Quand le macronisme ressemble à un canular

Jean François-Poncet

Les militants LREM tenaient meeting, samedi 30 mars, pour le lancement de la campagne des européennes. À deux jours du 1er avril, il n’était pas concevable que le mouvement occulte cette date dédiée aux canulars. Après les diverses prestations humoristiques de Nathalie Loiseau, les macronistes se voyaient contraints de perpétuer l’état d’esprit branquignol insufflé par leur tête de liste.

Pour cette mission délicate, un dénommé Jean François-Poncet, petit-fils homonyme de l’ex-ministre des Affaires étrangères de Giscard, fut envoyé devant une caméra pour répondre à une interview au cours de laquelle il devait tenter de se faire passer pour un politique en devenir.

Manque de chance ou mauvais casting, la supercherie fut découverte après quelques secondes de visionnage. Le personnage a beau prendre des attitudes d’énarque fraîchement démoulé, se donner un mal de chien à employer des mots de technocrate, la farce ne fonctionne pas. L’élève est encore loin de son maître, dont l’imitation d’un chef d’État compétent réussit à faire illusion durant plusieurs mois.

Ce Jean François-Poncet là, pourtant âgé d’une vingtaine d’années, s’évertue à utiliser le langage et les postures de la génération de son grand-père. Le syndrome du macronisme se reconnaît à des corps jeunes desquels sort un discours de vieux. Ainsi, le jeune papy François-Poncet interprète un personnage politique dont le modèle semble tout droit sorti du grenier de l'UDF. Voyage dans le temps. Un giscardien surgit en 2019. Langue de bois première langue.

Au beau milieu de son festival de poncifs et de postures surjouées, l’ado sénile vante les mérites du progressisme. Diable ! Vient-il de découvrir le Minitel® ? L’aéroplane ? Le véritable progressisme du personnage est d’avoir eu deux jours d’avance sur le 1er avril. À l’avant-garde de la bonne blague. Et ce n’est pas rien. Dans la logique de la dégringolade Sarko-Hollande-Macron, le gars François-Poncet présente le profil idéal pour faire le quatrième. Le super candidat qui réussirait à faire regretter Macron ! Les « En marche ! » tiennent leur joker ! Un condensé des trois précédents.

Ce qu’il raconte n’a aucune importance. Sur le même ton, il pourrait réciter La Cigale et la Fourmi ou relancer l’appel du 18 juin… Rien ne serait audible. À moins que l’électeur ne soit encore en demande d’illusions. Ce qui n’est pas exclu.

Petit extrait pour le plaisir : « Aujourd’hui, l’une des grandes valeurs que porte le progressisme, c’est la vérité. » Affirmation plaisante lorsqu’elle émane d’un personnage chez qui tout sonne faux.

Après avoir affirmé que les classes pauvres et moyennes avaient vu leur niveau de vie baisser à cause des taxes, Jean François-Poncet de conclure : « Il va falloir le prendre avec optimisme. » Amis retraités dans le besoin, faites les poubelles, mais avec le sourire !

Enfin détendu, au terme de l’interview, Jean François-Poncet esquisse un sourire des plus charmants et naturels… Une seconde d’authenticité à saisir au vol. Sa prochaine mission consistera à trouver en lui-même détente et progressisme. Un quinquennat n’y suffira pas.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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