Richard Ferrand proposé au Conseil constitutionnel : la République des copains

Un ancien socialiste succède à un socialiste.
Richard Ferrand

Ce qui n’était qu’une hypothèse probable est désormais officiel : Emmanuel Macron propose le nom de Richard Ferrand pour succéder à Laurent Fabius à la présidence du Conseil constitutionnel. Un ancien socialiste succède à un socialiste. Ainsi, le président de la République place son fidèle compagnon de route à la tête d’une des institutions les plus puissantes de l’organe législatif français. Cet arrangement illustre, une fois de plus, le mépris de la volonté des Français qui, massivement, aspirent à un nouveau cap.

Une nomination qui nécessite le consentement du Parlement, comme Georges Michel l'expliquait, la semaine dernière.

En attendant la droite nationale s’insurge. Nous serions face à un pouvoir judiciaire qui prend en otage la démocratie car, comme le rappelle Éric Zemmour sur X, « un socialiste est à la tête du Conseil d’État et un socialiste à la tête de la Cour des comptes ». Le président de Reconquête fustige une « oligarchie politico-judiciaire » qui « s’est substituée à une authentique démocratie ». « D’année en année, de décision en décision, et de président en président, le Conseil constitutionnel aggrave toujours plus son coup d’État de droit. Il devient chaque jour davantage un véritable gouvernement des juges, légiférant à la place du législateur et méprisant la volonté du peuple, en particulier dans le domaine de l’immigration. »

Un obstacle à tout changementt en termes de politique d’immigration

En janvier 2024, le Conseil constitutionnel censurait 32 articles, sur 86, de la loi Immigration. Au titre qu’ils étaient des « cavaliers législatifs », c’est-à-dire sans lien avec le texte. Si la limitation du regroupement familial, la restriction de l’AME, la fin de l’automaticité du droit du sol pour les enfants d’étrangers nés en France - articles retoqués - sont sans lien avec l’immigration, alors nous comprenons mieux le fameux « impossibilisme » que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dénonçait, il y a quelques jours. Laurent Fabius justifiait, dans Le Monde, la position du Conseil constitutionnel ainsi : « Ce faisant, le Conseil a confirmé que la protection sociale ne s’applique pas seulement aux personnes de nationalité française, mais à toutes les personnes résidant régulièrement en France, repoussant la thèse dite de "préférence nationale". »

Une censure de la loi Immigration dont Marion Maréchal dénonçait, lundi, sur RTL, les « prétextes objectivement et juridiquement fallacieux ». La députée au Parlement européen commentait la nomination de Richard Ferrand comme « un choix très politique ». « C’est un ami d’Emmanuel Macron qui aura comme mandat premier de mettre des croche-pattes à celui qui, demain, obtiendra une accession à l’Élysée. » Elle en appelle à une réforme du Conseil constitutionnel qui devra remettre en cause ses compétences, son système de composition, de nomination. « Il n’y aura pas de véritable changement sur les questions migratoires tant que nous n’aurons pas réglé ce problème. »

Du côté du Rassemblement national, Marine Le Pen dénonce une « dérive », « le Conseil constitutionnel n’est pas une maison de retraite de la vie politique », raille-t-elle.

« On l’attend au tournant », a averti le vice-président du RN, Sébastien Chenu, sur Public Sénat. Contacté par BV, le député RN Hervé de Lépinau n’est pas tendre : « Richard Ferrand est le thuriféraire d’Emmanuel Macron. Ce ne sont plus les compétences qui sont privilégiées, c’est le copinage absolu. Quand vous avez une décorrélation entre la compétence nécessaire et la fonction octroyée, nous sommes dans un système où le parrain distribue des avantages. » Et le député de Vaucluse d'ajouter : « En tant que citoyen et élu, je ne fais plus confiance à un Conseil constitutionnel qui ne sert pas l’intérêt général mais des intérêts particuliers. »

Signe qu’Emmanuel Macron a bien conscience de la grossièreté de la manœuvre, Richard Ferrand devait être décoré de la Légion d’honneur, samedi dernier. Une cérémonie qui a été repoussée. Dormez, braves gens, les pilules n’en passeront que mieux.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 20/03/2025 à 14:26.
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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

106 commentaires

  1. macron continue de placer ses petits copains pour écraser un peu plus notre système allons- nous encore longtemps accepter ces inepties alors que les citoyens tirent le diable par la queue tous les mois.

  2. Macron continue surtout à verrouiller juridiquement le système. Avec un socialiste version très à gauche, il est sûr que toutes les lois qui lui déplaisent seront censurées avant même que les juges gauchistes ne refusent de les appliquer.

  3. Encore une turpitude du cuistre Macron . Il en est coutumier , mais là ça commence sérieusement a nous gaver ! FERRAND ! Nous ne pouvions pas avoir pire que cet individu . Le but est d’installer ses « potes » pour pouvoir emmerder un max le R.N , une fois au pouvoir .

  4. Les conseils constitutionnels, d’Etat et la cour des comptes doivent ils être la propriété d’un parti qui plus est mauribond, et si peu représentatif?
    Le peuple doit il renverser cette monarchie au crépuscule et dans tous ses remparts antidémocratiques?
    Combien sont ils rémunérés pour se présumer compétents et au dessus de tout?
    Ces castes d’intouchables n’a aucun sens ni utilité, si ce n’est d’entretenir un perpétuel favoritisme sans honte.
    « Ferrand l’argent »!

  5. Le Conseil constitutionnel, probablement sous la houlette de son nouveau président Ferrand, aura dans les prochaines semaines à se prononcer sur un point délicat qui pourrait concerner la présidente du RN, Marine Le Pen.

    La responsable politique pourrait être condamnée à une peine d’inéligibilité – ainsi qu’à cinq ans d’emprisonnement dont deux fermes et 300.000 euros d’amende. Se posera alors la question si elle peut être empêchée de se présenter à un scrutin, alors même qu’une procédure en appel pourrait annuler la sanction. Cette décision reviendra au Conseil constitutionnel.
    Tiens et qui le président du Conseil constitutionnel ? Ferrand, ah, ça alors ! quelle coïncidence ! un ami du président, celui-là même qui est favorable à un troisième mandat de Macron…

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