Le président des États-Unis a signé, mercredi 2 août, la loi adoptée massivement par le Sénat, après le Congrès, pour sanctionner la Russie, tant de son "immixtion" alléguée dans l’élection présidentielle américaine que pour l’annexion de la Crimée et les ingérences en Ukraine. Donald Trump n’a, finalement, pas mis son veto aux sanctions contre la Russie et s'en est expliqué dans un communiqué : "En limitant la marge de manœuvre de l'exécutif, cette loi entrave la capacité des États-Unis à conclure de bons accords pour le peuple américain", critiquant aussi le Congrès. "Pour autant, malgré ces problèmes, je promulgue cette loi au nom de l'unité nationale. Elle représente la volonté du peuple américain de voir la Russie prendre des mesures pour améliorer les relations avec les États-Unis", ajoute-t-il.

Formule habile qui ne trompe personne : c'est un échec pour Donald Trump, empêtré dans sa ligne de "désobamisation" et dans l'affaire des liens supposés entre son équipe de campagne et Moscou. Donald Trump était mis à l'épreuve en ce qui concerne tout ce qui pouvait paraître comme des concessions à Vladimir Poutine. Mais c'est aussi un échec, dont les conséquences pourraient durer pour l'Europe, la France, la paix... Et cela ne sera qu'une victoire en négatif pour l'Amérique.

Quel est le progrès en vue ? Les sanctions concernent le domaine économique, et principalement le secteur énergétique russe ; et, ce faisant, les projets allemands en ce domaine. Or, l'Allemagne est critiquée par Donald Trump en raison de son colossal déséquilibre commercial dans les échanges avec les États-Unis. Cette tension diplomatique et militaire désormais accrue avec la Russie, aux vibrations oubliées de guerre froide, contraindra les Allemands, les Baltes et les pays du groupe de Visegrád à se rapprocher des États-Unis pour leur protection militaire, et à payer celle-ci plus cher en matière diplomatique, économique et en achat d’armement. La paix attendra. Notamment en Ukraine et en Syrie.

La riposte russe est infime et se limitera à la réduction de la présence diplomatique américaine en Russie... Habileté ? Connivence ? Prudence ? Patience ?

La France - autrement dirigée - aurait certainement pu jouer un rôle éminent : puissance nucléaire, amie et alliée historique des deux pays, membre du Conseil de sécurité, présente sur le champ de bataille en Syrie, elle pouvait relancer le processus de Kiev - avec ou sans les États-Unis - et contraindre l'oligarque qui tient l'Ukraine avec le soutien de milices extrémistes à passer la main pour permettre enfin aux populations d'Ukraine d'accéder à la paix et aux libertés publiques et régionales auxquelles elles aspirent.

Mais ceci est une autre histoire ; qui n'aura peut-être pas lieu. Comme l'écrivit Sophocle il y a près de 26 siècles, "les sages conseillers font les sages rois…" Et les mauvais conseillers ?

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13 août 2017 à 12:37

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