Retraites : Nicolas Dupont-Aignan lance l’idée d’un référendum

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« Pour bloquer la réforme mortifère des retraites de Macron, c’est au peuple français de trancher par référendum ! » Le 10 janvier dernier, Nicolas Dupont-Aignan a fait entendre sa voix sur la réforme des retraites qui promet une vague de contestation sociale sans commune mesure. Le député de l’Essonne et président de Debout la France « propose un référendum d’initiative partagée, préservant la retraite à 62 ans ».

Qu’est-ce que le RIP ?

Entré en vigueur le 1er janvier 2015, le référendum d’initiative partagée (RIP) est prévu par la révision constitutionnelle de 2008. Cette nouvelle disposition permet à un cinquième des membres du Parlement, soutenu par un dixième du corps électoral, de soumettre une proposition de loi au référendum. Pour être adopté, il doit être signé par 185 parlementaires et 10 % du corps électoral, c’est-à-dire plus de 4 millions de citoyens. Des conditions tellement drastiques qu’à ce jour, aucun référendum de ce type n’a pu être proposé. La plus forte mobilisation observée a été occasionnée par la privatisation d'Aéroports de Paris. Plus d’un million de signatures avaient été récoltées. Pour l’heure, Nicolas Dupont-Aignan affirme avoir récolté « une vingtaine de signatures de parlementaires » sur les 185 nécessaires.

Une démarche logique. Le référendum a été l’un des axes de la campagne présidentielle menée par le solitaire candidat gaulliste au terme de laquelle il a recueilli un peu plus de 2 % des suffrages. Nicolas Dupont-Aignan a martelé que, s’il était élu, il donnerait une plus grande place aux référendums, promettant de consulter régulièrement les Français « sur les grands choix du pays ».

Une vieille revendication

Le référendum d'initiative citoyenne (RIC), ou référendum d'initiative populaire (RIP), a été la principale revendication politique née du mouvement des gilets jaunes. Une revendication balayée par l’exécutif à l’époque. Édouard Philippe puis Emmanuel Macron en avaient rejeté l’idée. Selon l'universitaire Guillaume Gourgues, l'exécutif a opposé à l'« imaginaire démocratique, un mode de gestion permettant de laisser intactes les institutions tout en s’autoproclamant "participatif" ». Un « machin » à peu de frais, impossible à utiliser. Le RIC fut également l’axe principal de la campagne européenne des listes de gilets jaunes emmenés notamment par le chanteur Francis Lalanne. « Les conditions sont tellement dures que cela n’a aucune chance d’aboutir », affirme le politologue Guillaume Bernard, joint par téléphone. Néanmoins, Dupont-Aignan se veut optimiste. À la veille du lancement officiel de sa proposition, le député de l’Essonne a en tête ce constat : « C’est le seul moyen de bloquer le gouvernement et, paradoxalement, le plus évident », affirme-t-il.

Un baromètre plutôt qu’un outil ?

À l’instar du regain relatif des idées monarchistes, les envies de référendums en disent long sur l’état de la société et surtout sur son rapport avec ses élites. C’est en tout cas ce que pense Guillaume Bernard : « De toute évidence, la demande de référendum traduit une défiance vis-à-vis de la classe politique, un désintérêt des élections "régulières" et un désir de s’autosaisir d’un certain nombre de questions. » C’est la constatation que des élites ne sont pas en prise avec le réel.

Les symptômes éclairants d’un pays épuisé ? « Je sens une grande apathie dans la société, martèle Nicolas Dupont-Aignan. C’est pourquoi je dis aux gens : plutôt que de bloquer le pays, aidez-moi à bloquer le gouvernement. » Dans tous les cas, outre les 185 parlementaires nécessaires, Debout la France va devoir trouver près de 5 millions de signataires. Dans une France opposée à 70 % à la réforme des retraites, cela devrait se trouver… Reste à mettre en place les moyens humains et financiers pour y parvenir.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Serait-ce insurmontable d’arriver à son travail 12 mn plus tôt le matin, arrêter 12 mn plus tard le midi, 12mn plus tôt l’après-midi et partir 12 mn plus tard le soir?
    Faites le calcul sur une semaine de travail de 5 jours et nous arrivons à 39 heures hebdomadaires soit 16 heures de plus par mois.
    De quoi augmenter assez largement l’abondement des caisses de retraites et revenir sur cette réforme qui divise en partant en moyenne à un peu plus de 63 ans d’après les statistiques.
    Je ne parle naturellement pas des fonctionnaires qui eux et ce devrait être tout, ont la sécurité de l’emploi.
    A ce propos leurs primes devraient au moins supporter une retenue pour leurs retraites.

