Réindustrialisation, après l’épidémie : pourquoi et comment ?
Il semble que le recouvrement de notre indépendance, et donc de notre souveraineté, minimale sur le plan sanitaire et médical soit un objectif désormais admis par la majorité. Tant mieux. Cela impliquera le rapatriement d’une partie de la production des médicaments et des équipements médicaux, en particulier les plus critiques (principes actifs, antibiotiques, intermédiaires de synthèse…) dans les domaines-clés (virologie, cancérologie, système nerveux…).
Mais la crise actuelle nous montre qu’il ne faudra pas s’arrêter là. Il est, en effet, intéressant d’étudier quels secteurs économiques ont été contraints, malgré le confinement, de poursuivre leur activité à 80 ou 100 % : l’ensemble de la chaîne agro-alimentaire mais aussi l’énergie, le traitement des déchets et de l’eau, les télécommunications, les systèmes informatiques, l’ensemble des réseaux de transport, même si ceux-ci tournent au ralenti, et, bien sûr, le système bancaire et deux tiers des services publics. Il est donc clair que, dans l’optique d’un fonctionnement autonome de notre économie en cas de nouvelles crises, ces secteurs devront être « sauvegardés » et faire l’objet de protection spécifique (contrôle des maillons critiques de la chaîne d’approvisionnement, relocalisation de la fabrication partielle ou totale…).
Mais bien d’autres secteurs ne peuvent, en réalité, être paralysés sous peine de blocage à très moyen terme (6 à 12 semaines maximum) du reste de l’économie et de la vie quotidienne des Français. Exemple : l’électronique, avec l’appel solennel d’une dizaine de représentants des industriels des semi-conducteurs à assurer la continuité totale d’exploitation du secteur. Il est, effectivement, utile de rappeler que ces composants sont « essentiels à toutes les infrastructures et équipements vitaux » décrits plus haut. Les microprocesseurs sont, en quelque sorte, les « cerveaux » de tous les équipements électromécaniques. Un raisonnement identique pourrait s’appliquer aux matériaux composites, à la plasturgie, à la métallurgie, à la chimie et même au carton, absolument indispensables à maintes filières industrielles !
En définitive, il est facile de démontrer que, pour avoir une économie un minimum intégrée en cas de crise, c’est l’essentiel du tissu industriel qui doit être maîtrisé. Effet d’entraînement incomparable sur les autres secteurs en aval, indépendance vis-à-vis de l’extérieur, résilience aux crises de tout ordre et, bien sûr, source d’exportations (qui plus est à forte marge) : ainsi peut-on résumer les bienfaits inhérents de l'industrie sur l'économie.
Toute économie développée ne peut faire l’impasse sur son industrie. L’exemple de l’Allemagne, qui a conservé 24 % de PIB industriel (nous sommes passés de 23 % à 11 % en 40 ans), est emblématique. Mais les bienfaits de l’industrie ne s’arrêtent pas là. En effet, je démontre dans mon ouvrage Le Choix souverainiste que la réindustrialisation de la France s’accompagnera nécessairement de la reconquête des espaces semi-ruraux ou semi-urbains (les 3.000 communes de densité moyenne 400 habitants au km2) et ruraux (les 31.000 communes de moins de 60 habitants au km2). En effet, forte de nos champions industriels toujours existants (l’un de nos derniers atouts) qui font office de grands ensembliers, celle-ci s’appuiera quasi uniquement sur l’implantation de nouvelles PMI ainsi que sur leur développement dans tous nos « territoires ». Pourquoi ? Parce que c’est justement ce maillage immense des sous-traitants (correspondant à autant de métiers tels que la plasturgie, les matériaux composites, l’électronique…) qui est détruit depuis 40 ans. Or, ces PMI sont situées, à plus de 80 %, en dehors des métropoles, c’est-à-dire dans les zones semi-rurales qui hébergent, en fait, plus de deux tiers des Français ! Et les ETI (entreprises à taille intermédiaire, 250 à 5.000 salariés), véritables fleurons de toute économie performante, possèdent leurs unités de production sur ces mêmes zones à plus de 70 % ! CQFD.
Une fois convaincus du bien-fondé de la réindustrialisation, les Français n’auront plus qu’à décider les politiques à la mettre en œuvre. Difficile d’imaginer que le Président Macron soit de ceux-là. Personnellement, je serais enclin à penser que seule Marine Le Pen aurait la détermination, l’indépendance d’esprit et la clairvoyance pour entamer ce grand chantier. Celui-ci reposera sur un véritable plan stratégique de relocalisation, ou de déploiement pur et simple, d’une partie de notre industrie à définir sous-filière par sous-filière en partenariat avec des branches professionnelles rénovées et modernisées pour la circonstance. Ce programme se déclinera selon les trois dimensions classiques qui permettent l’épanouissement de toute entreprise : la recherche (les « produits de demain »), la formation professionnelle (les « hommes de demain ») et les financements (en capital et trésorerie).
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