Retailleau fait de Patrick Stefanini son « Monsieur Immigration » : bon point

Capture d'écran CNews
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Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau continue à distiller sa petite musique de fermeté sur l'immigration. Après un nouveau discours à Calais dénonçant l'idéologie de l'immigration vue comme une chance pour la France, il a annoncé, vendredi soir, la nomination d'un « représentant spécial du ministre de l’Intérieur sur l’immigration » en la personne de Patrick Stefanini. Beauvau a publié une intéressante feuille de route pour le nouveau conseiller : « Cette nomination s’inscrit dans une volonté ferme du ministre de l’Intérieur de lutter pour une meilleure maîtrise des flux migratoires et de renforcer la sécurité des Français », et la mission de Patrick Stefanini portera « principalement sur le renforcement du dispositif de réadmission des personnes en situation irrégulière ». « Cette lettre de mission s’inscrit dans une reconquête de la souveraineté de la France en matière de politique migratoire », a déclaré Stefanini lui-même dans un entretien à Paris Match.

Un signal fort à l'électorat de droite et du RN

Concrètement, il devra s'occuper de « la conclusion de nouveaux accords ou arrangements bilatéraux de réadmissions avec des pays, source d’immigration et de transit, mais également de l’optimisation des accords existants, qui pourra passer par la renégociation des accords existants ». L’objectif revendiqué est de contourner l’interdiction actuelle d’expulser un étranger vers son pays d’origine si celui-ci est en proie à la guerre ou « en cas de risques de traitements inhumains ou dégradants » en le renvoyant vers un pays de transit. Dans le viseur, par exemple, pour des Afghans, cette mesure choc permettrait à la France de les renvoyer vers un des pays par lesquels ils ont transité avant d’arriver en France. La convention de Genève, qui interdit le renvoi de ressortissants vers des pays où ils sont menacés, serait respectée. C'est cette stratégie qui a été mise en œuvre avec le Kazakhstan, dans le cadre d’un accord signé, début novembre, par Bruno Retailleau.

Par cette nomination, Bruno Retailleau sait qu'il envoie un signal fort à l'électorat de droite et du RN. En effet, Patrick Stefanini fut secrétaire général du ministère de l’Immigration entre 2008 et 2009 sous la présidence Sarkozy. En 2020, il a aussi publié un livre choc bien documenté : Immigration, ces réalités qu'on nous cache, qui dressait un bilan des vingt dernières années en la matière. Il a régulièrement tiré la sonnette d'alarme. Il est, en outre, considéré comme la cheville ouvrière de la victoire inattendue de Chirac en 1995. C'était donc lui que Fillon avait nommé directeur de campagne en 2017. Stefanini est un talisman, chez LR.

L'arrivée à Beauvau de Patrick Stefanini a été saluée, sur X, par Jean-Yves Le Gallou, peu suspect de complaisance envers LR :

Mais aura-t-il les coudées franches ?

Mais le doute subsiste sur l'efficacité concrète de cet affichage réitéré de fermeté migratoire. Certes, le contexte européen va désormais dans le sens d'une reprise en main des flux et des frontières, comme on le voit jusqu'en Allemagne. Mais c'est la situation politique française qui risque d'être le principal frein pour l'attelage Retaileau-Stefanini. D'abord, avec l'avenir en suspens du gouvernement Barnier, et donc de Bruno Retailleau, ne sera-t-il pas emporté avec lui si une autre coalition, par exemple gauche-macronistes, voit le jour ? Cette nomination n'est-elle d'ailleurs pas destinée à désarmer la censure du gouvernement par le RN ? Ensuite, pèse sur Retailleau et Stefanini le soupçon d'insincérité qui est, pour tout leader LR, le sparadrap du capitaine Haddock depuis Sarkozy. Enfin, Bruno Retailleau, la « majorité Barnier » étant principalement constituée de macronistes, aura-t-il les coudées franches pour aller à contre-courant ? N'est-il pas condamné à une politique de communication plus que d'action en profondeur et dans la durée ? Il faut néanmoins saluer ce signe. Cette nomination, qui n'a déclenché aucune tempête, contribue à la banalisation de la ligne de fermeté, au-delà du RN. Et cet attelage pourrait très bien figurer, un jour, au sein d'un gouvernement soutenu par une nouvelle majorité droite-RN, vraiment majoritaire, elle.

Il y a moins d'un an, Patrick Stefanini plaidait, sur CNews, pour une renégociation des accords avec l'Algérie. Pourra-t-il aller jusque-là sans soutien du président de la République et sans véritable majorité ? Bref, beaucoup de questions.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

47 commentaires

  1. J’aime bien Retailleau et Stéfanini, mais ils soulèvent un enthousiasme aussi insistant que vain. Les meilleurs des hommes ne peuvent rien dès lors que L’Elysée reste occupé par un squatter à qui importe peu le sort de la France pourvu que l’Europe vive.

  2. Ça devient urgent de trouver des solutions, compte tenu des finances qui rétrécissent au galop, des intérêts de la dette qui ne cessent d’exploser. Il y a des solutions rapides pour couper aux immigrants quelqu’ils soient l’envie de choisir la France. La Hongrie à trouver une solution en se mettant a dos Bruxelles, l’Italie en choisissant l’Albanie comme Pays de parcage,
    Nous pouvons contourner ces problèmes et ouvrir des centres de réfugiés, dans nos territoires Français de Mayotte ou il se trouve des ilots assez grands et quasi désertiques. Ils seront en liberté, le temps de l’étude de leurs documents, ils pourront quitter Mayotte (la France) pour les iles Comores voisines si les délais d’attente ne leur conviennent pas, mais ils ne seront plus logés dans les hôtels à proximité des aéroports, ou dans la forêt Calaisienne. À mon avis, ce sera suffisamment dissuasif, pour choisir une autre direction que la France, ça spourrait être une sorte de « Guantánamo » ou notre ancien « Cayenne » Il faudra aussi faire modifier tous les accords. avec nos ex-Colonies, la situation depuis 70 ans d’indépendance a changé, les problèmes au Mali, Niger, Burkina Faso, Tchad, nous y oblige, on ne pactise pas sereinement avec un ennemi anti-occidentale, un dictateur ou encore moins avec une Junte militaire allié des Russes » avec qui nos relations sont loin d’être amicales..

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