Les Républicains, un parti sans avenir ?
Les partis politiques, aussi, sont mortels. Le cas du Parti communiste français, réduit à une cabine téléphonique, est connu. Le départ de plusieurs parlementaires LR, notamment de Xavier Bertrand et encore plus d’Alain Juppé, fait gloser.
Mais il y a plus grave. La sociologie montre que Les Républicains sont atteints dans leur survie future. Les élections présidentielles de 2017 l’ont montré. Selon l’étude d’Ipsos (Le Monde d’avril 2017), 37 % des retraités déclaraient voter Fillon, 25 % Macron et seulement 14 % Le Pen et 12 % Mélenchon. Les cadres votaient à 34 % pour Macron, 20 % pour Fillon, 19 % pour Mélenchon et 13 % pour Le Pen. Par contre, celle-ci battait tous les autres candidats chez les ouvriers (36 %) et les employés (31 %).
La répartition, par âge surtout, condamne Les Républicains. 46 % des plus de 70 ans votaient Fillon, contre 32 % pour Macron (et 9 % pour Le Pen comme pour Mélenchon.) Chez les 60-69 ans, Fillon restait en tête avec 28 % des voix.
Chez les jeunes de 18 à 24 ans, Fillon faisait 9 % et Hamon 10 %. Les meilleurs scores sont tenus par Mélenchon (31 %), Le Pen (20 %) puis Macron (18 %). Chez les jeunes de 25 à 34 ans, Macron fait 29 %, Le Pen et Mélenchon sont à égalité vers 23 %.
Tous ces chiffres montrent que les électorats de Le Pen et de Mélenchon, et de Macron à un moindre degré, sont jeunes. Les Républicains et les socialistes (Hamon) font piètre figure. Les socialistes sont écrasés entre Mélenchon et Macron et font figure de parti résiduel, avec des fuites d’électeurs considérables au bénéfice des concurrents sur la gauche.
Quant aux Républicains, dont le nom même incarne, aujourd’hui, la ringardise et la banalité, ils sont très concurrencés par Macron. Wauquiez en a pris son parti et a choisi de se rapprocher des thèmes du FN. Mais cet alignement verbal est très artificiel. Les électeurs déçus, notamment sur l’immigration (mais aussi l’insécurité et le chômage) par Sarkozy, n’ont aucune raison de faire confiance à Wauquiez, qui ne paraît pas sincère. Ce parti est menacé sur sa droite par le FN, qui peut encore progresser, et par Macron, qui peut séduire la frange gauche qui n’a pas encore quitté Les Républicains.
On peut alors établir cette prévision : belles perspectives sociologiques pour le FN et ses alliés, pour Macron et Mélenchon, perspectives plutôt sombres pour les socialistes et Les Républicains, survivants provisoires du « vieux système » des partis.
Les études comparatives confortent ce jugement. Les électorats jeunes sont ceux des partis populistes. En Italie, c’est la Ligue du Nord, et aussi le Mouvement cinq étoiles qui vient de faire un virage sur le sujet de l’immigration, pour mieux s’accorder avec l’électorat populaire. C’est ce que devrait faire Mélenchon s’il était moins archaïque et dogmatique. Si Mélenchon continue à défendre l’immigration, il va bloquer ses perspectives de développement, sans doute au profit du FN.
C’est pourquoi la configuration du second tour des élections présidentielles de 2017 est une configuration d’avenir. Nous marchons vers une nouvelle bipolarisation entre les macronistes et le Front national. Cette bipolarisation a d’autant plus de raison de durer qu’elle correspond à une lutte des classes réelles entre les classes dirigeantes prospères et les classes populaires souffrantes. Ceux qui souffrent de l’immigration, de l’insécurité et du chômage votent populistes, et ceux qui bénéficient de la mondialisation ou de statuts protégés votent Macron. Entre ces deux électorats, le dialogue est à peu près impossible car les intérêts sont divergents. Ce n’est pas une question de leadership mais de sociologie porteuse. Lénine, à Neuilly, n’aurait jamais réussi. Comme l’écrit justement le professeur Guilluy : "Le sempiternel débat sur la stratégie du FN est vain. Le FN existe parce que les électeurs votent pour ce parti et non l’inverse [...] ils ne sont ni stupides ni manipulés et font des analyses rationnelles de leur vécu.".
Or, le parti républicain a un électorat riche et âgé et Wauquiez veut tenir un discours de classes populaires tout en refusant de serrer la main à ses représentants. Cette position entre deux chaises n’est pas tenable et va précipiter, tôt ou tard, son déclin.
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