Remaniement : « C’est peut-être un détail pour vous… »

borne

« Mais en soit, ça veut dire beaucoup. » Après plusieurs jours de suspense qui, au fond, n’intéressait pas grand monde, Emmanuel Macron a procédé au remaniement ministériel tant attendu. Dont la principale information a été, au fond, le maintien à son poste d’Élisabeth Borne dont il se murmurait qu’elle aurait préféré être maintenue dans le cadre d’une présentation de démission. Las. Emmanuel Macron a préféré la maintenir en douceur afin de garder la main, et une main des plus normales. Pas d’effet d’annonce grandiloquent, donc, dans ce remaniement diffusé au compte-gouttes à des rédactions piaffant de transmettre les précieuses informations à un public désintéressé.

Le sacre d’Attal, la fin de Pap Ndiaye

Ce remaniement, Marine Le Pen l’avait prédit ce mercredi en conférence de presse. « On va mettre Paul à la place de Jacques, Jacques à la place de Pierre… Pierre, qui était président de groupe, ira à la place de Marcel, qui partira en cabinet ministériel... » soupirait la présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale. Et au fond, c’est presque cela. Elle est lointaine, l’époque qui faisait du désormais ex-ministre de l’Éducation nationale la recrue star du gouvernement Borne. Ce militant de gauche engagé dans le décolonialisme et l’antiracisme était la surprise du chef de l’époque. Un moyen comme un autre de tirer un trait sur l’épisode Blanquer. Chou blanc, donc, pour ce ministre en perdition qui ne laissera derrière lui que des livrets sur l’éducation sexuelle, de la prévention LGBT dans les écoles et, surtout, une violente charge contre CNews et Europe 1. Une sortie accueillie par un silence glacial de la Macronie et qui fit murmurer à un député Renaissance : « Je pense qu’il s’en va, si quelqu’un avait encore des doutes. » La sonnerie du glas, en quelque sorte. Il sera remplacé par l’ancien ministre des Comptes publics Gabriel Attal.

L’ancien porte-parole du gouvernement et fervent défenseur du service national universel jouit d’une réputation de fervent républicain et demeure sans doute l’un des ministres les plus haïs par la NUPES en raison de cela… À l’instar de ces députés LFI accusant le SNU de « dérive paramilitaire », Emmanuel Macron ne pouvait pas les crisper davantage en nommant Attal à ce poste clef, véritable bastion de la gauche morale. Une forme de continuité avec Pap Ndiaye malgré tout, puisque les deux collègues sont des inconditionnels de… l’École alsacienne. Cette institution aux frais de scolarité exorbitants qui accueille les rejetons du Tout-Paris. « Pour lui, l’école, c’est l’alsacienne, et la jeunesse, c’est le SNU », a notamment grincé la députée LFI Sarah Legrain. Une belle promotion pour cet ancien d’Assas et de Sciences Po rentré en cabinet ministériel à... 24 ans.

La Macronie se refait une santé !

Il est inconnu du grand public mais incontournable à Paris. Après le départ du ministre de la Santé François Braun, c’est désormais Aurélien Rousseau qui se présentera au chevet de l’hôpital. Cet ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne est l’une des pièces maîtresses du clan Cazeneuve. Il est en effet marié à Marguerite Cazeneuve, ancienne cadre de McKinsey par ailleurs fille de Jean-René Cazeneuve, député Renaissance et sœur de Pierre Cazeneuve, lui aussi député Renaissance… Comme un symptôme de resserrage de rang, voire de recroquevillement de la Macronie autour du dernier carré des fidèles. « Dans la famille Cazeneuve, je demande le gendre », ironise le député RN Alexandre Sabatou. En tout cas, cette nomination est une mauvaise nouvelle pour les opposants à l’euthanasie qui voient François Braun, qui y était opposé, quitter le gouvernement quelques mois avant le débat de cette loi.

Aurore Bergé y arrive enfin !

Cela commençait à virer à la blague dans les couloirs de l’Assemblée nationale. Les appétits ministériels d’Aurore Bergé étaient connus de tous. L’ancienne transfuge des LR a été nommée ministre des Solidarités et devrait prendre son poste incessamment. « A été nommée ministre des Solidarités une députée qui a voté contre le rallongement du congé pour enfant décédé », cingle le député LFI Hadrien Clouet, tandis que les associations LGBT rappellent les amendements « transphobes » de la députée Bergé et son opposition, à l’époque, contre le mariage homosexuel.

Un bon début de mandat pour celle qui risque de devenir un punching-ball pour opposants en manque d’opposition. Un rôle qui est devenu vacant après l’éjection en catastrophe de Marlène Schiappa, dont le maintien après le scandale du fonds Marianne devenait un scandale encore plus grand en soi.

On notera également la nomination de Fadila Khattabi, députée et présidente de la commission des affaires sociales, au poste de ministre délégué chargé des Personnes handicapées.

