[Satire à vue] Sur France 5 : plutôt protéger les fichés S que les Français ?

Dosé

La question posée par l'émission de France 5 « C ce soir » du 16 octobre s'affiche au bas de l'écran : « Comment se défendre sans renier nos valeurs ? » La mayonnaise risque de monter au-delà de ce que le studio peut contenir. Chaque invité a apporté, qui son fouet, qui son mixer. Les ingrédients vont être réunis un à un : 200 grammes de « tarir à la source », un bon bol de « les fichés S ne sont pas tous dangereux », une pincée de « les repérer est impossible », un zeste de « assécher le substrat idéologique », mélanger le tout avec un litre de « la menace terroriste existe depuis des siècles ». Remuer énergiquement jusqu'à ce que le téléspectateur comprenne qu'il n'y a pas grand-chose à faire. En fin d'émission, l'animateur-cordon bleu émerge du sommet de la montagne de mayo pour donner le thème de l'émission suivante : « Peut-on avaler des œufs durs entiers si les médias ne fournissent pas la garniture ? »

Au cours de l'élaboration de la recette, l'avocat Marie Dosé rappelle que le terroriste tchétchène était bel et bien expulsable. Ses débuts dans la gastronomie lui font oublier d'indiquer la raison pour laquelle il ne le fut pas. Bien vite, elle s'empresse d'apporter un bémol à ce devoir de renvoi de tout étranger réputé inquiétant : « Jusque-là, on était dans une surenchère, c'est-à-dire, il faut une nouvelle loi, il faut être plus dur, faut être plus répressif, mais là, ça va plus loin. » Trop loin ! Les bornes des limites de la frontière de l'acceptable ont été dépassées par l'innommable Darmanin : « Lorsqu'un ministre de l'Intérieur vous dit on va arrêter de respecter la jurisprudence européenne [...] Et, donc, qu'il préfère violer la Convention européenne des droits de l'homme plutôt que d'exposer la population à un risque sécuritaire, là, ça y est, le palier est franchi. » Tout part à vau-l'eau. Il a enfreint la sainte bible de l'UE. Il est blasphématoire de transgresser l'évangile selon lequel la France ne peut renvoyer dans son pays un étranger qui serait soumis à des traitements inhumains ou dégradants, même en cas de danger public menaçant la nation. Plutôt périr que déroger au divin commandement.

Marie Dosé est effarée. « L'État de droit est malmené par de tels propos », s'étrangle-t-elle. Présente à ses côtés, Laure Adler opine d'un hochement de tête consterné. Comment peut-on préférer protéger les Français que les soupçonnés de radicalisation ? Sur le plateau, pas un invité ne réagit à ce rappel d'un règlement ahurissant. La mayonnaise pourrait en pâtir. La conclusion de l'argumentaire tombe comme une cerise sur la pièce montée : « Et je pense que c'est exactement ce que veulent ces personnages. »

Exclusivité France 5 : radicalisés avérés et potentiels agresseurs étrangers rêvent d'être expulsés avant d'avoir pu commettre leurs actes criminels. Le haut du plafond est enfin atteint. Continuer serait de la gourmandise.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Ignorons tout simplement la CEDH, même pas besoin d’en sortir officiellement. Ignorons aussi tous les diktats de l’Europe allant contre nos intérêts . S’il y a des amendes déduisons-les de notre généreuse contribution financière. L’entité bruxelloise a plus besoin de la France que l’inverse. De Gaulle avait bloqué l’hydre supranationale en pratiquant pendant sept mois la « politique de la chaise vide ». Mais n’est pas De Gaulle qui veut.

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