RN : le sondage qui effraie le « camp du Bien »

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Quarante pour cent des Français estiment que le Rassemblement national (RN) a « la capacité de participer à un gouvernement », un niveau jamais atteint, selon le baromètre annuel de l'image du RN réalisé par Kantar Public-Epoka pour France Info et Le Monde, dévoilé mardi 13 décembre. Un coup de tonnerre réel ou des émanations d’un système jouant à se faire peur et à faire peur à l’opinion ? « On a bien la confirmation de l’émergence d’une force d’alternance », se félicite Jérome Sainte-Marie. Le sondeur, proche conseiller du RN et instigateur principal de l’école des cadres du RN voulue par le président du parti Jordan Bardella, ne cache pas sa satisfaction. Car, en plus de reconnaître l’incontestable et régulier progrès du parti à la flamme, ce sondage démontre que « "l’échec" de la présidentielle et des élections législatives d’avril et juin dernier n’a pas été ressenti comme tel ». « Évidemment, multiplier son nombre de députés par dix, c’est un échec encourageant » ironise Sainte-Marie.

Plafond de verre repoussé mais pas encore brisé ?

C’est un autre motif de satisfaction pour le RN. La proportion des Français qui considèrent que le RN représente « un danger pour la démocratie » poursuit sa baisse amorcée depuis cinq ans : 46 % en décembre 2022, contre 58 % en février 2017. Plus de quatre Français sur dix considèrent également que le Rassemblement national s'est « modéré » ces dernières années, et notamment par rapport au Front national. Les accusations de Gerald Darmanin à l’encontre de Marine Le Pen l’accusant de mollesse et l’émergence du phénomène Zemmour auront sans doute concouru à cet adoucissement. « Bien davantage que ses chats », ironise un fidèle du Z. En tout cas, il suffit de voir les autres sondages pour trouver un début d’explication au succès du RN. Ainsi, selon un sondage du 6 décembre (Institut CSA pour CNews) 7 Français sur 10 (70 %) jugent que la France doit durcir sa politique d’immigration. Donc quasi un électeur sur deux de gauche.

Le ripolinage à l’extérieur, le jeu de l’Hémicycle à l’intérieur

Il faut le dire. Les 89 députés du RN étaient scrutés, épiés, moqués. Tout était compté jusqu’à la cravate. Pourtant, si l’on excepte l’affaire Fournas qui s’est bien vite révélée comme une pantalonnade bruyante de la NUPES, le RN propose un visage lisse, soigneux, une image de bon élève bosseur. Assidu dans l’Hémicycle et dirigé, presque couvé, par une Marine Le Pen pas émoussée qui, de l’aveu même de ses proches, prend très au sérieux son travail de parlementaire. Un job qui aura l’avantage d’une part d’achever l’institutionnalisation du parti, mais qui a aussi pour objectif de faire taire définitivement les accusations d’amateurisme.

Ses adversaires pris au piège

C’est une donnée du fameux sondage qui ne manquera pas de faire sourire les stratèges du groupe RN à l’Assemblée nationale : « 56 % des sympathisants de la NUPES considèrent que les députés de la coalition devraient voter avec ceux du RN s'ils présentent un texte avec lequel ils sont d'accord », nous apprend France Info. Comme en écho à la proposition de loi de la députée insoumise Caroline Fiat souhaitant réintégrer les soignants non vaccinés, reprise par le RN puis abandonnée par la NUPES pour ne pas donner l’impression de faire le fameux jeu de l’extrême droite. Une position aux antipodes de celle du groupe de Marine Le Pen qui assume de voter pour tous les textes présentés qui seraient dans le sens de l’intérêt général sans discrimination de groupe. « J’ai personnellement voté plusieurs textes de députés insoumis sans me boucher le nez », nous confie le député des Bouches-du-Rhône Emmanuel Taché de La Pagerie. Au fond, le RN applique la ligne de conduite que les sympathisants de la NUPES voudraient faire accepter à cette dernière. « Pour autant, est-ce que ce sondage annonce une défaite ou une victoire de Marine Le Pen dans quatre ans ? Bien évidemment que non », tempère le sondeur Sainte-Marie. Disons que les étoiles s’alignent.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 16/12/2022 à 11:58.
Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Le problème du R.N. c’est que MLP avec sa retraite à 60 ans ne pourra pas le réaliser….même si on peut être d’accord, car aux U.S.A., puisque les « experts » et les « conseils » sont en grande partie pris là bas, avec la Retraite par Capitalisation, certains la touche dés 50 ans et peuvent continuer de travailler….

  2. Participer, certainement, mais après que le RN détienne le pouvoir, car aucune des formations dites « de gouvernement » n’appellera jamais un membre du RN à un poste ministériel. Le RN ne participera que si le président / présidente de la République élu(e) est lui-même /elle-même RN. Et ceci n’arrivera que lorsque la plus grande partie des droites se sera réunie derrière le RN. A défaut, l’agonie de la France se poursuivra jusqu’à l’élection d’un président (et ici, pas de féminin) musulman.

  3. Plutôt que de se réunir en rang serré derrière une tête chose impossible de toutes les façons , les patriotes peuvent avancer séparément mais taper ensemble qu’est ce qui les différentie .

  4. Pour courir après le pouvoir le RN perd son âme. Le sort des LR en est l’illustration du dérapage . Le RN, 89 députés mais quel bénéfice ? Le slogan général : Tous contre l’estrêmedrouate ! Les français de moins de 50 ans ont été élevés dans cette adage que le pouvoir soit à gauche comme à droite.

  5. Avec le « Mozart de la Finance », le Gouvernement n’a plus que le pouvoir de détruire. Il va falloir changer sérieusement le logiciel pour enfin retrouver le pouvoir de construire au profit des Français. Il faudra encore quelques années d’errements et de coupures de courant et une sérieuse inflation pour que les Français arrêtent de voter pour n’importe qui ! Macron le sait bien, et il multiplie les subventions tous azimuts pour acheter la paix sociale. Tant que l’Europe soutiendra son déficit abyssal, il pourra dormir sur les deux oreilles.

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