[Réaction] Fabien Bouglé : « Le chantage à la catastrophe nucléaire commence à bien faire »

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L’Assemblée vote, ce mardi 19 mars en dernière lecture, le rapprochement de deux organisations nucléaires françaises : l’ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire, gendarme des centrales, et l’IRSN, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, chargé de l’expertise technique. Fabien Bouglé, lanceur d'alerte écologiste français qui dénonce depuis dix ans le désastre écologiste et financier des éoliennes, a accepté de nous répondre.

Gabriel Decroix : Des parlementaires de l’opposition dénoncent un risque de désorganisation du système, une perte d’indépendance et de transparence avec cette fusion tandis que le gouvernement défend un surcroît de fluidité dans les délais, de transparence et d’indépendance. Qui croire ?

Fabien Bouglé. Le gouvernement ! En réalité, il faut comprendre que depuis des années, la sûreté nucléaire est instrumentalisée par des officines, des mercenaires de l’énergie comme j’ai décrit dans mon livre Guerre de l’énergie (Rocher). Toutes les organisations hostiles à cette fusion sont les mêmes adversaires farouches du nucléaire : Réseau action climat, WWF, Greenpeace et autres négatWatt. En vérité, cette fusion était nécessaire pour fluidifier la sûreté nucléaire en la rendant plus moderne. Il fallait, aussi, éviter que cette sureté nucléaire serve les intérêts cachés de certains États qui pilotent cette sûreté nucléaire dans un but qui lui est étranger. La sûreté nucléaire pouvait apparaître comme un caillou dans la chaussure du nucléaire français, au profit de filières nucléaires concurrentes qui n’ont pas ces mêmes contraintes.

G. D. Dans un contexte de vieillissement du parc nucléaire, la députée Delphine Batho, ancien ministre de l’Écologie, redoutait une paralysie du nucléaire pour quelques années, avec la réorganisation que provoque cette réforme. Cette crainte est-elle justifiée ?

F. B. Nous avons connu la paralysie du nucléaire depuis des années avec les surcroîts des principes de précaution. Jusqu’à présent, l'IRSN, l’Institut de radioprotection de sûreté nucléaire, pouvait rendre des avis publics avant même toute décision de l’ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire, sur laquelle elle faisait pression. C’est une démarche assez surprenante. Je crois que la loi consiste, désormais, à empêcher les mises en lumière d’avis de spécialistes avant que l’autorité de sûreté nucléaire n'ait pris sa décision en matière de sûreté. Il faut bien comprendre que le principe de précaution poussé à l’outrance conduit, justement, à un ralentissement du nucléaire.

C’est ainsi qu’en pleine crise énergétique, au titre des corrosions sous contrainte, nous avons stoppé la moitié du parc nucléaire français, alors qu’il aurait pu tout à fait fonctionner en restaurant simultanément les corrosions sous contrainte. Cette affaire a conduit à un endettement de 65 milliards d’EDF. Nous savons combien la sûreté nucléaire peut être instrumentalisée par des desseins cachés. Au contraire d'une paralysie, la fusion des deux entités permettra l’accélération du nucléaire avec une sûreté nucléaire tout à fait maintenue. Je trouve que le chantage à la catastrophe nucléaire commence à bien faire.

Les officines antinucléaires sont championnes de la prophétie autoréalisatrice. Après avoir tout bloqué pendant vingt ans, elles déplorent le manque de savoir-faire aujourd’hui. Quand nous souhaitons relancer le nucléaire, elles arguent des actes passés pour ne pas faire aujourd’hui.

Pour être en relation avec des ingénieurs nucléaires, tout le monde s’accorde à dire qu’il faut rafraîchir la sûreté nucléaire en France pour qu’elle soit modernisée, afin d’éviter les écueils dans lesquels nous sommes tombés. Ils sont essentiellement le fait de l’infiltration de mouvement antinucléaires, en particulier au sein de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

G. D. Il y a un an, le RN s’était opposé au projet de loi de fusion des deux entités nucléaires, et voilà qu’il vote favorablement, le 12 mars dernier, suscitant les critiques de la gauche parlementaire. Est-ce une bonne nouvelle ?

F. B. La prise de conscience du Rassemblement national qui avait voté contre la fusion en commission, en votant pour l’amendement de rejet, est salutaire. C’est un enjeu de salut public et je me réjouis que le RN ait changé sa position sur l’importance de ce texte et ait rallié le gouvernement dans un souci de relance du nucléaire français. C’est une très bonne chose, je m’en félicite.

Il y aura, ensuite, une prochaine étape en commission mixte paritaire. Le Sénat est aussi infiltré par des antinucléaires chez les LR. De toute façon, s’il y a désaccord, le texte reviendra en dernière lecture à l’Assemblée nationale.

