Rambouillet : la victime, héroïne nationale ?

Légion d'honneur

Quitte à offusquer certain(e)s, je veux dire mon sentiment sur la cérémonie officielle et les honneurs rendus à cette malheureuse fonctionnaire de police de Rambouillet, lâchement assassinée par un terroriste sur son lieu de travail.

La présence de cinq ministres derrière Jean Castex était déjà éloquente de l’importance du symbole montré à la nation par le gouvernement. Mais l'assistance très nombreuse de personnalités politiques de tous bords semblait révéler autant, sinon davantage, la culture de la notoriété – en vue des prochaines élections ? - qu’une compassion unanime faisant fi, en la dramatique circonstance, des oppositions traditionnelles...

Nonobstant cette apparente union de la République et du pays autour d’une victime innocente, un acte officiel m’interpelle, qui est sa décoration de la Légion d’honneur.

Le 19 mai 1802, le Premier consul fonde cet ordre pour récompenser les mérites des citoyens aussi bien civils que militaires. « Mérite » entend services remarquables et a fortiori acte héroïque. Arnaud Beltrame, officier supérieur de la gendarmerie, donnant sa vie pour sauver des otages en est le récipiendaire à titre posthume récent le plus exemplaire, me semble-t-il. Samuel Paty, autre victime du terrorisme islamique, fut personnellement visé par son assassin.

Stéphanie Monfermé, cette « héroïne du quotidien », faisait son travail comme des centaines de milliers de fonctionnaires et salariés. Elle n’était pas policière du terrain mais agent administratif. Des risques inhérents à son emploi n’existaient donc pas. La malheureuse fut la cible anonyme d’un terroriste usant de la facilité d’un repérage local pour commettre son acte barbare.

La Légion d’honneur, désormais dispensée avec largesse et égalité, ne fut pas créée pour marquer l’opinion en de telles circonstances. Au moment où va être célébré, par le Président, le bicentenaire de la mort de Napoléon, l’incongruité est d’autant plus marquante !

En décembre 1963 est créé par le général de Gaulle l’ordre national du Mérite pour marquer la reconnaissance de la nation envers des citoyens, civils ou militaires. Il s’agissait alors de « hiérarchiser l’échelle des mérites » tout en « restituant le prestige de la Légion d’honneur ».

Si valeur d'exemple elle représentait, n'est-ce pas dès lors cette décoration-là que méritait Stéphanie Monfermé ?

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Henri Gizardin
Ancien pilote de chasse - Son blog.

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