Voter : un luxe ?

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Triste bilan pour la démocratie. Le sujet est sur toutes les chaînes : « Pourquoi un tel niveau d’abstention ? »

La réponse est souvent la même : « la perte de confiance dans les politiques ». Depuis des décennies, à s’acharner à vouloir déplaire le moins possible, on finit par ne plus plaire à personne. Or, sans excitation ou sans désir, mieux vaut s’abstenir.

Soyons clairs : le personnel politique ne fait plus preuve ni d’imagination ni de courage. Pour susciter de l’intérêt, sans provoquer la moindre petite poussée d’adrénaline, comment intéresser le citoyen ? Et chacun d’attendre, comme Pénélope, un miracle de la Providence.

En contrepartie des faiblesses de nos politiques, qu’on voudrait responsables de tous nos maux, il convient cependant de mettre en lumière un acteur clé : le citoyen. On l’a vu, il souhaite des politiques lumineux et décidés. Mais il veut également participer, au fil des jours, à la vie publique. Pas seulement une fois tous les cinq ans, d’un bout de papier dans une boîte. Et là vient à l’esprit un modèle, tellement efficace qu’on se demande pourquoi il n’a jamais été réellement abordé par nos politiques, en l’occurrence le système des votations de nos amis suisses. Le dispositif consiste en des référendums, organisés à la demande d’un certain nombre de citoyens, par simple pétition. Ceci à l’échelle communale, cantonale ou même fédérale. En résumé, la moindre problématique d’intérêt public est traitée immédiatement. Si elle est votée, elle est appliquée illico, sinon, elle est classée à la verticale. Et chacun de respecter le résultat sans sourciller. Point de débats interminables, comme dans notre beau pays, durant des mois ou des années, ni à la télévision ni au Parlement. On passe à autre chose ! Résultat des courses : la Suisse est une vraie démocratie où les oppositions sont éphémères. En découle une vie politique le plus souvent consensuelle et constructive. Et donc une sérénité généralisée.

Mais, me direz-vous, cela ne règle pas le problème du vote, spécialement quand le choix est pour le moins rébarbatif. Mais si, et ceci pour la bonne raison que dans un système participatif en continu, les idées prennent nettement le dessus sur la personnalité des politiques. C’est tellement vrai que nos fameux voisins helvètes sont souvent très bien informés de l’action de leurs instances gouvernantes, avec de vraies lacunes quant à savoir le nom du personnel politique. Chez eux, l’ambiance n’est pas à la starisation mais à l’efficacité (même au football).

Aussi, si nous en avions le courage, nous pourrions révolutionner notre démocratie. Du même coup, avec cette gestion des grands sujets, plus saine et apaisée, il serait intéressant d’envisager simultanément le vote obligatoire. Je laisse aux spécialistes le soin de détailler le concept, pour pointer simplement tout l’intérêt de cette obligation, notamment celui de rendre une représentativité à nos élus, mais aussi de susciter, à l’échelle nationale, le sens de la responsabilité individuelle. Pas de cette responsabilité qui rend coupable, mais de celle qui donne cet élan qui nous manque tant. Certains évoqueront le libéralisme, mais on sait où nous a mené ce genre de comportement : à passer notre temps à saucissonner la vie politique de notre pays, en perdant toute vision globale au profit d’une guérilla incessante.

Le vote obligatoire et les votations, d’une simplicité enfantine à mettre en œuvre, représenteraient une véritable révolution dans les esprits et dans les faits. Quelle déception qu’aucun acteur politique de premier plan n’ait le courage d’aborder le sujet, sachant que nos élus seraient même les premiers bénéficiaires d’une telle évolution, en retrouvant tout le crédit de leurs idées, bien loin des polémiques stériles. On pourrait, d’ailleurs, suggérer une première votation à l’échelle nationale : « Pour ou contre le vote obligatoire ? »

Gageons que l’idée puisse être reprise dans la perspective de la présidentielle de 2022 !

Bertrand Mathieu
Bertrand Mathieu
Retraité du système bancaire (Tahiti, Nouvelle-Calédonie)

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