Rapport Mbembe : Macron va-t-il reconnaître les « racines africaines de la France » ?

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Emmanuel Macron a le chic pour choisir les auteurs de rapports dont il connaît d'avance les conclusions. Après avoir confié à Benjamin Stora l'étude des questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie, voici qu'il a demandé à un historien camerounais, Achille Mbembe, une contribution pour jeter les bases d'une « refondation » des rapports entre la France et l'Afrique. Lequel appelle le président de la République à reconnaître « les racines africaines de la France ». Rien que ça !

Selon le journal Le Monde, ce rapport, remis le 5 octobre, « s’inscrit dans la droite ligne du rapport Sarr-Savoy sur la restitution du patrimoine africain et de celui sur "les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie", remis par Benjamin Stora en janvier ». Avec de telles références, on peut s'attendre au pire. On n'est pas déçu ! Ainsi, dans le chapitre consacré aux « différends à apurer », il ne manque pas de souligner que « la reconnaissance de la perversion du colonialisme, de sa nature, littéralement, de crime contre l’humanité, est importante ». De tels propos ne vous rappellent-ils pas quelque chose ?

Ce n'est pas la seule aberration du rapport. Achille Mbembe souhaite aussi que la population française découvre « les racines africaines de la France, et [se libère] du mythe d’une identité française exclusivement et éternellement européenne et catholique ». Il préconise une « pédagogie de la diversité » pour sortir du piège identitaire. Qu'il se rassure : cela fait belle lurette que la France n'est plus la fille aînée de l'Église. C’est à la demande du Président Chirac que la référence aux racines chrétiennes de l’Europe fut retirée, en 2004, du projet de préambule de la Constitution européenne : aucun gouvernement ne s'est, depuis, hasardé à vouloir les mentionner.

Ce théoricien du post-colonialisme n'a pas eu seulement la charge de ce rapport. Il a également préparé le sommet Afrique-France, qui se tient ce 8 octobre  à Montpellier. Trois mille personnes y sont attendues mais, pour la première fois, il n'y aura aucun officiel politique. Macron a préféré que ce sommet soit « celui d'un dialogue direct et ouvert, celui de la jeunesse, celui des diasporas ». Il a déjà rencontré onze jeunes Africains et Franco-Africains, choisis par Achille Mbembe.

On ne s'étonnera guère qu'Emmanuel Macron ait une prédilection pour de telles personnalités. Il sait à l'avance que leurs conclusions correspondront à ses attentes, tout en se donnant la liberté de ne pas les reprendre toutes et d'apparaître ainsi comme un arbitre éclairé. Une façon de pratiquer le « en même temps » sans trop se mouiller. Gageons qu'à l'approche des élections présidentielles, il saura se montrer prudent sans jamais renoncer à ses certitudes ni à ses préjugés tenaces.

Il est inquiétant de penser qu'on est gouverné par un homme qui ne trouve pas utile de défendre l'identité de la France, sa culture, son Histoire, et semble plutôt se complaire dans sa déconstruction. Cette faute politique justifie, à elle seule, que des Français de plus en plus nombreux n'envisagent pas de lui renouveler son bail.

 

 

 

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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