[Satire à vue] À la prison de Seysses, portables brouillés et détenus en colère

prison

Les détenus de la prison de Seysses (Haute-Garonne) sont très mécontents. Tous ces portables livrés par drone ou expédiés en colis express par-dessus le mur d'enceinte ne fonctionnent plus. Le brouilleur d'ondes mis en place par la direction a mis un terme aux liaisons avec le monde extérieur. Sur les lieux de vente, les commandes ne sont plus assurées, la marchandise s'entasse, le personnel intérimaire s'affole. Comment gérer une petite entreprise dans ces conditions ? Pour protester contre cette mesure inique, 84 détenus ont refusé de rejoindre leur cellule. 23 agents spécialisés de l’équipe régionale d’intervention et de sécurité sont intervenus pour raisonner les abonnés. Leur forfait ne serait pas résilié. Les portables continueront à pénétrer dans les lieux mais les détenus devront se contenter de les poser sur une table pour admirer leur luminosité. C'est beau, un portable, la nuit. Le ministère de la Justice encourage cette poésie autour d'un écran bleuté. Dénué de toute utilité, l'objet prend alors toute sa dimension. Et les autorités de laisser voltiger les drones tels des papillons, tant la demande de contemplation est forte.

Le paradoxe législatif perturbe le milieu carcéral. En décembre 2021, une riveraine de la prison de la Santé décrivait à France Info le manège incessant des livreurs de téléphones destinés aux détenus. Inflexible sur leur utilisation, la direction faisait installer à grands frais un brouilleur d'ondes dernière génération. Vérification faite, seul le rez-de-chaussée du bâtiment était sous le coup d'une impossibilité de communiquer par voie satellitaire. Il faut ensuite le lire pour le croire : « Dans les étages supérieurs, en revanche, et notamment dans le quartier des prévenus, les téléphones fonctionnent. » Miracle de la technocratie, il est permis d'imaginer que le personnel administratif était l'unique victime du brouillage. Le directeur de l'établissement admettait la faiblesse du procédé : « Ça pose des problèmes, oui, mais on a jamais eu d’évasion ici, ça n'existe pas, les technologies qui marchent à la perfection. » Mettre en place une entrave aux livraisons ne semble pas être venu à l'esprit des autorités. Brouillé avec le bon sens, fâché avec l'évidence, technocrate ne saurait faillir à sa réputation.

Du côté de la région toulousaine, à Seysses, les forces de l'ordre réussissaient à convaincre les détenus de regagner leur cellules, non sans leur avoir promis qu'ils auraient pour récompense un fond d'écran représentant Éric Dupond-Moretti au pays des Bisounours. Un grand « Aaaah » de satisfaction retentissait dans les couloirs. Dans le silence du soir, l'émerveillement de posséder des smartphones interdits d'utilisation reprenait ses droits.

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Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

23 commentaires

  1. A-t-on au moins pensé à proposer aux détenus la carte des vins ???
    On se fout du monde dans ce pays dirigé par une clique frappée d’une totale incurie.

  2. Puisque l’on sait que ce sont des drones, n’est-il pas possible de les détourner et de les anéantir?

  3. Au jour d’aujourd’hui, si un pays comme la France, qui souvent s’enorgueillit de ses achèvements technologiques, ne trouve pas de solution concernant les mobiles dans les prisons c’est qu’il y a la volonté de ne rien faire : la politique du pas de vague.

  4. La prison sert à être privé de liberté en signe de punition …Invraisemblable ces livraisons de portables…

  5. Je m’émerveille de voir l’Administration Française trouver une réponse à la hauteur de….sa réputation : merci Jany Leroy , voilà une bonne nouvelle pour bien commencer la journée . Au prix qu’on paie leurs conneries (faites avec trop d’intelligence ) , on peut tout de même rire un peu .

  6. Quelle honte de brouiller les téléphones de ces braves gens, je pense que cette décision va être retoquée par la « justice » française, européenne et aussi du machin (ONU). L’avenir nous dira, si je ma trompe.

  7. Je n’ose imaginer les mots du capitaine Haddock pour qualifier tous ces olibrius qui sont payés pour ne pas penser plus loin que leur nez.
    Bande de bachibouzouks va !

  8. je déteste les socialistes sauf JULES MOCH. Avec lui, pas de quartier, pas de complexe l’ordre régnait. Les gardiens de la Paix l’estimaient, les staliniens le détestaient. Faut rappeler que le Pcf avait créé le slogan dégueulasse CRS SS repris en 1968 par les Cohn Bendit Geismar, Sauvageot et autres Mille; alors que Jules Moch était juif, résistant, déporté. Immonde!

    • Ah ?
      Parce que vous trouvez normal que les personnels de la prison aient leur portable brouillé, et que les détenus dans les étages pas ?

  9. Bien comique tout ça alors qu’il suffit d’intercepter ces drones . Je propose que l’on confie la gestion des prisons à des privés et que ce budget d’état soit alloué aux éphads , ce ne serait que justice .

Commentaires fermés.

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