Gabriel Decroix
Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

16 commentaires

  1. Bonjour Fabien, bonjour à tous. Fabien Bouglé est un bienfaiteur de l’avenir énergétique de la planète. Il faut se scandaliser de l’incapacité française d’accélérer le nucléaire. La lenteur en la matière ne s’explique que par l’incurie et la paresse des administrations et des énarques, n’oubliez jamais qu’un certain imbécile a commencé par fermer Fessenheim.

  2. Je l’ai déjà dit et je le répète, le danger nucléaire venant de Russie est une farce « macronniene », il veut nous foutre la trouille, pour jouer à l’homme providentiel, au sauveur, au grand homme et nous faire subir tout un tas de mesures liberticides. Les vrais dangers pour la France et pour l’europe, c’es d’abord macron, à jouer au boute feu avec la Russie et aussi à favoriser l’immigration islamiste et toute la délinquance et criminalité qui y est associée, avec pour corollaire la ruine de la France. C’est un psychopathe.

  3. Les E.U mettent de l’ordre avant de reprendre l affaire. Les E.U vont avoir la main sur tout le parc nucléaire civil et militaire de l’Occident.

  4. Merci à Fabien Bouglé pour cet éclairage intéressant et, une fois n’est pas coutume, pour ce satisfecit donné au Gouvernement sur ce point précis.

  5. Les Français devraient se souvenir que, sans le Baron Empain et Framatome, il n’y aurait jamais eu de nucléaire Français… qu’est-ce qu’il en reste ???

  6. Les « desseins cachés », ce ne seraient pas l’UE, l’allemagne, et les usa, qui ne veulent que du « bien » à la France ?

  7. On parle de Tchernobyl ? silence de plomb , quelle est la situation ? mystère ?
    Le Carnard Enchainé cette semaine , Fukushima , ça va , ça va , on a évacué 164 000 habitants , à la date du 4 mars 2015 on dénombrait officiellement 1 867 décès . On continu de refroidir les 3 réacteurs en fusion qui continuent de cracher de la radioactivité mortelle . On continue de balancer dans le Pacifique des millions de tonnes d’eau contaminée et il y en aurait pour trente ans encore . On ne sait toujours pas récupérer le coeur du réacteur , les 880 tonnes de combustible fondu mélangé au béton et à l’acier .On continu de décontaminer la couche superficielle du sol ce qui fait des tonnes de terres radioactives . Plus de 3 000 ouvriers sont sur le terrain . On continue d’interdire l’accès aux forets qui couvrent 75 % du territoire touché par le nuage radioactif, impossible à décontaminer . Toujours 27 000 évacués restent exilés loin de chez eux . La facture s’élève à plus de 200 milliards d’euros d’après le gouvernement japonais . Douze pays continuent de maintenir des restrictions sur les importations de produits alimentaires japonais .

    • Mais les japonnais relancent la construction de centrales nucléaires… Alors ? Vous préférez les éoliennes, ou la bicyclette pour produire de l’électricité et alimenter le future parc automobile ? Fukushima n’est pas un accident nucléaire mais la conséquence d’un raz de marée. Des dégâts oui mais vous avez une solution ? La bougie peut-être…

      • Les centrales nucléaires française ne sont pas menacées par un raz de marée , par contre certaines sont construites dans des zones à risques sismiques . Et le problème est le manque d’information , la censure totale sur ces accidents nucléaires . Le vent ne coute rien mais il est aléatoire , le soleil ne coute rien mais il est aléatoire , l’eau ne coute rien mais difficile de construire de nouveaux barrages , on doit acheter le gaz à l’étranger , on doit acheter le pétrole l’étranger , on doit acheter l’uranium à l’étranger , et les vendeurs ne sont pas des modèles démocratiques et ont des « valeurs » différentes des nôtres .

    • A tout mélanger, ça ne perturbe que les bas du front, je ne sais pas si c’est volontaire de votre part, mais mélanger Fukushima et Tchernobyl est un non sens. Les 200 milliards dont vous parlez sont imputables au tsunami.

    • J’aimerais connaître vos sources. Quand j’ai étudié (scientifiquement) la catastrophe, le bilan des décès était plus net : séisme et tsunami : 22 000. Nucléaire : 0. Je voudrais donc savoir d’où sortent ces 1867 zombies.

      • Mon commentaire précise la source de cette information , Le Canard Enchainé . Un réacteur en fusion qui émet de la radioactivité n’est pas dangereux ? curieuse étude « scientifique » , c’est la première fois que je lis la négation de la nocivité des radiations . Le négationniste sévit partout de nos jours . Un séisme provoque un tsunami qui détruit une centrale nucléaire , toutes les victimes relèvent du séisme et du tsunami ? raisonnement étrange.

  8. Toute l’industrie est victime de réglementations de plus en plus contraignantes, qui n’ont souvent aucun rapport avec l’état des installations, mais qui produisent de la sûreté administrative plutôt que fonctionnelle.

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