Ramadan et football : la FFF siffle la fin de la partie

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Jeudi dernier, dans un courriel adressé aux arbitres officiels, la Fédération française de football a indiqué avec fermeté qu’il était interdit d’interrompre les matchs pour permettre aux joueurs de rompre le jeûne en cette période de ramadan.

« Il a été porté à la connaissance de la Fédération des interruptions de matchs, suite à la rupture du jeûne du ramadan, explique l'organisme par courriel. Ces interruptions ne respectent pas les dispositions des statuts de la FFF. » En effet, et de surcroît, l’article 1er des statuts stipule : « La Fédération et ses organes déconcentrés, en tant qu’organes chargés d’une mission de service public déléguée par l’État, défendent les valeurs fondamentales de la République française et doivent mettre en œuvre les moyens permettant d’empêcher toute discrimination ou atteinte à la dignité d'une personne, en raison notamment de son sexe, son orientation sexuelle, son origine ethnique, sa nationalité, sa situation géographique, sa langue, sa situation sociale, son apparence physique ou ses convictions politiques et religieuses. »

Éric Borghini, président de la Commission fédérale des arbitres à la FFF, a expliqué que, selon lui, la Fédération a été informée qu’« un certain nombre de rencontres de niveau amateur ont été arrêtées pour permettre aux joueurs pratiquant le jeûne de s'hydrater » - et ce, « sans que le règlement ne le permette ». Or, comme on l’a vu, l'article premier des statuts de la Fédération impose un respect strict de la laïcité dans le football.

Naturellement, certains n’ont pas manqué de s’offusquer de cette décision. Si, au niveau professionnel, elle reçoit globalement un accueil favorable, à un niveau amateur, les incompréhensions demeurent. D’abord, les tenants de l’indignité comparent la prise de position française avec d’autres pays étrangers européens comme le Royaume-Uni. L’esprit d’ouverture de cet État est loué car il permet une pause de rupture du jeûne.

Ensuite, l’argument soulevé est celui, naturellement, de la santé des joueurs. Un jeune arbitre de district, Elias Nassif, interrogé par RMC Sport, a déclaré : « Bien sûr qu’on ne va pas prendre cinq minutes dans un match, ça n’aurait pas de sens, mais à l’image d’une pause fraîcheur qui est entrée dans le règlement, prendre 30 secondes ou une minute pour boire quelque chose et manger un peu, il n’y a pas de soucis. En tant qu’arbitre, on est là pour protéger les joueurs, les soutenir et protéger leur santé. Surtout en amateur, on ne va pas empêcher des seniors ou des petits de boire un peu d’eau pour jouer au foot. » Il conclut : « Si boire, c’est du prosélytisme… »

En effet, boire n’est pas du prosélytisme, mais ce n’est pas de cela qu'il s’agit. Un problème se pose dans un État laïque quand le religieux, quel qu’il soit, empiète sur les principes républicains. Il faut, en effet, considérer que le fait religieux appartient au domaine du privé et qu’il ne peut avoir comme conséquence d’imposer des règles nouvelles à ceux qui ne partagent pas les mêmes spiritualités.

Évidemment, le football n’est pas impacté par une pause de cinq minutes pour boire de l’eau. Mais le problème ne se pose pas de cette manière. La question est celle des limites aux revendications religieuses que l’on impose dans la cité laïque.

Plusieurs exemples peuvent être développés. Supprime-t-on les examens, le samedi, dans les universités sous prétexte que c’est sabbat ? La semaine qui arrive, pour les catholiques, est moment essentiel : c’est la Semaine sainte. Elle sera ponctuée de messes, de recueillements, de prières, de moments forts et se terminera par la joie de la résurrection du Christ, le dimanche de Pâques. Et pourtant, ce dimanche là, des compétitions sportives se tiendront, et même à l’heure de la messe. Et personne ne viendra le contester.

Me Alain Belot
Me Alain Belot
Avocat au barreau de Paris, chroniqueur à BV

Vos commentaires

46 commentaires

  1. A-t-on arrêté un match pour le carême, les fêtes de Pâques ou la Pâques juive ? La FFF a bien fait. Ceci devrait être précisé dans le règlement et les contrats du monde du sport. Et si la coupe du monde au Qatar avait eu lieu pendant ce jeûne ?

  2. C’est également dans ce cas de figure que l’on peut voir ou comprendre que ‘le vivre ensemble’ est totalement incompatible quand la religion ou les us et coutumes sont totalement différentes de notre pays.. Dans une REPUBLIQUE LAÏQUE, quelle que soit la profession, tout employeur doit avoir le droit de signaler à son futur employé que le ramadan ne doit pas être une entrave à l’activité de son établissement sinon, c’est le renvoi sans préavis. Car nous savons tous que si cette période est pratiquée par le musulman, cela va perturber non seulement le poste qu’il occupe mais l’organisation de ses collègues de travail. C’est à ce nouveau venu de RESPECTER les règles de vie du pays dans lequel il a choisi de vivre et non l’inverse sinon, il le quitte.

  3. BRAVO ! bonne initiative ! Enfin une bonne nouvelle ! Nous sommes une République LAÏQUE, loi du 9/12/1905 et c’est bien normal que l’on impose enfin nos LOIS à tous ceux qui veulent vivre dans notre pays sinon, on le quitte.

  4. Un bon point pour la FFF ! 20 / 20 ! Que les arbitres qui tolèreraient ces dysfonctionnements soient suspendus .

  5. La République Française est LAÏQUE ./ ( point /barre !) . Faut-il le répéter 10 ; 100 ; 1000 fois ou plus ? Les « calottins » et/ou « islamistes » n’ont pas pas à s’immiscer dans la vie des autres citoyens athées , agnostiques , laïques , chrétiens , musulmans , etc. majoritaires dans ce pays et qui respectent la laïcité . La religion est affaire privée . S’ils ne sont pas contents qu’ils aillent ailleurs où leurs « revendications » sont acceptées , au détriment des autres … J’en ai marre , ras le bonnet de ces « terroristes » de la pensée et du vivre ensemble .Personne ne les empêche de pratiquer , mais qu’ils en assument les conséquences dans une pays comme le nôtre .

  6. Bonjour Pipo56, Je pense que Bernard47 est plus proche que vous de la vérité. Le Coran autorise les musulmans à interrompre le jeune pour diverses raisons comme lorsqu’ils voyagent par exemple, et en république islamique, ils en jouent à qui mieux mieux. Dans le foot, le but est de marquer un peu plus leur territoire comme ils le font ailleurs avec le voile et le burkini pour les femmes, selon les circonstances. En clair, ils nous la font à l’envers.

  7. Encore une fois, il faut prendre le problème en amont : Tout sportif sait que fournir un effort physique implique de s’être nourri et hydraté correctement avant. Donc, il serait salutaire que toutes les fédérations sportives interdisent à tous les musulmans qui suivent le ramadan de participer à une compétition pendant cette période, pour le bien de leur santé (entre parenthèse, que l’on fasse du sport ou non, se priver de manger et de boire pendant une journée entière est une aberration biologique évidente).

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