Ce samedi soir, France 2 a diffusé une émission enregistrée avant Noël à l'Institut du monde arabe, dans le cadre des « Rencontres du Papotin », où des journalistes non professionnels, atteints d'un trouble du spectre autistique, interrogent une personnalité. En l'occurrence, Emmanuel Macron. Un exercice qui n'était pas pour déplaire à un homme qui aime le débat, quand c'est pour lui l'occasion de se donner en spectacle.

Passe encore sur le tutoiement, de rigueur dans cette émission, mais pourquoi utiliser un registre relâché, comme pour se mettre à la portée de personnes incapables de comprendre un langage courant mais correct ? Ainsi, comme on lui demande s'il a « beaucoup de pognon », il répond : « Ça dépend ce que t'appelles beaucoup de pognon. Pour tout te dire, j'en avais plus avant de faire Président. Maintenant, j'en ai beaucoup moins. » Faut-il le plaindre de s'être sacrifié pour la France, de façon désintéressée ? Plutôt le plaindra-t-on de confondre le naturel avec une familiarité affectée, qui est plus une forme de mépris que de respect.

S'il a répondu à des questions sur l'exercice du pouvoir, le macronisme ou la guerre en Ukraine, il a également été interrogé sur sa vie privée. Et là, il me faut avouer – mais peut-être ai-je mauvais esprit – que je me suis demandé si Éric Zemmour n'a pas vu juste lorsqu'il a irrévérencieusement traité Macron d'« adolescent qui se cherche », donnant l'impression « d'un type qui n'est pas fini ». Quand, évoquant sa grand-mère maternelle, il confie que « Manette lui manque », ajoutant, à voix basse et les yeux embués de larmes, « qu'elle s'est beaucoup occupée de [lui] quand [il était] petit puis adolescent », on se dit qu'il a peut-être trouvé chez elle une affection qui lui manquait.

On apprend, d'ailleurs, que ses parents ont modérément apprécié sa relation avec le professeur de théâtre qui devait devenir sa femme. Il explique que « le principe de l’amour, c’est que tout est possible », que « ça te tombe dessus » et que « ce n’est pas écrit que c’est forcément quelqu’un comme toi, du même âge qui vit au même endroit que toi ». Il précise à un autre interlocuteur que « quand tu es amoureux, tu ne choisis pas ». Un exemple vécu du coup de foudre ! Il ajoute toutefois que « [Brigitte] n’a pas été vraiment [sa] prof, elle a été [sa] prof de théâtre ». On est rassuré. Pap Ndiaye n'aura pas besoin de publier une circulaire pour rappeler les limites des relations amoureuses entre professeurs et élèves.

Certes, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy s'étaient déjà prêtés au jeu, mais c'était alors sans micro ni caméra. Cette fois, l'émission a été diffusée un samedi soir, sur France 2, à une heure de grande écoute. « Vous m'avez emmené sur des terrains où je n'avais pas été dans d'autres interviews avec d'autres journalistes », confie le chef de l'État à la cinquantaine de journalistes présents, apparemment satisfait de s'être ainsi exhibé. Il voulait, paraît-il, se dévoiler pour gagner en humanité. Mais était-ce la place et le rôle d'un Président ? On imagine mal le général de Gaulle, Georges Pompidou ou François Mitterrand révéler, comme des potaches, leurs premiers émois amoureux.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/01/2023 à 9:28.

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08 janvier 2023 à 20:04

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68 commentaires

  1. Consternant ! Il n’a donc rien de plus important à faire dans ce pays que d’aller « aux rencontres du Papotin » mais il est vrai que ce moment là a dû être une cure de jouvence pour lui qui aime tant faire le « cacou ». Eric ZEMMOUR a en effet a vu juste en parlant de Macron, « un ado qui se cherche »…. nous sommes même certains qu’il n’est pas prêt de « se trouver », c’est trop tard vu son âge…. En tout cas, ce « papotage » nous a permis de comprendre pourquoi il est tombé amoureux de Brigitte, cette dernière lui rappelle « manette » sa grand’mère qui lui manque tant……

  2. suite au livre de Roselyne Bachelot qui indique clairement qu’à la place de la flèche traditionnelle elle aurait voulu un sexe en érection avec deux boules en or à la base!! si cela ne relève pas de la psychiatrie ! que je sois pendu !

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