'obligation de signaler à ceux de l'Éducation toute condamnation d'un membre de l'Éducation nationale pour des faits de pédophilie ou de pédopornographie. On pourrait tout de même en faire autant pour la radicalisation, y compris pour les mis en examen, compte tenu du risque terroriste ?

D'autre part, le ministre de l'Éducation nationale a annoncé la création d'une cellule laïcité au sein de son ministère afin de lutter contre les « dérives » au sein des établissements scolaires, alors qu'il existe déjà des référents laïcité dans chaque rectorat. Il serait bien avisé d'en faire de même avec la radicalisation, y compris des enseignants, afin de coordonner l'action de ses référents académiques.

La radicalisation irradie l'ensemble de la société, comme chacun peut s'en rendre compte. D'où l'importance de la prévention et de la détection, mais encore de la signalisation des fonctionnaires touchés par ce fléau entre ministères et entre services déconcentrés de l’État.

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14 septembre 2017 à 23:29

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