Résurgence du féminisme radical : Brigitte Fontaine veut « qu’on empale tous les mâles » !

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La formule paraît simpliste qui consiste à dire que toute radicalité est une ânerie ; pire que cela : elle est le signe d’une insondable bêtise. C’est un axiome qui se vérifie chaque jour, nourrissant ce qu’on nomme « jusqu’au-boutisme ».

Hélas, c’est un constat qui n’échappe non plus à personne, la radicalité se radicalise. Elle pointe désormais son nez tous azimuts, exploitant jusqu’aux tréfonds les replis où se planquent l’envie, la rancœur, la jalousie, le fanatisme, la bêtise et l’ignorance qui la nourrit… La radicalité, surtout, est sœur de la victimisation, ce mot qui sert à tout et surtout à offrir une colonne vertébrale à ceux qui n’en ont pas.

Je souffre donc je suis, c’est la devise de notre temps. Je souffre plus que toi, ou depuis plus longtemps que toi, donc j’ai raison. Et puisque j’ai raison, je t’impose ma vision du monde et de l’Histoire, fût-elle totalement erronée. Voilà où nous en sommes.

Les gens de couleur, les « racisés » de tout poil, les « physiquement discriminés » par la taille, le poids, les victimes de « grossophobie » (pas encore d’anorexophobie sur le marché ?), les z’étudiants, les LGBTQIA+ (sic), les z’élites, les « en situation de pauvreté », les « en attente d’emploi », et… et LES FEMMMES !

Les femmes, victimes un jour, victimes toujours. En vrac. En tas. Sans distinction. Car, comme l’écrivait Noëlle Lenoir dans sa préface au livre de l’illustre Catharine A. MacKinnon : « Avoir à parer l’éventualité d’un viol est une caractéristique du genre féminin dans la vie courante. Il y a des facteurs aggravants, être Noire par exemple. On ne peut pas vivre sa vie en essayant de ne pas être Noire et femme. » Ces lignes datent de 2004 et permettent de mesurer le chemin parcouru jusqu’à MeToo et autres BalanceTonPorc.

En effet, si j’évoque cette éminente juriste issue de la bonne société américaine (fille de représentants au Congrès), avocat, professeur d’université, c’est parce qu’elle se définit « féministe radicale ». Et le féminisme radical de ces femmes qui avaient 20 ans dans les années soixante ne fait pas dans la dentelle. MacKinnon, nous dit sa bio, propose « une critique radicale de la domination masculine et de l'organisation patriarcale. Elle refuse la distinction entre le sexe biologique et le genre défini comme la construction des identités des individus. Pour elle, le biologique et le social sont indissociables et sont des constructions. »

On voit que ses idées ont pénétré les têtes en profondeur et façonné nos sociétés contemporaines.

Pour une MacKinnon très policée, chignonnée, portant collier de perles et tailleurs stricts, nous avons de ce côté de l’Atlantique nos pétroleuses déjantées. Des septua- et octogénaires jamais revenues de Woodstock, toujours le cheveu sale, les guenilles mauves en bandoulière, sentant le patchouli de leur jeunesse. Les joyeuses partouzes et les rêves de vie en communauté ont cédé devant le confort bourgeois ; on est resté d’extrême gauche avec des comptes en Suisse pour certaines ou, comme Catherine Millet, on est devenue grande prêtresse de l’art conceptuel.

Et puis il y a Brigitte Fontaine, "foldingue" théâtrale et théâtreuse que le grand âge n’a pas guérie et dont la radicalité est si extrême qu’on se demande si elle n’est pas davantage l’expression du dépit que celle de la fureur anti-mecs. Voilà en effet les paroles de son dernier opus, « Vendetta » :

Masculin assassin (bis)
La vendetta du con
C'est la mort du couillon.
Qu'on empale tous les mâles

Ni pardon, ni manif'
Assez parlementé
Vive la lutte armée

Abats le sexe fort.
À mort, à mort, à mort (bis)
Assez parlementé
Vive la lutte armée.

Comment dire… Je sais que la psychiatrie est en crise, mais on pourrait peut-être quand même lui trouver une petite place ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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