René Goscinny : « le » grand Français, dont on inaugure une statue à Paris

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Dans le XVIe arrondissement de Paris, au pied de l'immeuble où il habitait, on inaugure, ce 23 janvier, une statue à la gloire du grand - du très grand - René Goscinny, le génial créateur - avec ses compères dessinateurs Uderzo et Morris, notamment - de ces héros désormais inscrits au patrimoine de notre humanité bien à nous, les Astérix, les Lucky Luke, les Obélix...

René Goscinny est, qu'on le veuille ou non, l'une des plus belles - en tout cas la plus joyeuse - illustrations de l'esprit français au XXe siècle. Nous avons grandi avec ses personnages. Grandi et ri, surtout, ce qui est une sorte de privilège. Car c'est, en effet, une chance et un bonheur que d'avoir eu pour grand frère espiègle ce pur enchanteur à l'humour bienveillant. Nos travers bien à nous examinés sous le spectre de la bonhomie.

Aujourd'hui, les héros de BD sont-ils d'aussi plaisante compagnie ? Pour ma part, je l'ignore, m'étant plus ou moins figé, en la matière, au siècle dernier. Mais, au fond, Goscinny livrait le combat de tous les temps, de toutes les époques, le combat salutaire, vital même, contre l'esprit de sérieux. Contre la gravité affectée des sots, des sachants autoproclamés. Autant dire qu'il nous manque. On devrait inscrire ses albums dans les programmes scolaires, entre l'éducation musicale et l'éducation civique. Si, toutefois, on se soucie encore d'enseigner cette dernière. Mais il y a mieux encore.

À y regarder de près, René Goscinny pourrait bien être quelque chose comme le Saint-Simon de notre Cour d'aujourd'hui (ou son lointain petit-cousin, pour rester dans le raisonnable). Ses personnages, en effet, nous parlent.

Avec Emmanuel Macron, nous pourrions avoir une version du Petit Nicolas à l'Élysée. Le leader de la CGT, Philippe Martinez, nous ferait un Iznogoud tout à fait convenable. Plus ressemblant que nature, également, Christophe Castaner en Rantanplan, le chien simplet qui met quatre cases de dessin à réaliser qu'on lui a marché sur la queue. Et Ségolène Royal, qui dégaine plus vite que son ombre, ne nous ferait-elle pas un Lucky Luke des plus crédibles ? Quant aux habitants du village gaulois, réfractaires obstinés à la romanisation-mondialisation, ils sont aisément reconnaissables : ils portent des gilets jaunes et font rôtir du sanglier sur les ronds-points.

Dominique Labarrière
Dominique Labarrière
Ecrivain, essayiste, conférencier

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