Pap Ndiaye congédié par celui qui l’avait nommé

Pap Ndiaye

On le disait sur la sellette : le voilà éjecté ! Pap Ndiaye ne sera pas resté longtemps au gouvernement. Il faut dire que les Français se demandaient à quoi il servait. Selon un sondage, seuls 15 % des Français souhaitaient qu'il restât en cas de remaniement. Il s'était récemment illustré en traitant CNews de média d'extrême droite. Signe d'ouverture intellectuelle ou de sectarisme borné ? En tout cas, ce n'était pas un fin politicien. Son successeur, Gabriel Attal, qui, lui, ne boude pas CNews, paraît plus habile, plus médiatique, mais sera-t-il moins dangereux ?

Ce qu'on peut retenir de cette éviction, c'est moins le bilan déplorable de Pap Ndiaye, qui n'a jamais été à la hauteur de sa mission, que la responsabilité d'Emmanuel Macron qui avait choisi de le nommer ministre. Après sa réélection difficile, gagnée grâce aux voix de la gauche – et, en partie, d'une droite qui n'a cessé de fleureter avec cette gauche pour paraître dans le vent –, il lui fallait donner des gages qui, au demeurant, ne lui coûtaient pas trop. Car on oublie trop vite que Macron fut ministre des Finances de François Hollande et que, tout comme Pap Ndiaye, il aime à déconstruire l'Histoire et s'accommode facilement du wokisme.

Quelle sera la politique de Gabriel Attal ? Sera-t-il un Jean-Michel Blanquer, en plus jeune, ou un Pap Ndiaye, en plus dynamique ? Peu probable qu'il change de cap. Il fera plus habilement ce que son prédécesseur faisait maladroitement, les ordres descendant directement de l'Élysée. Pap Ndiaye laisse à son successeur de nombreux chantiers, dont la revalorisation des enseignants. Ironie du sort, les décrets d'application de ladite revalorisation ont été publiés le jour même de son éviction. Il aura eu l'ultime plaisir de tweeter : « C'est fait et c'était mon engagement. » Les derniers mots d'un condamné.

Il est probable que Gabriel Attal sera plus réactif sur la question du harcèlement scolaire ou sur la réforme du calendrier des épreuves du bac. Certainement plus prudent sur la mixité sociale dans les écoles privées. Peut-être plus hardi pour réglementer le port des abayas, histoire de plaire à l'électorat de droite dont Macron a besoin depuis qu'il a mis au ban de la République La France insoumise, qu'il courtisait avant le second tour de la présidentielle. Il sera, à coup sûr, plus présent que son prédécesseur et, sans doute, moins sectaire.

Gabriel Attal ne se sentira pas dépaysé, rue de Grenelle. Entre 2018 et 2020, il avait été secrétaire d'État auprès de Jean-Michel Blanquer. On sait qu'il convoitait ce ministère dès le début du second mandat de Macron. Jeune loup aux dents longues, il n'aura pas patienté longtemps. Reste à savoir s'il s'attaquera aux véritables causes du déclin de l'enseignement et à la crise du recrutement. Osera-t-il prendre les mesures nécessaires pour rétablir à l'école l'autorité, la prédominance de la transmission des savoirs, les vertus de l'effort et du mérite, la recherche de l'excellence ? On aimerait y croire, mais, connaissant son maître, on en doute fort. En paroles peut-être ; en actes, c'est une autre affaire !

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Hélas, hélas, il est plus que probable que M. Kerlouan ait entièrement raison. Alors que le retour aux fondamentaux dans l’éducation nationale devrait être une priorité absolue.

  2. Pourquoi appeler encore ce ministère « Education » Nationale? Il devrait se nommer « Instruction » nationale, car c’est le rôle dévolu à l’école. L’éducation doit se faire à la maison. Nous ne sommes plus en 1950 ou les mamans n’avaient pas de temps, trop occupés aux taches ménagères et où les papas travaillaient 14 h par jour dans les champs. Elevez vos enfants ou n’en faites pas. Et puis, l’état avec ses conseils sur tout, éduque même les adultes; c’est dire!

  3. Un ministre en chasse un autre mais le logiciel de de l’égalitarisme forcené reste et il va faire faire son œuvre pendant 4 années . L’essence même du socialisme c’est de formater les esprits dès le berceau . Nous en voyons les effets tous les jours notre instruction national ne peut plus faire son travail par manque d’autorité que ce soit parentale ou publique . Le maître d’œuvre c’est l’idéologie politique progressiste que l’on retrouve en Europe. Notre souveraineté nationale n’est plus qu’un leurre.

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