Robert Ménard : « Je suis abasourdi et en colère, c’est un crime de brûler une école, c’est inacceptable ! »

Robert Ménard

Dans la nuit de jeudi à vendredi, une école primaire, un collège et plusieurs véhicules ont été incendiés dans le quartier de la Devèze, à Béziers.

Le maire de la ville, Robert Ménard, exprime sa colère et son incompréhension au micro de Boulevard Voltaire.


Un collège, un gymnase et une école ont été incendiés cette nuit à Béziers. Des mortiers ont également été tirés sur la police et les pompiers. La ville de Béziers a-t-elle déjà connu un tel niveau de violence ?

Je n’avais jamais vu ça ! Une telle violence de la part d’une minorité de personnes est stupéfiante ! Cela me laisse abasourdi, écœuré, en colère et déterminé à faire en sorte que ces gens aillent là où ils doivent aller, c’est-à-dire en prison.
C’est un véritable crime que de brûler une école. 300 enfants seront privés d’école lundi matin. Nous allons évidemment mettre en place un système d’accueil pour ceux qui ne peuvent vraiment pas rester chez leurs parents, mais ce n’est pas acceptable. Il ne faut pas tolérer de tels agissements.
Ce quartier est un quartier de la politique de la ville, c’est à dire un quartier où l’État a investi beaucoup d’argent. En 20 ans, on aura investi près de 300 millions d’euros. Aucun quartier de ma ville n’a bénéficié d’autant d’argent. Et regardez où on en est. C’est un vrai scandale. C’est un échec. L’intégration et tout ce qu’on dit autour de la politique de la ville sont un échec. Il suffit de regarder ce qui s’y produit.


Avez-vous une idée de la raison de cette attaque ? Quelle raison, même absurde, pourrait-on trouver à de tels agissements ? Purement gratuit ? Halloween ?

Je n’en sais rien. Ce sont les mêmes qui brûlent des voitures à la Saint-Sylvestre. Maintenant, ils ont deux rendez-vous par an. Ils tombent sur tout ce qui est sous leurs yeux. Si ça se trouve, ce sont leurs petits frères et petites sœurs qui sont dans cette école. Ils y ont même peut-être été. Et ils ne trouvent rien de mieux que de brûler cette école. Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire pour eux ? Ils nous ont déjà brûlé des aires de jeux. Il y a une aire de jeux, proche de cette école, qui a été brûlée 15 fois. J’ai arrêté de la réparer, parce que je n’en peux plus de dépenser l’argent des contribuables pour des choses qui brûlent systématiquement. Il faut être terrible avec eux et ne plus rien laisser passer.


Que peut faire un maire dans ces cas-là ? Qu’est-ce qui est en votre pouvoir ?

On envoie bien notre police municipale, mais ça ne suffit pas. Il y a bien un commissariat sur place, mais il ferme à 18 h… Cette situation n’est pas possible. Il est vrai que le préfet a envoyé des CRS. Ce soir, il y en aura et demain, il y en aura d’autres. C’est une bonne chose, il faut que la présence policière soit permanent à la Devèze. Il faut rassurer les honnêtes gens.
La grande majorité des habitants de la Devèze sont d’honnêtes gens qui veulent être tranquilles. Ils ont le droit à la sécurité. La sécurité est la première preuve de solidarité, d’amour même, que l’on doit à nos concitoyens. Nous ne sommes pas capables de leur donner, parce que l’État met de l’argent pour supprimer des barres d’immeubles pour les remplacer par des villas et construit des équipements collectifs. On va refaire une école dans ce quartier. Mais faut-il que je la transforme en bunker pour qu’elle reste debout ?
Alors, bien sûr il faut des logements et des équipements, mais il faut en parallèle se donner les moyens d’assurer la sécurité. Je vous rappelle que Béziers n’a pas bénéficié de la nouvelle mesure de police du quotidien. Un certain nombre de villes ont été choisies, mais pas Béziers. J’espère et j’exige que ma ville puisse en bénéficier.

Robert Ménard
Robert Ménard
Maire de Béziers, ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

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