Des ajustements, des évacuations et, finalement, la confirmation que le gouvernement d’Emmanuel Macron vire au comportement clanique avec des fidèles récompensés. Le pouvoir, contesté et affaibli se recroqueville lorsqu’il se sent menacé. Et c’est exactement le piège dans lequel est tombé l’Élysée. Dans la touffeur de l’été, on ne s’attendait pas à grand-chose et, sur ce point, on n’a pas été déçu.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

32 commentaires

  1. Je précise que je n’ai rien contre les ânes qui sont des animaux plutôt simpa, mais vous pouvez en choisir cent, aucun ne gagnera le prix de l’arc de triomphe. De même que cette bande de rescapés et de nouvelles cloches ne sera capable de faire le boulot que l’on serait en droit d’attendre d’elles.

  2. Croyez-vous au changement ? Certainement pas ! La raison pour laquelle les français se désintéressent totalement de ce dit « remaniement ». Macron ne sélectionne pas les compétences, il donne la priorité au degré de soumission et à l’idéologie. Aurore Bergé l’exemple type. Attal est homosexuel. Il serait étonnant qu’il ne poursuive pas les enseignements de Pap Ndiaye, lesquels répondent aux souhaits de Macron : développer tout ce qui est en rapport avec le sexe, une compensation. Les maths, l’orthographe, la compréhension des textes, le français, du second degré. Les enfants seraient nuls en maths. Pas étonnant s’ils ne comprennent pas les énoncés.

  3. Si le départ de Pap N’Diaye est une bonne chose en soi, pour le reste du gouvernement on aurait pu en rester à un statu-quo. Une tête de l’état avec un énarque aussi brillant soit-il et une ancienne préfète qui n’est rien d’autre qu’une exécutante sans imagination ne peut rien donner de bon. Gouverner un état ne demande pas seulement des compétences aussi élevées soient-elles mais demande d’avoir une sensibilité nationale et une compréhension du peuple dans toute sa diversité. Et dans ce domaine, nos duettistes n’ont aucune des compétences nécessaires. On va donc continuer à naviguer à vue avec un cap non défini pendant quatre ans.

  4. En tout état de cause, malgré la pertinence de tous ces commentaires, il est impossible de prendre le départ du sinistre Pap Ndiaye pour une mauvaise nouvelle. Cette nuisance gauchiste et wokiste, qui n’a strictement rien fait de positif pour relever le niveau navrant de nos écoles pendant l’année où il a été soi disant ministre de la dite EN débarrasse le plancher. Bon vent, et difficile, malgré le commentaire guère encourageant de P. de Villiers, d’imaginer pire à sa suite.

    • Tout à fait d’accord avec vous, en effet, c’est une très bonne chose qu’il débarrasse le plancher, peut-être pas pire mais largement aussi mauvais. (Sourire). Cordialement.

  5. Macron est arrivé au sommet de l’état par copinage.
    Et quels copinages! De la justice aux journalistes, tous ont fait des pieds et des mains pour nous imposer « le Mozart de la finance » (formule à hurler de rire aujourd’hui) allant jusqu’à évincer celui que le peuple avait choisi.
    Pour le reste, Macron a aussi plein de copains au conseil constitutionnel, seule entité préposée à la surveillance du bon déroulement des scrutins.
    C’est donc le plus pur produit du principe de Peter.
    Alors forcément, il a l’entourage que permet ce principe et rien de mieux!
    Il n’y a pas une bonne carte dans son jeu et il aura beau remplacer des nuls par d’autres nuls, comme le problème se situe plus haut, rien n’ira mieux.

  6. …..Ce remaniement ressemble au jeu du bonneteau. ce fameux jeu de dupes de l’ordre de l’escroquerie proposé à la sauvette dans les lieux publics. Le grand manitou a juste viré quelques pions et déplacé quelques autres déjà en place……. quel extraordinaire tour de pass-passe, n’importe quel bouffon aurait pu le faire. Quoiqu’il en soit, c’est clair et net, ce gouvernement est à l’agonie.

  7. La chaise musicale, vous connaissez? Il y a beaucoup trop de « ministres ». Une vingtaine suffirait s’ils faisaient leur travail et avaient chacun des assistants compétents dans chacune des branches différentes de leur ministère. Rien ne va changer mais tout va s’aggraver. Le mois d’août s’annonce très très …chaud!

    • La croute a changée (en apparence ) mais la mie est toujours là. Dans le gâteau qu’est l’état, ce sont les mêmes fonctionnaires qui fonctionnent .

  8. « Il est en effet marié à Marguerite Cazeneuve, ancienne cadre de McKinsey par ailleurs fille de Jean-René Cazeneuve, député Renaissance et sœur de Pierre Cazeneuve, lui aussi député Renaissance… » Ca fleure bon la Camora.

    • La Camora est en Italie la Pègre aux États Unis non en France c’est Renaissance cela dit ça fleure bon le billet vert

  9. D’une façon ou d’une autre, il n’y a rien à attendre de ce gouvernement tant que l’on sera en Macronie.

  10. La nomination qui m’a le plus fait marrer, c’est celui de Madame Couillard à l’égalité Hommes Femmes. Et non vous ne rêvez pas …

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