    • Le problème n’est pas là , toutes les personnes sensées ,logiques accepteraient ce raisonnement mais en réalité le grand danger est le risque énorme de voir gestion et fonds de la sécu et des complémentaires rejoindre notre feu Alstom ! ! ! Et c’est certainement l’objectif qui a été donné au président par les progressistes mondialistes dont il fait partie ! La preuve : tiens voilà 100€ pour ton carburant , tiens pour le moment je te donne une aide (voir durant covid ) mais si on te l’a pas dit ,faudra cracher au bassinet sans tarder , voilà où on va , ces pseudos grands personnages nous jetteront quelques miettes mais nous ne serons que les esclaves ,interdits de penser , décider ,agir ,en résumé des robots humains dont le cerveau sera bien lavé et essoré !

  2. Encore faut-il que la question initiale ( forcément concise) soit tout à fait claire, comme dans tout référendum , qui jusqu’à présent a toujours été biaisé par la mauvaise formulation de la question pour un résultat :OUI/NON. Je ne me souviens pas avoir été interrogée par référendum (sauf celui bazardé par Sarkozy) depuis De Gaulle et l’entrée dans l’UE de perfide Albion…

  3. Il y a tout lieu de penser que les élus de gauche refuseraient de s’associer à une proposition venue de NDA, même s’ils seraient d’accord sur le principe.

  4. On peut parfaitement considérer la réforme des retraites comme une nécessité inévitable et refuser totalement de cautionner Macron pour sa gestion catastrophique de l’indépendance énergétique, son wokisme et ses réformes sociétales iniques. L’ennui du referendum est qu’il a tendance à être un plébiscite exploité par les politiques. Le seul referendum que je défie Macron de tenter est celui qui porterait sur son maintien au pouvoir. C’est le seul auquel je suis prêt à participer.

  5. Si nous dépensions pas d’argent pour les migrants il n’y aurait pas besoin de réforme cet argent boucherait le trou pour les retraites .

  6. Le Référendum est dans la Constitution. Il n’y a pas besoin de cet entourloupe, une imposture, d’un R.I.P. pratiquement impossible à atteindre, et même se les conditions étaient atteintes, pas sur que le Gouvernement le mette en oeuvre ou ne le contourne pas par la pression de Washington ou Bruxelles…Nous l’avons vu en 2005 avec le résultat du référendum, pas appliqué, et contourné en 2008.
    Par ailleurs, les français se plaignent mais privilégient leur petite vie bien rangée, ludique….On l’a vu en juil août 2021 avec l’empressement à se faire injecter par millions cet ARNm pour partir en vacances, sans trop se poser de questions !…

  7. Cet article fait une présentation doublement erronnée de la procédure législative de l’article 11 de la Constitution qu’il suffit de lire. J’espère que cela sera reconnu. » Errare humanum est sed… »
    En effet l’initiative appartient – exclusivement – à 185 Parlementaires et si elle est soutenue par 10% des inscrits le référendum -peut – être écarté par un simple examen en première lecture de la proposition de loi par les deux assemblées. On voit pas pourquoi le Gouvernement n’utiliserait pas cette disposition de l’alinéa 5 de l’article 11;
    Seul le référendum d’initiative citoyenne permettrait aux citoyens et donc aux députés, – d’imposer – un référendum pour s’opposer à toute loi inapproprièe ou injuste ou faire adopter une proposition de loi alternative.

    On notera que M. Nicolas Dupont-Aignan ne propose pas le RIC, mais lance une procédure qu’il sait très bien ne déboucher sur un référendum qu’au bon vouloir du Gouvernement! Aucun doute : la proposition sera examinée

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