Quelles sont les chances de Trump de rester au pouvoir ?

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Le peuple américain est en train de vivre un épisode jamais vu dans son Histoire : vit à la Maison-Blanche un président officiellement pas encore battu mais dont le système a acté la défaite. Tous voient dans Joe Biden le quarante-sixième président. Une situation qui n’existe que pour l'Associated Press américaine et pour l’immense majorité des élites culturelles d’Europe occidentale et américaine. M6 a, d’ailleurs, célébré la victoire de Joe Biden, hier soir, avec une émission spéciale dans laquelle on pouvait voir la chanteuse Jenifer chanter l’hymne américain sur fond de drapeau étoilé.

Or, que disent les faits ? Tout d’abord, et quel que soit le résultat, Trump restera le 45e président jusqu’au 20 janvier 2021, date d’investiture du nouveau président si rien ne bouge.

Au 10 novembre 2020, voilà la situation électorale : Joe Biden aurait 290 grands électeurs, contre 214 pour Donald Trump. À l’heure actuelle, et selon Associated Press, seuls la Caroline du Nord, la Géorgie et l’Alaska seraient en ballottage.

Sur le papier, Biden a largement dépassé le seuil des 270 grands électeurs pour être élu. Néanmoins, en vue d’un score très serré, la Géorgie a annoncé recompter les bulletins, la Caroline du Nord est en passe d’être remportée par Trump et l’Arizona est encore indécis.

Le doute des fraudes

Le procureur général des États-Unis vient d’autoriser une enquête sur les centaines d’accusations de fraudes visant exclusivement le parti démocrate, à notre connaissance. Ainsi, rien que dans l’État du Michigan, 131 témoignages sous serment de fraudes ont été recensés par le camp Trump, une information confirmée par le Washington Post. En Pennsylvanie, autre État au résultat litigieux, le juge fédéral s’est emparé de l’affaire, rendant plausibles les informations qualifiées, jusque-là, de « fake news » par la plupart des médias. Un exemple parmi d’autres qui tendrait à prouver qu’on quitte le domaine de l’anecdote.

Concrètement, ces fraudes seront-elles suffisantes pour annuler au moins partiellement l’élection présidentielle ?

La probabilité est mince mais elle est réelle. Toutefois, la Cour suprême américaine, qui statue en dernier ressort sur les litiges, ne peut pas être saisie directement. Il faut attendre que les enquêtes cheminent à travers les différentes strates de l’appareil législatif américain. La Constitution américaine confie aux États le soin d’organiser leur élection.

Dans les faits, la Cour suprême peut aussi refuser la demande de réexamen. Il faut l’approbation d’au moins quatre juges pour cela. Sur les neufs qui composent la Cour suprême, trois ont été nommé par Donald Trump, deux par Barack Obama, trois par George W. Bush, un par Bill Clinton. Six sont donc républicains. Mais dans ce genre d’affaire, il ne faut pas vraiment compter sur les appartenances politiques des uns et des autres qui se font fort de les oublier.

Ainsi, en 2000, la Cour suprême s’était prononcée contre le recomptage des voix en Floride, qui aurait éventuellement permis au candidat démocrate Al Gore de battre le républicain George W. Bush. La haute juridiction américaine s’était alors pris une tornade et risque de réfléchir à deux fois avant de replonger dans les marigots de la politique.

Le jeu reste donc ouvert. Donald Trump doit solidifier ses arguments juridiques et donner corps formellement aux accusations de fraudes de manière à démontrer qu’elles menacent sérieusement le résultat de l’élection présidentielle. Actuellement, ni la Chine, ni le Brésil, ni le Mexique, ni la Russie n’ont reconnu la victoire de Joe Biden. L’empressement des médias et des observateurs à le faire a de quoi étonner. En effet, que penser de la couverture d’une élection pas encore terminée dont les principaux observateurs se condamnent à la course en avant pour éviter de se dédire ?

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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