L’Union européenne ne sait décidément plus quoi trouver pour punir les Britanniques d’avoir choisi le Brexit.

Selon un rapport interne de l’Union européenne consulté par le Guardian, Bruxelles envisagerait sérieusement de réduire drastiquement le contenu cinématographique et télévisuel britannique sur le territoire européen. L’argument-prétexte consiste à dire que le Royaume-Uni n’étant plus dans l’Union européenne, la place occupée par ses créations audiovisuelles sur les écrans est « disproportionnée ».

L’Union européenne fait mine de s’appuyer sur la SMA (directive européenne sur les Services de médias audiovisuels) selon laquelle la culture européenne doit être privilégiée au sein des États membres au point de garantir un espace d’au moins 30 % d’œuvres communautaires sur les chaînes télévisées et sur les plates-formes de VOD. « Cette disproportion », nous dit textuellement le rapport, « peut affecter la réalisation des objectifs de promotion des œuvres européennes et de la diversité culturelle visés par la directive sur les services de médias audiovisuels. »

L’hypocrisie est totale : l’Union européenne fait semblant de croire que les productions britanniques feraient de l’ombre à celles d’autres États membres tels que les pays baltes ou d’Europe de l’Est, alors que leurs productions sont pratiquement inexistantes et sont même souvent coproduites par les Français, les Allemands, les Belges, les Irlandais et… les Britanniques.

Elle fait semblant, également, de confondre la civilisation européenne et l’espace communautaire et administratif, comme si un film britannique était soudainement devenu plus étranger à la perception d’un Français qu’un film roumain ou croate, alors que nous partageons plus de mille ans d’Histoire commune avec les Anglais – on se fiche clairement du monde.

Par ailleurs, l’Union européenne redouble d’hypocrisie et de lâcheté dans sa volonté de ne pas voir l’éléphant au milieu du magasin de porcelaine. Plutôt que de s’en prendre aux Britanniques – pour des raisons bassement politiciennes et punitives –, elle ferait mieux de combattre la seule et véritable subversion culturelle à laquelle nous autres, Européens, sommes confrontés : celle des Américains. Faut-il rappeler que les productions américaines représentent 47 % des titres de films diffusés sur les chaînes télévisées européennes, et 68 % si l’on tient compte du nombre de diffusions pour chaque film ? Faut-il rappeler que les chaînes publiques ne diffusent que 44 % de films européens (et 24 % pour les chaînes privées) ?

Au Danemark et en Suède, le taux de diffusion des films européens à la télévision n'atteint pas 20 % tant le cinéma américain y est hégémonique.

On sait que la Commission européenne – non élue démocratiquement, rappelons-le – a été chargée d’étudier l’impact du soi-disant danger britannique pour la « diversité culturelle » ; nul doute qu’elle voudra donner du fouet… ou, du moins, porter atteinte aux dramas anglais qui, jusque-là, se finançaient en partie grâce à la prévente de leurs droits de diffusion à l’international.

Toujours est-il que le Royaume-Uni – nation « non européenne » – demeure le plus grand producteur en Europe de programmes cinématographiques et télévisés, n’en déplaise à nos dirigeants de l’Union européenne ; ce n’est pas demain que cela changera.

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02 juillet 2021 à 10:00

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